Rheum officinale  - Rhubarbe officinale
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    Rheum officinale
    ispb.univ-lyon1.fr © J. Reynaud
    Nom commun : Rhubarbe officinale, en chinois 'Yao yong da huang' qui signifie Rhubarbe médicinale, nommée par les anglophones 'Chinese Rhubarb, Turkey Rhubarb', en allemand 'Rhabarber', en espagnol et en portugais 'Ruibarbo', en italien 'Rabarbaro'.
    Nom latin : Rheum officinale Baill.*, pas de synonymes retenus.
    famille : Polygonaceae.
    catégorie : vivace rhizomateuse à souche épaisse à tiges côtelées.
    port : touffe érigée.
    feuillage non comestible : caduc, vert moyen, mou légèrement velouté sur le dessus, revers plus pâle et rugueux, aux nervures poilues.
    De grandes feuilles (+ ou - 70 cm) palmatiséquées à 5 lobes à marge ondulée.
    floraison : selon climat courant mai-juin et plus. De grandes panicules de minuscules fleurs étoilées à 6 tépales.
    couleur : blanc, blanc jaunâtre à verdâtre, rose, rouge pourpré.
    fructification : à la fin de l'été, des petits fruits ailés à graines brunâtres.
    croissance : moyenne.
    hauteur : 1 à 2 m et plus, selon l'espèce ou le cv.
    plantation : à l'automne ou au printemps en prenant soin selon la variété ou le cv de laisser entre les plants 1 m à 1.20 m de distance.
    Lors de la plantation, assurez-vous que les bourgeons ne sont que légèrement recouverts d'un peu de terre.
    multiplication : par semis en place à l'automne ou au printemps, après stratification au froid durant 2 mois, mais, surtout par division des souches, si la variété est bonne.
    sol : frais, humifère, riche, plutôt lourd.
    emplacement : soleil, mi-ombre quelques heures dans la journée.
    zone : 6b-9, U-K hardiness H5, USDA zones 6a-9, tolère jusqu'à -20 °C.
    emplacement : dans les forêts et sur les versants jusqu'à 4 000 m du sud-ouest de la Chine, dans la province du Yunnan, Séchouan, Shaanxi, Guizhou, au sud-ouest du Hénan et à l'ouest de l'Hubei ainsi que dans la province côtière du Fujian, au Tibet et en Sibérie.
    entretien : pour les variétés cultivées pour leur feuillage, couper les hampes florales dès leur formation.
    maladies et ravageurs : peut être sujet à la pourriture du collet, elle est fréquemment visitée par les limaces (slugs) et les escargots (snails).
    NB : son nom Rheum donné par Linné, vient du grec 'Rheuma' qui signifie couler, ainsi nommé, à cause de sa propriété diurétique et son nom commun Rhubarbe selon Pierre Larousse, "ce mot est une corruption du latin rhabarbarum. On disait aussi rhaponticum, et c'est de cette dernière forme que nous est venu le français rhapontic. La rhubarbe se tirait en premier lieu des rives de Volga, dont le nom indigène est Rha ; ce nom est probablement aryen et parait se rattacher à ru grande racine de mouvement ar, ri ou ru, restée vivante dans toutes les langues de la famille indo-européenne avec une foule de dérivés. Pour désigner la rhubarbe, on joignait au nom de ce fleuve l'épithète de barbarum, barbare. De rha, les Grecs ont aussi appelé la rhubarbe rheôn et les Latins rheunr; 1 épithète de ponticum dans rhaponticum se rapporte au Pont-Euxin. Les Allemands disent plus correctement rhabarber, les Italiens rheobarbaro et même barbaro tout court" page 1611, tome 13 du Grand dictionnaire universel du XIXe siècle par Pierre Larousse, édité de 1866 à 1875.
    Ce genre comprend une soixantaine d'espèces de vivaces rhizomateuses, originaires des zones subtropicales ou tempérées de l'Afrique, de l'Asie du sud-est jusqu'en Asie centrale, dans la chaîne de l'Himalaya, jusqu'en Iran, de la Sibérie et de l'Europe orientale.
    Les rhubarbes ont été importées dès l'époque grecque depuis la Sibérie et le centre de la Chine, puis largement naturalisée. Initialement, elle était cultivée dans les jardins de simples à des fins médicinales, car, depuis l'Antiquité, cette rhubarbe avait la réputation de soigner quasiment tous les maux, mais l'on sait, par les récits d'un jardinier, qu'en 1765, des espèces étaient cultivées pour confectionner avec les côtes comestibles des tartes.
