Monarda didyma - Monarde pourpre
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    Nom commun : Monarde pourpre, Monarde didyme, Thé d'Oswego, nommé par les anglophones 'Scarlet beebalm', 'Oswego-tea', 'Purple Bergamot, Beebalm'.
    Nom latin : Monarda didyma  L.*, synonymes Monarda coccinea  Michx.*Monarda contorta C.Morren, Monarda didyma var. angustifolia Torr., Monarda kalmiana Pursh, Monarda oswegoensis W.Barton, Monarda purpurascens Wender. Monarda purpurea Lam.
    famille : Lamiaceae.
    catégorie : vivace aromatique, herbacée, aux tiges anguleuses, souche rameuse et racines filamenteuses.
    feuillage : caduc, aromatique, dégageant lorsqu'on le froisse une odeur rappelant celui des menthes, vert franc à vert foncé, revers légèrement poilu. Feuilles opposées, ovales à lancéolées à marge en dents de scie, base arrondie de part et d'autre d'un court pétiole.
    port : dressé, rectiligne.
    floraison : longue de la fin du printemps à la fin de l'été, courant juin à octobre et plus selon climat, nectarifère et mellifère, visitée par les oiseaux-mouches, les papillons et les abeilles.
    Fleurs terminales, ou verticilles axillaires, dressées formant une couronne évasée, cernée de bractées linéaires à lancéolées, corolle tubuleuse bilabiée, lèvre supérieure étroite, l'inférieure plus large est trilobée, long style bifide filiforme et saillant, 2 longues étamines et en fond de gorge, 2 étamines rudimentaires, calice cylindrique strié à 5 dents.
    couleur : rouge vif, bractées rougeâtres.
    fruits : akènes à 4 divisions contenant à chaque fois 1 graine.
    croissance : moyenne.
    hauteur : 0,60 à 1 m, Ø 45 à 50 cm.
    plantation : une préférence pour le début de l'automne pour lui laisser ainsi le temps de s'installer. Une exception, sous climat trop pluvieux, attendre le printemps.
    multiplication : par semis à 20°C courant février, compter 2 à 3 semaines pour la levée, repiquage en place 2 mois après, division des touffes, éclats de souche, prélèvement de rejets à l'automne ou au printemps selon climat.
    sol : léger, riche en humus, frais, mais bien drainé, additionné de sable. Déteste les sols trop lourds, argileux et détrempés et ceux trop secs en été.
    exposition : soleil léger ou mi-ombre lumineuse.
    zone : 4-10, U-K hardiness H7, USDA zones 4a-9, redoute la sécheresse prolongée, parfaitement adaptée à la pollution atmosphérique.
    origine : berges des cours d'eau de l'Amérique septentrionale, au nord-est des États-Unis, du Maine jusqu'en Géorgie, du Minnesota jusqu'au Missouri, présente sur la côte ouest dans l'état de Washington et dans l'Oregon, consulter la carte de Amérique. Au Canada, dans les provinces du Québec, de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick, aujourd'hui naturalisé dans toute l'Europe.
    entretien : pour favoriser sa floraison, supprimer les fleurs fanées, effectuer un apport de matière organique au printemps ou à l'automne, mettre un léger paillage (tonte ou compost) pour conserver la fraîcheur.
    Il est conseillé de ne les diviser que tous les 3 ou 4 ans pour lui conserver sa belle allure.
    maladies et parasites : sensible à l'oïdium, mais certaines nouvelles variétés présentes une excellente résistance, la Monarde est dédaignée par les cervidés.
    NB : son nom Monarda lui a été donné en souvenir du médecin, botaniste, pharmacologue sévillan Nicolás Monardes Alfaro* (1507-1588) qui en découvre les propriétés aromatiques, il est l'un des médecins de Philippe II d'Espagne (1527-1598), il fait partie de ces médecins européens qui mandatés par le Roi participèrent successivement à partir d'août 1492, aux 4 voyages de Christophe Colomb au Nouveau Monde pour y découvrir les plantes médicinales, leurs propriétés et leurs prescriptions dans les médecines traditionnelles, afin d'en faire le commerce avec les officines d'Europe. Il passe le reste de sa vie à les étudier, publiant 'Historia medicinal de las cosas que se traen de nuestras Indias Occidentales' (ou 'Historia medicinal de las cosas que se traen de nueva España' en 8 volumes, éd Séville, 1565).
