Ludwigia peploides - Jussie rampante
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    Neal Kramer 2007 © University of Berkeley
    Nom commun : Jussie rampante, Jussie rouge, Ludwigie, nommé par les anglophones 'Floating Primrose-willow ,Primrose willow, Primrose Creeper'.
    Nom latin : Ludwigia peploides (Kunth) P.H. Raven,* synonymes Ludwigia diffusa Greene*, Ludwigia clavellina M. Gómez & Molinet, Ludwigia adscendens var. peploides (Kunth) H. Hara, Jussiaea repens L., Jussiaea peploides Kunth,
    famille : Onagraceae.
    catégorie : vivace aquatique amphibie, envahissante aux racines profondément ancrées dans le sol.
    port : étalé, rampant, flottant.
    feuillage : semi-persistant, vert foncé, brillant légèrement poilu, revers rougeâtre. Sur des tiges anguleuses rougeâtres, feuilles ( 8 à 10 cm) alternes, simples, ovales à lancéolées pourvues d'un très court pétiole, nervure centrale nettement marquée, bord légèrement ondulé. Les feuilles développent dans l'eau des racines adventices, spongieuses blanches qui jouent provisoirement le rôle de flotteurs en attendant de s'enraciner ailleurs.
    floraison : de l' été à l'automne (juillet à octobre), sous climat approprié elle peut fleurir une bonne partie de l'année. Fleurs axillaires, solitaires, pédicillées à calice velu formé de 5 sépales aigus, 5 pétales brillants, veinés, effilés en pointe, 10 étamines entourant un style un peu plus grand.
    fruits : capsules cylindriques velus à valves contenant de nombreuses graines.
    couleur : jaune vif parfois la base du pétale est tachetée d'orange.
    croissance : très rapide lorsqu'elle atteint la surface de l'eau, grâce à l'azote contenu dans l'eau, elle peut doubler sa biomasse en une quinzaine de jours.
    hauteur : 0.40 à 0.60m au dessus de la surface de l'eau, les tiges immergées peuvent faire plusieurs mètres.
    multiplication : fragmentation naturelle des stolons, par semis, par bouturage de tiges. Attention, il ne faut pas s'en débarrasser dans les décharges, ni dans les cours d'eau (d'avance, merci aux aquariophiles), ni les mettre à composter, il faut les brûler (l'incinération semble être le seul moyen valable pour être certain de l'éliminer).
    sol : acide ou neutre ou alcalin, soit au bord de l'eau en terrain très humide, soit dans l'eau dans des paniers immergés, ou même en support inerte (aquariums). Elle tolère parfaitement la pollution par les nitrates et les phosphates, elle semble adaptée à des périodes de sécheresse.
    emplacement : lumineux, soleil ou mi-ombre.
    zone : 5-11. Sensible au gel tout du moins en surface.
    origine : Amérique du Sud en zones marécageuses, le longs des cours d'eau, dans les pâturages humides, introduite puis naturalisée en Amérique du Nord, Afrique, Australie, Europe (Belgique (1995 ), largement répandue en France, Espagne, Italie, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni et Suisse - depuis 2002),..
    entretien: il est préférable de ne pas l'utiliser comme plante d'ornement pour vos bassins, car son mode de reproduction et les risques de propagation incontrôlable peuvent porter préjudice à la conservation de la biodiversité.
    A l'heure actuelle, l'arrachage manuelle répété semble être une des solutions retenues avec pour les cours d'eau la pose de filtres pour récupérer les fragments de tiges et pour les étendues d'eau un assèchement prolongé. L'utilisation d'herbicide n'est pas recommandé car inefficace pour l'instant. Vous pouvez vous rapprocher des Conservatoires régionaux, des Agences régionales pour l'environnement, des Directions régionales de l'environnement, de l'Agence Méditerranéenne de l'Environnement (qui par ailleurs a lancé un dispositif régional sur les espèces envahissantes*) ou des Agences de l'eau. Dans certains cas, des aides financiers peuvent être apportés par les Conseils Généraux ( exemple en Pays de Loire)
    NB : comme pour beaucoup de plantes aquatiques, Linné a dédié ce genre à un homme, en l'occurrence le botaniste-physicien allemand Christian Gottlieb Ludwig (1709-1773) qui enseignât la médecine à Leipzig; durant plusieurs années ils échangèrent une dense correspondance sur le système de classification des genres et peploides vient du grec 'peplon' qui signifie 'péplum, tunique' faisant certainement référence à son pouvoir couvrant. Le synonyme Jussiaea, est dédié au botaniste français Bernard de Jussieu (1699-1776).
    Ludwigia fut introduite en Europe dans le courant du 19e siècle. Vers 1820, en provenance du Brésil, Ludwigia grandiflora est apparue pour la première fois au jardin des Plantes de Montpellier. Quelques années plus tard, elle a été volontairement introduite (à cette époque, les botanistes qui réussissaient à acclimater des espèces étaient récompensés) sur les rives du Lez, qu'elle a rapidement colonisé ainsi que les roubines languedociennes, avant de se disperser dans tout le grand sud (de la Camargue à la Charente- Maritime) avec des intrusions dans la vallée du Rhône, la vallée de la Loire, l'est et le nord sur la façade atlantique.
    Le genre est maintenant considéré dans de nombreux pays comme une véritable peste végétale, la culture et la vente en sont même strictement interdites.
    Pour l'instant en France, il n'existe aucune mesure réglementaire visant à les interdire ou les limiter.
    Depuis une trentaine d'années, son extension est surveillée, cartographiée et depuis une dizaine d'années, au Irstea (anciennement Cemagref), l'hydrobiologiste Alain Dutartre étudie ces Jussies qui perturbent gravement l'équilibre des zones qu'elles colonisent rapidement, formant des herbiers impénétrables, posant de sérieux problèmes aux systèmes d'irrigations, entravant dans les canaux, la circulation fluvial, altérant la qualité de l'eau, accélérant l'envasement, modifiant ainsi la biodiversité végétale et animale entraînant la disparition d'espèces de poissons et d'oiseaux d'eau dans les zones infectées.
    Lire : article de la RHS 'The naturalised species of Ludwigia in Britain' - RHS project team Steven Heaton, Alastair Culham (University of Reading) and James Armitage, 01/02/2009, pdf.
    Propriétés et utilisations:
    Dans les pharmacopées traditionnelles notamment en Afrique certaines d'entre elles sont réputées pour leurs propriétés médicinales :
    - Ludwigia prostrata Roxb. qui est utilisée pour traiter le paludisme, la syphilis, les gastro-entérites (feuilles) et les hépatites (racines).
    - Ludwigia octovalvis (Jacq. ) P.H.Raven, synonyme Oenothera octovalvis Jacq. est employée comme antibactérien, anti-inflammatoire et comme vermifuge.
    - Ludwigia palustris (L.) Elliot est prescrite pour traiter l'asthme et la tuberculose.
    Autres espèces ou sous espèces introduites en France figurant parmi les invasives :
    - Ludwigia peploides var. montevidensis( Spreng.) Shinners, synonymes Jussiaea montevidensis Spreng., Jussiaea repens var. montevidensis (Spreng.) Munz.
    - Ludwigia grandiflora (Michx) Greuter & Burdet, synonymes Jussiaea grandiflora Michaux, Jussiaea michauxiana Fern., Jussiaea uruguayensisCambess. Hara, appelé Jussie ou Ludwigie à grandes fleurs parfois Oenothère aquatique. Elle figure dans la liste des plantes invasives et envahissantes en Lorraine.
    Ludwigia grandiflora © Michel Lamarlère
    - Ludwigia grandiflora subsp. hexapetala G.L. Nesom & J.T. Kartesz.
    - Ludwigia palustris (L.) Elliott, nommée Isnardie des marais, qui elle ne fait pas partie de la liste des invasives.

