Tropaeolum tuberosum - Capucine tubéreuse, Cubio
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    Tropaeolum tuberosum en novembre sous serre
    FarOutFlora © Flickr
    Nom commun : Capucine tubéreuse, localement en espagnol 'Zapallo (citrouille), Marica, Amaria, papa amarga', en quechua 'Mashwa ( Mashua ), au Pérou 'Añu', Isaño, en Colombie 'Cubio' sur le plateau andin dans la région du Lac Titicaca 'apilla, isaño, mishwa' et par les anglophones 'Mah-shwuh, Mashua, Mashua Tubers '.
    Nom latin : Tropaeolum tuberosum Ruiz & Pav*, synonymes retenus Tropaeolum mucronatum Meyen, Trophaeum denticulatum Kuntze*, Trophaeum tuberosus (Ruiz & Pav.) Kuntze, Tropaeolum tuberosum subsp. tuberosum
    famille : Tropaeolaceae.
    catégorie : vivace tubéreuse, aux tiges succulentes et tubercules blanches ou jaunes, de 10 cm à 30 cm de long, selon la variété.
    port : dressé, ramifié, emmêlé.
    feuilles : persistant, vert clair à vert émeraude, pruineux, l'eau perle dessus. Feuilles à 3 ou 5 lobes arrondis avec un côté presque rectiligne.
    floraison : au coeur de l'été, longue de juin jusqu'en octobre, nectarifère et pollinifère, visitée par les abeilles, les colibris et par les papillons et d'autres insectes.
    couleur : mandarine à orange plus ou moins foncé aux veinules plus sombres, 8 étamines aux anthères bifides jaunes d'or, calice à éperon plus foncé, couleur clémentine.
    fruits : de juin à octobre des tubercules pyriformes boursouflés, lire en bas de page la description qui accompagne l'illustration ci-dessous, publiée dans Flore des serres de janvier 1848.
    croissance : moyenne.
    hauteur : 2.m à 3.60 m en tous sens.
    plantation : au printemps pour une culture potagère, espacer les rangs de 80 cm.
    multiplication : par semis, dans un substrat maintenu humide, à une température qui avoisine 15 °C, guère plus, car, cela inhiberait la germination ; enfouir les graines entre 5 et 7,5 cm de profondeur, mais le résultat ne sera pas identique à l'espèce type et les tubercules sont positionnés à horizontale ou portion de tubercule ayant au moins 2 yeux. Attention aux longues racines, lors de la transplantation. Également par boutures qui développent des racines en 4 à 6 semaines.
    sol : naturellement tous, même pauvre, excepté le calcaire qu'il n'aime guère, lui choisir un léger acide ou neutre (pH 5.3/7.5, riche en humus, frais, humide, mais bien drainé.
    culture en pot : peut se cultiver dans des potées, que l'on rentre l'hiver en serre froide à 10 °C.
    emplacement : soleil, mi-ombre l'après-midi, elle a besoin d'au moins 6 heures d'ensoleillement, pour bien fleurir, comme les clématites, avec le pied à l'ombre, la tête au soleil, à l'abri des vents desséchants.
    Il a été constaté qu'elles ont besoin de 12 heures par jour ou moins, pour tubériser et que sa culture nécessite entre 700 et 1 600 mm de pluie.
    zone de rusticité : 7 - 9, U-K hardiness H3, USDA zones 7a-10b, ne tolère ni la sécheresse ni les grosses chaleurs, cultivée à des températures moyennes de 11 ° C et 27° C, les espèces sauvages qui prospèrent par temps nuageux et brumeux vers 4 300 m, tolère très bien le gel.
    origine : dans les zones broussailleuses et boisées dans les vallées et sur les versants andins, entre 2 400 et 4 300 m de la Colombie, Bolivie, Équateur et jusqu'au Pérou, aujourd'hui le cubio est cultivé de la Colombie à l'Argentine
    consulter la carte de Amérique du Sud.
    Ce sont Hipólito Ruiz López et José Antonio Pavón y Jiménez, qui en font la description, et la publie dans "Flora Peruviana, et Chilensis" 3: 77, t. 314, en 1802.
    A été introduit en Europe, vers 1827, pour y être cultivée comme plante ornementale et introduite à des fins potagères, sans succès en Nouvelle-Zélande.
    entretien : ne pas oublier de l'arroser et retirer les feuilles desséchées, supporte très bien d'être rabattue, cela favorise, la ramification.
    maladies et ravageurs : une vraie gourmandise pour les cervidés et elle est fréquemment sujette aux pucerons noirs (black aphids), c'est aussi la plante hôte de la chenille de la piéride blanche du chou Pieris brassicae (cabbage white caterpillars) qui peuvent causer des dommages considérables au feuillage.
    Très résistante aux maladies et aux ravageurs, car elle contient, des composés bactéricides, insecticides et nématocides, ce qui fait que dans les Andes, elle est plantée pour être consommée, mais aussi pour servir de barrière végétale, pour les autres plantations de tubercules vivrières, notamment les patates, l'ancestrale et prisé ruba ou olluco (Ullucus tuberosus) et l'Oca du Pérou ou Ibia (Oxalis tuberosa), qui, est sa plante compagnon, les deux ont une forte teneur en principes actifs, comme les isothiocyanates, qui agissent comme des répulsifs sur leurs prédateurs.