    On lui doit la découverte du tabac*, de la coca, du baume du Pérou, dont il rédige le premier traité en 1565, ainsi que l'introduction sur les tables d'Europe du maïs, de l'ananas, de la patate douce, du piment et de de nombreux traités scientifiques. Il participe avec Garcia da Orta (Garcie du Jardin) et Cristovào da Costa (Christophe de La Coste) à la rédaction de la seconde partie de 'l'Histoire des Drogues espiceries*, et de certains médicaments simples qui naissent es Indes, tant orientales qu'Occidentales (deux parties), éd. Lyon par Jean Pichelotte, éditée bien après sa disparition en 1602.
    Son nom spécifique didyma 'didymus' vient du grec 'didumos' qui signifie jumeau, paire, double, faisant référence aux divinités grecques, les jumeaux Apollo et Artémis, c'est aussi le nom du temple Didymaion dédié à Apollon, qui est situé au sud-ouest de la Turquie, dans la région de Kusadasi. Ce genre après révision comprend 20 espèces de vivace et d'annuelles, toutes originaires de l'Amérique du nord.
    Un peu oubliée des jardiniers, cette belle échevelée a pourtant sa place dans les jardins au sol frais en été, entrant selon la taille dans la composition des massifs, des mixed-borders, des plates-bandes et parterres ou simplement dans des potées, apportant au coeur de l'été, une longue floraison élancée et parfumée. Attention lors de l'achat, les monardes annuelles existent, elles sont souvent confondues et/ou vendues pour des vivaces, idem lors de l'achat des semis.
    Parmi les nombreuses variétés, citons :
    - Monarda didyma 'Alba', ± 90 cm de haut, large couronne de fleurs étroites très effilées blanches, cercle centrale verdâtre, bractées lancéolées d'un blanc lavé sur le pourtour de vert clair.
    - Monarda didyma 'Fireball', denses et larges pompons échevelés de longues fleurs velues d'un rose soutenu à rose framboisé, de grandes feuilles poilues obovales très gaufrées à marge ondulée et crénelée.
    - Monarda didyma 'Jacob Clines', obtention américaine de Jean Cline (Géorgie) au moins 1,25 m de haut, pompons évasés de longues fleurs étroites d'un éclatant rouge cerise, bractées lancéolées d'un vert rougeâtre, feuillage elliptique vert clair. Excellente résistance aux maladies dont l'oïdium.
    - Monarda didyma 'Raspberry Wine', ± 80 cm de haut, au coeur de l'été, pompons évasés de longues fleurs d'un rouge framboise, courtes et larges bractées d'un vert framboisé. Excellente résistance aux maladies.
    - Monarda didyma 'Purple Rooster', ± 90 cm de haut, large couronne de fleurs étroites très effilées violet pourpre, cercle central violet très foncé, bractées lancéolées de même couleur lavé sur le pourtour de vert sur des tiges pourprées, feuillage vert soutenu très gaufré.
    - Monarda 'Beauty of Cobham', vivace à l'élégante floraison rose pâle cernée de larges bractées violettes ou vertes nervurées de violet.
    - Monarda 'Bergamo', attention, c'est une annuelle aux longues inflorescences verticillées de couleur violine ou zinzolin.
    - Monarda 'Blue Stocking', larges couronnes évasées de fleurs d'un mauve violet, courtes et larges bractées bigarrées de vert et violet mauve.
    - Monarda 'Cardinal', 'Kardinal', ± 90 cm de haut, longue floraison verticillée jusqu'à l'automne d'un rose indien pourpré, bractées de la même couleur lavé de vert, feuillage elliptique.
    - Monarda 'Cambridge Scarlet', ± 60 cm de haut, couronne très évasée aux fleurs étroites et effilées d'un rouge écarlate (comme la sauge ananas), courtes bractées rouges, marginées et lavées de vert assez acide. Hélas, selon climat, elle peut être sujette à l'oïdium.
    - Monarda 'Croftway Pink' large couronne de fleurs étroites très effilées d'un rose pourpre pâle, cercle centrale grenat, courtes bractées d'un vert pourpré.