    La signature du traité de Kiakhta, en 1727, entre la Russie impériale et la dynastie mandchoue des Qing, fixe la frontière sino-russe entre les deux parties de la Mongolie et l'est de la Sibérie a permis à la Russie tsariste d'ouvrir le commerce de la fourrure dans cette ville frontalière de Kyakhta et les caravanes russes ont été autorisées à se rendre à Pékin tous les trois ans, pour y charger le brun thé Bouy, du camphre, des soies, des nankins, de la porcelaine et la rhubarbe dont le commerce sera la source d'une guerre commerciale sino-russe avec le peuple Yi sous le règne de Quianlong et la Russie mettra en place une 'Commission de la rhubarbe de Kiakhta' pour y gérer les transactions de la rhubarbe. Les principaux produits du marché de Kyakhta sont la fourrure russe et le thé chinois, la soie, la rhubarbe et d'autres produits...
    Durant des siècles, les rhubarbes ont été rapportées du centre de la Chine, par les caravanes via la Tartarie jusqu'à Ormuz et Alep et de là, vers Alexandrie, puis l'Europe, c'était la rhubarbe du Levant qui par la suite, les navigateurs portugais* chargeaient à Canton. Longtemps la France recevait toujours à des fins médicinales, cette rhubarbe du Levant en provenance des Indes-Orientales.
    Les Rhubarbes cultivées en Europe et leurs origines :
    La classification des Rheum de Russie, d'Asie, par la botaniste russe Agnia Losina-Losinskaja*, lire l'article du botaniste Auguste Chevalier* dans le Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, année 1942, pp. 474-485, consultable chez Persée.
    Propriétés et utilisations :
    Chaque printemps, la rhubarbe apparait sur les étals des marchés, dès le mois de mars avec les nouveaux légumes, et selon la coutume présente jusqu'en juillet, et lors de la remonte courant septembre. Dans certaines régions, comme dans les cantons helvétiques, la tradition veut qu'elle ne soit consommée que jusqu'à la Saint-Jean, c'est-à-dire jusqu'au 24 juin, parce qu'avec le temps, la teneur en acide oxalique ne cesse d'augmenter et peut provoquer divers troubles, mais ailleurs, les nouvelles pousses sont récoltées et consommées jusqu'à la fin septembre.
    Les feuilles ne sont pas comestibles, car elles contiennent un taux élevé d'acide oxalique qui peut provoquer de graves troubles rénaux.
    Les rhizomes et les racines sont riches en rhéine, émodine, anthrocénosides et en tanins, elles sont récoltées tous les 4 ans, pour être utilisées réduites en poudre dans les pharmacopées traditionnelles et dans l'industrie pharmaceutique pour leur propriété antibiotique (rhéine), apéritive, stomachique et laxative, attention à forte dose, cela peut provoquer des nausées, des vertiges et des troubles intestinaux assez violents.
    Dans la médecine chinoise, 3 rhubarbes sont réputées depuis des millénaires sous le nom de 'Da-Huang' (3 espèces) et dans les autres pharmacopées traditionnelles, le jus des racines et rhizomes est surtout prescrit, comme un puissant laxatif et pour traiter les aphtes, les gingivites, apaiser les douleurs dentaires, les maux de ventre et la constipation occasionnelle.
    Tout en sachant que les racines de cette rhubarbe et d'autres comme Rheum palmatum, officinale, tanguticum contiennent des anthraquinones libres telles que l'émodine et la rhéine, qui peuvent causer des lésions hépatiques en interférant avec le métabolisme de la bilirubine ; elles peuvent également provoquer une mélanose du côlon et augmenter le risque de cancer du côlon.
    Les feuilles toxiques de cette rhubarbe étaient utilisées, bouillies dans de l'eau additionnée de savon noir, pour confectionner un insecticide pour le potager.
    Des variétés de rhubarbes sont cultivées au potager pour consommer les tiges (côtes) sous forme de compotes, confitures, confites pour confectionner tartes et crumbles, confiseries et sirops, entrant aussi dans la composition de farces pour les viandes, de sauces ou purées associée par exemple à des betteraves, des pommes, de la crème et de l'aneth pour accompagner les viandes rôties.
    Ce sont les horticulteurs anglais qui ont fait blanchir les jeunes pousses dans le but de les consommer comme le crambe maritime (chou marin).
    Quelques autres espèces ou cultivars :
    - Rheum x hybridum Murray, issue d'une ancienne hybridation vers 1775 entre Rheum rhabarbarum avec Rheum raphonticum, c'est la rhubarbe comestible qui est cultivée dans les jardins potagers, les tiges côtelées sont récoltées lorsqu'elles sont rouges.