    Elle ne commence à développer des tubercules que vers la fin du mois de septembre, lorsque la durée du jour, est de 12 à 13 h, car il a été constaté, qu'elle avait des dépendances photopériodiques, donc qu'après l'équinoxe d'automne et d'autre part, les tubercules sont particulièrement vulnérables à la déshydratation, à conserver au frais et à l'ombre comme les anciennes racines.
    Les tubercules, par contre, sont sensibles à la gale poudreuse des pommes de terre, provoquée par un champignon Spongospora subterranea., consulter à son sujet la fiche de Inra.
    Tropaeolum tuberosum
on Amicia zygomeris octobre 2014 Brighton plants
    Brighton plants © Flickr
    NB : son nom Tropaeolum lui a été donné par Linné, mot venant du grec 'tropaion' qui signifie trophée, petit trophée, faisant référence à l'antique coutume des Grecs, qui avaient l'habitude de ramener chez eux casque et bouclier des ennemis vaincus, pour suspendre sur un arbre leurs trophées, et la forme des feuilles est semblable à celle d'un bouclier et celle de l'éperon des fleurs, qui rappelle la forme d'un casque.
    et son nom spécifique tuberosus signifie tubéreux.
    Cette capucine tubéreuse a sa place au jardin, le long des murets, contre un mur, à l'arrière des massifs et mixed-borders, en couvre-sol, sur un talus pour y supplanter et supprimer les mauvaises herbes, ou encore tout simplement des potées et des suspensions, pour illuminer balcons, patios et terrasses.
    Ce genre comprenait 199 noms d'espèces référencés, après révision, en 2012, seulement 74 noms ont été retenus et 71 autres sont considérés juste comme étant des synonymes et 54 autres noms demeurent toujours non résolus, à ce jour.
    Parmi les cultivars, citons :
    - Tropaeolum tuberosum 'Hahamish' et 'Suqualus, à floraison orange précoce courant août-septembre.
    - Tropaeolum tuberosum 'Ken Aslet', une variété à tubercules précoces.
    - Tropaeolum tuberosum 'Puca-añu', floraison aux pétales rouges.
    Propriétés et utilisations :
    Dans ces régions andines, depuis des siècles, les petits tubercules jaunes ou violets, à saveur poivrée appelés Mashuas, sont l'aliment de base, consommé bouilli, cuit au four, frit ou séché, entrant dans la préparation de soupes, ragoûts, rôtis dans du jus et bien d'autres mets, ainsi que des desserts ; feuilles et fleurs à saveur anisée et les bourgeons floraux sont aussi consommés sous forme de salade ou cuits, préparés comme un légume d'accompagnement, et le feuillage, sert à nourrir le bétail.
    Les tubercules de Mashua sont riches en vitamine C (plus qu'une orange) et en protéines, mais ils contiennent une grande quantité de glucosinolates (huiles de moutarde qui font qu'elles ne peuvent être consommées crues) ils sont récoltés vers la mi-novembre. Selon la variété, de nos jours, ils peuvent être blancs, jaunes, rouges ou violets pour certains, ils auraient la saveur d'un chou et les parties vertes ont le même goût que les feuilles de moutarde. La production par plant, toujours selon la variété, est de 2 kg à 7 kg, mais sous climat chaud, ils sont moindres.
    Dans la croyance populaire andine, ils ont la réputation d'inhiber l'activité sexuelle chez les hommes, ce serait la présence de présence d'isothiocyanates qui diminue le taux de testostérone et ont des propriétés antibiotiques et insecticides. Dans les médecines traditionnelles andines, ils sont réputés traiter les troubles rénaux, ainsi que, ceux de la prostate, ainsi que les éruptions cutanées et ils sont prescrits pour traiter les problèmes hépatiques. Une consommation régulière protégerait contre certains types de cancer.
    Des études ont confirmé, ses propriétés antibiotiques, qui ont des effets sur Candida albicans, Escherichia coli et Staphylococcus albus, ainsi que des propriétés diurétiques, insecticides et nématicides.
    Ouvrage à lire :
    En espagnol, sur les tubercules andins : "Tubérculos andinos conservaciôn y uso desde una perspectiva agroecolôgica" par Clavijo Ponce, Neidy Lorena, Editorial Pontificia Universidad Javeriana, Bogota - Colombie 2014, consultable en ligne sur Archive.org.
    Tropaeolum tuberosum
on Amicia zygomeris octobre 2014 Brighton plants
    Flore des serres 1849
    illustration : dans "Flore des serres et des jardins de l'Europe, ou Descriptions et figures des plantes les plus rares et les plus méritantes, rédigée par M. Ch. Lemaire,M. Scheidweiler et M. L. Van Houtte, publié le 1 janvier 1848, consultable à la Bnf
    Texte de Louis Van Houtte qui accompagne cette illustration :
    "Le tubercule principal du Tropaeolum tuberosum se présente comme un corps piriforme ou presque sphérique, atténué à sa base, où persistent les restes du filet radiciforme par lequel il tenait primitivement à la plante mère, (en supposant que le tubercule n'appartient pas à une plante levée de graines, l'année même où se fait l'observation). Sa grosseur varie entre celle d'une châtaigne et celle d'une poire de moyenne dimension.