    - Monarda 'Eugens Purple Velvet', ± 75 cm de haut, dès le mois de juin jusqu'en août, des fleurs de la couleur du bois d'amarante.
    - Monarda 'Gewitterwolke, entre le rose balai foncé et le violine.
    - Monarda 'Jacob Cline', 0.70 à plus de 1 m de haut, d'un éclatant rouge vermillon et des bractées vertes en pointe, progressivement rougeâtre.
    - Monarda 'Mahogany', ± 90 cm de haut, célèbre et recherchée pour ses longs verticilles couleur lie de vin, larges bractées de la même couleur marginé de vert.
    - Monarda 'Panorama Red Shades', ± 75 cm de haut, de gros capitules d'un très beau rouge sur un feuillage vert foncé, en abondance courant juillet-août.
    - Monarda 'Petite Delight', une variété compacte de 30 à 45 cm de haut au feuillage vert franc, gaufré et brillant, dense pompon de fleurs d'un rose indien, bractées d'un vert acide ponctuée légèrement de rose, recherchée pour sa résistance aux maladies.
    - Monarda 'Prairie Glow', ± 80 cm de haut, denses bouquets évasés, d'un rose indien, étroites bractées vert clair, feuillage vert clair elliptique au pétiole et début de nervure centrale rose.
    - Monarda 'Raspberry Wine', à fleurs rose indien foncé à violine, et des bractées d'un vert violacé.
    - Monarda 'Saxon Purple', à fleurs d'un beau rouge, et des bractées pourprées.
    - Monarda 'Schneewittchen' , ± 80 cm de haut, à capitules d'un blanc pur vert en coeur et des bractées vertes dès le mois de juillet jusqu'en septembre.
    - Monarda 'Scorpio' ou 'Scorpion' de grande taille, environ 1 m de haut, floraison en un dense bouquet d'un rouge groseille, larges bractées dans la même tonalité lavées ou marbrées de vert. Excellente résistance aux maladies dont l'oïdium.
    - Monarda 'Snow White' feuillage vert franc, bractées effilées vertes, fleurs d'un blanc pur tirant avec le temps au crème.
    - Monarda 'Sugar Lace', feuillage vert foncé, fleurs d'un rose bonbon plus foncé vers la base.
    Propriétés et utilisations :
    Le feuillage est utilisé pour aromatiser le thé, d'où son nom de Thé d'Oswego*.
    Autres espèces :
    - Monarda ciliata  Michx., Monarde ciliée, originaire de Virginie et Caroline, se distingue par des fleurs en épis cylindrique de 4 à 5 verticilles couleur lavande, pas mauve.
    - Monarda clinopodia L., synonymes Monarda allophylla Michx, Monarda fistulosa L. var. clinopodia (L.) Cooperr., Monarde clinopode, Monarde blanche, 'White bergamot', vivace herbacée originaire de l'est des États-Unis (20 états) du Missouri Michigan, du Vermont et Massachusetts jusqu'en Géorgie et Alabama, fleurs blanches lavées ou griffées de rose dragée sur le revers de la lèvre supérieure et dans la gorge, couronne de courtes mais larges bractées obovales d'un vert panaché de blanc au centre.
    - Monarda fistulosa L., Monarde velue, Monarde sauvage 'Wild bergamot', sous-arbrisseau vivace originaire de l'Amérique du Nord excepté Californie, Floride, Alaska et Yukon, floraison en bouquet évasée de fleurs velues d'un rose pâle à rose plus soutenu, courtes bractées vertes ou pourpré sur des tiges pourprées. Il existe deux sous-espèces. Elle fait partie de la pharmacopée amérindienne, pour traiter aussi fièvres, maux et problèmes respiratoires, son feuillage est également utilisé comme thé.
    - Monarda maritima (Cory) Correll, synonyme Monarda punctata L. var. maritima Cory, Monarde maritime, 'Seaside beebalm' endémique au Texas.
    - Monarda punctata Monarde ponctuée, originaire de Virginie où elle est nommée Horsemint, très élégante aux longues bractées rose pâle à rose magenta délavé, lavé de vert en pointe, petites fleurs jaune crème ponctué de pourpre.