    - Rheum x hybridum'Ace of Hearts' H 1,2 m au feuillage vert veiné de rouge et revers rouge, fleurs d'un blanc-rose.
    - Rheum alexandra Batalin, pas de synonyme retenu, une superbe rhubarbe de forme pyramidale, originaire de l'est de la région autonome du Tibet et du sud-ouest de la Chine, au nord-ouest de la province du Yunnan et à l'ouest du Séchouan, dans les montagnes de Hengduan, notamment, au bord des cours d'eau, une alpine menacée dans son milieu naturel avec les autres espèces alpines, de 0.40 à 0.80 m de haut, à la base 4 à 6 grandes feuilles ovales à ovale-elliptiques, d'un vert légèrement bleuté virant à au rouge orangé, celles sur la tige, sont plus petites et ainsi que des bractées de couleur jaune crème à plus soutenu, virant à l'automne au rouge orangé, comme les feuilles basale. Il faut bien choisir son emplacement, car son enracinement est profond, à partir d'un semis, la floraison a lieu vers la 3e année.
    La découvrir dans son milieu naturel au Séchouan Flickr en prenant le temps de feuilleter les pages de Pan Yang© qui la nomme 'Bäo yè dàhuàng'.
    Vous pouvez en découvrir des spécimens, dans le massif des Vosges au Jardin d'Altitude du Haut Chitelet.
    - Rheum nobile JD Hooker & Thomson, Rhubarbe noble, Rhubarbe du Sikkim, entre 4 000 et 4 800 m d'altitude, originaire de l'Afghanistan, Bhoutan, Inde où elle est nommée 'Padamacäla, Padamchal', Myanmar, au Népal, Pakistan et Sikkim, ainsi qu'au sud de la région autonome du Tibet, en chinois 'Da huang shu' qui signifie Tour jaune, faisant référence à son aspect pyramidale comme Rheum alexandra , de 1,5 m de haut, de grandes feuilles basales d'un vert foncé, sur les tiges, des feuilles plus petites et des bractées jaunes, floraison ramifiée crème.
    - Rheum rhabarbarum L., a des synonymes non résolus Rheum esculentum Salisb., Rheum rotundatum Stokes, Rheum sibiricum Pall., Rhabarbarum rhaponticum Moench.
    Dans la flore de Chine, elle a pour synonyme Rheum franzenbachii Münter, Rheum franzenbachii var. mongolium Münter, Rheum undulatum L., Rheum undulatum var. longifolium CY Cheng et TC Kao, en chinois nommée 'Bo ye da huang', originaire de Sibérie orientale, de la région autonome de la Mongolie intérieure et à l'extrême nord-est de la Chine, dans les provinces de l'Heilongjiang, Jilin et Shänxi (l'ancienne Mandchourie), dans la province de l'Hebei et plus au centre celle de l'Hubei entre 0.50 à 1.50 m de haut, courant juin, floraison d'un blanc verdâtre à blanc jaunâtre. Elle figure en bonne place dans la pharmacopée chinoise, consulter la carte.
    - Rheum rhabarbarum 'Canada Red', une variété canadienne avec 'Campbell', H 0.70 à 1,30 m, au feuillage vert foncé à côtes rouges assez courtes, floraison crème, fort appréciée par tous les amateurs de rhubarbe, photo ci-contre.
    Rhubarbe des jardins - Rheum hybridum - Rheum rhabarbarum 'Goliath', entre 1m et 1.70 en fleurs, une grande variété très douce et très savoureuse.
    - Rheum palmatum L., synonymes retenus Rheum potaninii Losinsk.*, Rheum qinlingense Y.K.Yang, D.K.Zhang & J.K.Wu, Rhabarbarum palmatum Moench, la Rhubarbe palmée, c'est celle qui longtemps a été appelée la Rhubarbe du commerce, en Chine c'est 'Zhâng yè dàhuàng' la Rhubarbe à feuilles de palmier, la Rhubarbe de Turquie 'Tü'êrqI dàhuàng', originaire de l'ouest de la Chine et de l'Himalaya, jusqu'à 4 000 m, c'est celle qui dans les siècles passés, que l'on recueillait, le long de la grande muraille pour l'expédier vers l'Europe, entre 2 à 2,5 m de haut, feuillage vert au revers rouge et des fleurs rouges, une fort belle espèce ornementale à introduire dans les massifs.