    Dans l'abécédaire, consulter la liste des autres espèces aquatiques ou semi-aquatiques présentes dans l'Encyclopédie

    Annotations :
    *espèces envahissantes, L'Agence Méditerranéenne de l'Environnement du Languedoc-Roussillon (AME) et l'Agence Régionale Pour l'Environnement de Provence-Alpes-Côte d'Azur se sont associées au Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles pour mettre en place un dispositif régional et européen sur les plantes envahissantes; en juillet 2003 l'AME a réalisé des fiches sur les plantes envahissantes de la région méditerranéenne, télécharger le fichier format pdf (2.13Mo).

    *Greene, abréviation botanique pour le botaniste américain Edward Lee Greene (1843-1915), professeur de botanique à l'Université de Californie de 1885 à 1895, et par la suite au Smithsonian, Musée et Institution de recherche scientifique.
    C'est le premier botaniste à collecter des plantes sur l'île de San Miguel à l'ouest de l'archipel des Channel Islands de Californie et sur la plus grande d'entre elles, celle de Santa Cruz.
    Sur les 320 espèces qu'il rapporte, 20 d'entre elles sont de nouvelles espèces dont deux espèces endémiques à ces îles, elles lui ont été dédiées sous les noms de Dudleya greenei, Helianthemum greenei.
    Par la suite il rédige un article sur "Santa Cruz Island" dans le West American Scientist de 1886 et "Notes on the Botany of Santa Cruz Island" publiées dans le bulletin scientifique de l'Académie de Californie de 1887 suivi de "A Botanical Excursion to the Island of San Miguel in Pittonia" édité en 1887-89, consultable en ligne à la BHL (The Biodiversity Heritage Library).

    *P.H. Raven, abréviation botanique pour le botaniste et écologiste américain Peter Hamilton Raven (1936- ), le spécialiste des Onagraceae, nommé directeur du Mobot de 1971 à 2011, le Jardin botanique du Missouri (Shaw's Garden fondé en 1859 par le botaniste Henry Shaw) à Saint-Louis.
    natacha mauric © 07/04/2001 ® Jardin ! L'Encyclopédie
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