    - Monarda purpurea Lam., synonyme Monarde pourpre, originaire de Virginie et Caroline, se distingue par des fleurs d'un pourpre foncé, en verticille.

    Annotations :
    *espiceries il n'y a pas de fautes dans ce titre, c'est en vieux français.
    *L., abréviation botanique pour le botaniste-naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), auparavant Carl Linnæus, médecin, à qui l'on doit la classification des végétaux, des minéraux et des animaux et la nomenclature binominale, basée sur la juxtaposition de deux mots en principe en latin, désignant le genre suivi du nom de l'espèce, c'est la base de la taxonomie et de la nomenclature internationale.
    Durant ses études de médecine, il entame la réalisation d'un herbier de la flore de Laponie qui sera suivi d'un ouvrage 'Flora lapponica'. A partir de 1741, il enseigne à l'Université d'Uppsala durant une année la médecine puis la botanique jusqu'en 1772, il est le fondateur de l'Académie des Sciences de Suède. Son herbier 'Linnean Herbarium', le plus riche de son époque ne contenait que 7000 plantes, est conservé au Musée national d'histoire naturelle de Stockholm.
    *Michx. , abréviation botanique pour l'agronome botaniste-explorateur français André Michaux (1746-1802), en 1785 il débarque sur territoire américain, mandaté par le gouvernement français d’inventorier les productions végétales, et d’expédier des plants ou des graines à Rambouillet pour les acclimater, afin de mener cette mission à terme il créé une pépinière près de New-York puis, plus tard, une seconde à Charleston, il a reçu de l'aide de la part des Bartram.
    Mais tout cela se passait pendant la période de la Révolution française (1789-1799) tant redoutée par les américains. Michaux est alors soupçonné d’être une sorte d’espion.
    En 1792 il débarque au Québec, ses ressources financières épuisées il quitté l'Amérique en 1796.
    Son herbier historique (collecté par lui-même) de la flore de l'Amérique du Nord composé de 2192 espèces, est conservé au Muséum National d'Histoire Naturelle, Paris. Mais, hélas il ne contient qu'une partie de ses collectes de la Flora boreali-americana, car sur le chemin du retour, il fait naufrage sur la côte néerlandaise, en causant la perte d'une partie de sa collection. A savoir, la rénovation de l'Herbier sur l'ensemble des collections botaniques entreprise en 2008, s'est achevée fin 2012.
    L'édition en 1803 de la première flore américaine 'Flora boreali-américana Flora boreali-americana, sistens caracteres plantarum quads in America septentrionali collegit et detexit' d'Andreas Michaux, réédité en 1820, a été en réalité rédigée par le botaniste français Louis-Claude Richard à partir de ses collectes et de ses travaux, elle demeure l'ouvrage de référence sur la flore américaine.
    *Monardes, Nicholas Monardes à ne pas confondre avec son contemporain sévillan Bautista (Baptista) Monardes, un médecin sévillan qui passa sa vie à s'opposer et à critiquer ses travaux et ses découvertes étant totalement opposé aux plantes exotiques, alors que dans le reste de l'Europe, il était considéré comme le père de la nouvelle pharmacie et médecine, ses ouvrages scientifiques furent traduits en latin par Charles de l'Ecluse (Clusius) puis traduits dans de nombreuses autres langues avec en 1602 une version en français. Disciple de Dioscoride, il s'opposa à la pharmacopée galénique issue des traités des médecins arabes, allant jusqu'à les attaquer et les accuser ouvertement d'être responsable de la décadence de la botanique.
    *tabac Nicotiana tabacum  avant d'en rédiger un traité en 1572, dans 'Historia medicinal' il en décrit les propriétés médicinales et la prescription pour une bonne trentaine de maladies principales, une plante qui eut les faveurs de Catherine de Médicis.
    *Oswago, nom d'une ville portuaire située dans l’État de New York et dans le comté d'Oswego, à l'embouchure d'une rivière du même nom sur le lac Ontario, où fut érigé par les britanniques le premier fort en 1722. Le nom dérive de l'iroquois 'osh-nou-geh' qui signifie embouchure de rivière.
    natacha mauric © 16.07.2002 ® Jardin! L'Encyclopédie
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