    Cette rhubarbe est également utilisée dans les pharmacopées pourses propriétés médicinales
    - Rheum palmatum 'Atrosanguineum' des bourgeons rouges, puis des feuilles rouges puis vertes sur le dessus, floraison d'un rose-rouge.
    - Rheum palmatum 'Bowles Crimson' au feuillage vert à taches rouges, fleurs rouges.
    - Rheum palmatum 'Tanguticum', commercialisée aussi sous Rheum palmatum var. tanguticum de grande taille avoisine les 2 m en tout sens, aux très grandes feuilles palmées d'un vert rougeâtre sur le dessus, puis pourpré, sur le revers d'un rouge soutenu, des inflorescences ramifiées courant juin-juillet, d'un beau rouge sanguin.
    - Rheum raphonticum L., la Rhubarbe rhapontic, Rhubarbe sauvage, originaire de l'Asie centrale, pour certains auteurs du Mont Rhodope de l'antique Scythie, dans les steppes qui s'étendent de la Volga jusqu'à la Mer Noire à l'est et le Danube au nord correspond à la Roumanie et Bulgarie, cultivée très tôt dans les jardins des couvents sous le nom de Rhubarbe des Moines, de petites fleurs d'un blanc jaunâtre, Dans son Encyclopédie théologique l'abbé Jacques-Paul Migne parte que l'on prétendait l'avoir trouvée sur le Mont-Dore en Auvergne et il pense qu'elle aurait certainement été confondue avec l'Oseille des Alpes Rumex alpinus, l'extrait de cette rhubarbe est utilisée en cosmétologie.

    - Rheum tanguticum (Maximowicz ex Regel) Maximowicz ex Balfour, certains botanistes la donne pour synonyme de Rheum palmatum, nommée 'Ji zhua da huang', originaires des hautes vallées entre 1 600 et 3 000 m dans la région autonome du Tibet et dans la province limitrophe du Ginghai, celle du Gansu et Shaanxi, ses racines sont jaunes, 1.50 à 2 m de haut, grandes feuilles basales palmées ovales-orbiculaires 40 à 60 cm très découpées et vertes, des inflorescences ramifiées d'un blanc crémeux.

    Dans l'abécédaire, consulter l'autre espèce de Rheum.

    Annotations :
    *Baill., abréviation botanique pour le botaniste et médecin français Henri Ernest Baillon (1827 - 1895), en 1894 Membre de la Royal Society, auteur de nombreux ouvrages dont le Dictionnaire de botanique, en 4 volumes 1876-1892, édité avec des gravures sur bois réalisées par Auguste Faguet, ainsi que l'Histoire des plantes en 13 volumes, édité de 1867 jusqu'en 1895.
    *Chevalier le botaniste, géographe et explorateur français Auguste Chevalier, Docteur ès-sciences en 1901, membre de l'Institut, élu en 1937 à l'Académie des sciences , de l'Académie des sciences d'Outre-mer et de l'Académie d'agriculture. Professeur titulaire de la chaire d'Agronomie coloniale, Muséum national d'histoire naturelle de 1929 jusqu'en 1946.
    Préparateur du laboratoire d'Agronomie coloniale de l'École pratique des Hautes études, au Muséum à partir de 1900, directeur de ce service en 1912. Fondateur de la Revue de Botanique appliquée et d'Agriculture coloniale en 1921, source Data BNF.
    *Losina-Losinskaja, botaniste, taxonomiste et dendrologue russe Agnia Sergeyevna Losina-Losinskaja (1903-1958), à l'Institut botanique de Saint-Pétersbourg, elle a été l'élève du célèbre Vladimir Leontievich Komarov (1869–1945), spécialiste de la flore du Kazakhstan, Azerbaïdjan et Tatarstan. Elle est l'auteur de plusieurs monographies dont celle sur les Fragaria et celle sur les Rheum (rhubarbe), suggérant que le genre avait deux centres d'origine principaux, elle a collaboré à la rédaction de plusieurs volumes de la Flore de l'URSS. Abréviation botanique officielle Losinsk.
    Portugais, lire dans Toung Pao volume 12, pages 483-543 "L'arrivée des Portugais en Chine" par l'historien, sinologue Henri Cordier publié en 1911 consultable en ligne à la BnF-Gallica.
    natacha mauric © 25/10/2020 ® Jardin! L'Encyclopédie
    --nmauric©25.10.2000 - ® par la Société des Gens de Lettres - Conformément aux conventions internationales relatives à la propriété intellectuelle, la reproduction électronique avec mise à la disposition du public et/ou l’exploitation commerciale sont expressément interdites.




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