    Son épiderme mince et lisse est d'un jaune pâle, agréablement bigarré de taches sanguines. Sa surface offre des mamelons peu saillants, dont la partie supérieure est creusée d'une dépression transversale. L'arête qui limite cette dernière, présente, à chacune de ses deux extrémités latérales, un petit denticule triangulaire, membraneux et sphacélé, et sur son milieu un denticule semblable, mais souvent oblitéré. Un peu de réflexion suffit pour faire reconnaître dans la dépression, l'aisselle d'une feuille rudimentaire, dans le mamelon, la base renflée d'un rudiment de pétiole, dans le petit denticule intermédiaire, l'indice d'une lame de feuille, dont les stipules sont clairement représentées par les deux denticules latéraux. D'ailleurs les mamelons sont disposés sur le tubercule, non pas au hasard et sans ordre, mais suivant une spirale bien définie (nous regrettons de n'avoir pu déterminer cette dernière d'une manière assez positive pour oser l'indiquer d'après les formules convenues). Enfin, c'est du fond de ces dépressions, c'est-à-dire de l'aisselle des feuilles rudimentaires, que naissent les jeunes tubercules, absolument comme les bourgeons ou les bulbilles sortent de l'aisselle des feuilles d'un rameau.

    Tous ces caractères réunis ne laissent aucun doute sur la nature caulinaire des tubercules du T. tuberosum. (Et l'analogie permet d'étendre la conclusion à toutes les espèces tubéreuses du genre.) Ces tubercules, de même que ceux de la Pomme de terre, et de certains Oxalis, sont donc des tiges ou des rameaux renflés et gorgés de fécule.

    En mentionnant ci-dessus le goût particulier de toutes les parties des Tropaeolum, nous avons implicitement indiqué celui des tubercules du T. tuberosum. Seulement, pour l'usage culinaire de ces derniers, on diminue par la cuisson la saveur par trop piquante qu'ils possèdent dans leur état naturel. Cueillis jeunes, on peut les employer crus comme assaisonnement de salades, ou confits dans le vinaigre, à la manière des cornichons, dont ils ont presque le goût.

    C'est aux Péruviens (Espagnols) que l'Europe doit la connaissance des usages que nous venons de signaler. Le Tropaeolum tuberosum est pour eux un aliment habituel, comme le Tropaeolum edule l'est pour les habitants du Chili. La culture de l'une et de l'autre espèce mérite d'être plus répandue en Europe qu'elle ne l'a été jusqu'ici.

    Nous terminerons cet article par une observation applicable à toutes les espèces et à toutes les parties des Tropaeolum ; c'est que leurs vertus médicales, comme antiscorbutiques, doivent, selon les règles de l'analogie, être aussi puissantes que celles du Cochlearia et des Crucifères les plus renommées sous ce point de vue.
    Rien de plus simple que la culture du Tropaeolum tuberosum. Il suffit, eu effet, de lui appliquer le traitement banal de la Pomme de terre, et de le multiplier, comme cette dernière, par les jeunes tubercules qui naissent chaque année du tubercule principal. Il va sans dire que ces tubercules doivent passer l'hiver, à sec et à nu, sur les tablettes de la serre froide," page 452, tome de 1845, consultable à la Bnf.
    Dans l'abécédaire, consulter la liste des autres espèces grimpantes présentes dans l'Encyclopédie.

    Annotations :
    *Kuntze, abréviation botanique pour le botaniste allemand Carl Ernst Otto Kuntze (1843-1907) qui voyage à travers le monde collectant des milliers d'espèces, il est le grand réformateur de la nomenclature botanique 'Nomenclaturae botanicae codex brevis maturus, sensu codicis emendati aux Lois de la nomenclature botanique de Paris de 1867 ; Linguis internationalibus: anglica, gallica, germanica quoad nomina latina, édité en 1903.

    *Ruiz & Pav., abréviation pour Hipólito Ruiz Lopez (1754-1815), pharmacien-botaniste castillan, spécialiste des plantes médicinales, qui, à bord du Péruvien 'El Peruano', responsable de l'expédition scientifique afin d'établir un monopole pharmaceutique sur les plantes sud-américaines, explorant les provinces côtières du Pérou puis du Chili entre avril 1777 et 1788 avec sous ses ordres le botaniste extremadurien José Antonio Pavón y Jiménez (1754-1844) et le médecin-botaniste français Joseph Dombey (1742-1794) qui durant ces années collectent des graines et constituent des herbiers qui hélas ne parvinrent que partiellement au jardin botanique de Madrid.
    natacha mauric© 21/08/2020 ® Jardin! L'Encyclopédie
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