Hacquetia, Sanicula epipactis - Hacquétie épipactis
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    Hacquetia epipactis in the Woodland Garden at Kew, spring 2011
    Kew Woodland Garden ©
    Nom commun : Hacquétie épipactis, ainsi citée par Pierre Larousse* en 1875 dans le Grand dictionnaire universel du XIX siècle, localement dans les Alpes Sanicle épipactis, nommée par les anglophones 'Broad-leaved sanicle', en allemand 'Schaftdolde' (Ombelle d'arbre), en croate 'Volujsko oko' (Oeil de Taureau*), en danois 'Värskaerm' (Ombre printanière), en italien 'Hacquezia, Elleborina' (elléborine), en norvégien 'Värskjerm' (écran de printemps), en polonais 'Cieszynianka wiosenna, czyli kwiat Cieszyna' ( source de Cieszynianka, fleur de Cieszyn (ville de Silésie), en slovène 'Tevje'.
    Nom latin : Hacquetia epipactis (Scop.*) DC. *, autrefois nommée Dondia epipactis (Scop.) Spreng.*, Dondisia epipactis (Scop.) Rchb., synonyme de Astrantia epipactis Scop.; et demeure non résolu en 2021 Sanicula epipactis E.H.L.Krause, (Sanicle) nom donné en 1904 et sous lequel elle était connue dans certaines flores, répertoriée et primée par la RHS*.
    famille : Apiaceae, dans certaines flores Ombelliferae.
    illustration : planche 4, dans Genera plantarum florae germanicae (1835-1860), de Nees von Esenbeck, volume 6, 1848, consultable en ligne sur Plantillustrations.
    catégorie : vivace herbacée forestière à courts rhizomes noueux à courtes écailles, traçant horizontalement, pourvus de racines fibreuses.
    port : dense et compacte formant une touffe arrondie.
    feuilles : caduc, feuillaison après la floraison, vert acide brillant, marge crénelée. Rosette de petites feuilles trilobées de ± 5 cm de long x 6 cm, à 3 folioles arrondis, parfois, refendus, sur une courte tige triangulaire, à la base, gaine foliaire membraneuse.
    floraison : au ras du sol, avant le feuillage, de la fin de l'hiver au milieu du printemps, de la mi-février jusqu'en mai-juin en Scandinavie, nectarifère et pollinifère, fort visitée par les abeilles, les bourdons, les papillons et bien d'autres insectes.
    Ombelle bombée de minuscules fleurs à corolle tubulaire à 5 court lobes retroussés, 6 étamines saillantes, aux anthères bifides et 2 styles dans un calice à lobes effilés, pourvu d'un court pédicelle, en dessous, un involucre à 5 ou 6 bractées foliaires obovales (2 à 3 cm x 1,5 cm) à marge en dents de scie irrégulières, sur un pédoncule rougeâtre.
    Les fleurs du centre et celles près de l'involucre sont des fleurs mâles, les autres sont hermaphrodites, voir détails photo.
    couleur : jaune d'or en coeur vert acide pour les bractées qui en la propriété de s'éclaircir, lorsque, les fleurs sont prêtes à être pollinisées, filament des étamines jaune d'or et des anthères d'un jaune plus pâle.
    fruits : en mai et juin, un diachène globuleux ovoïde strié à 5 côtes faiblement saillantes, noir à maturité, voir planche botanique bas de page.
    croissance : lente, elle n'aime pas être dérangée, compter au moins 2 ans pour son établissement.
    hauteur : 0.08 à 0.15 m Ø de + ou - 0.25 m.
    plantation : au printemps ou à l'automne.
    multiplication : par semis de graines fraîches en place à l'automne, ou par semis à froid (12 à 13 °C), après avoir conservé, les graines au froid, avant d'effectuer un semis de surface sur un substrat maintenu humide, compter pour la levée environ 6 mois, également par division à la fin de l'hiver avant l'apparition des bourgeons, ou par prélèvement de portions de rhizomes munis d'un oeil.
    sol : calcaire, fertile et humifère, frais, modérément humide.
    emplacement : soleil, mi- ombre, ombre légère.
    zone de rusticité : 5 - 8, U-K hardiness H4, USDA zone 4a-6b.
    origine : endémique aux régions alpines du sud-est de l'Europe dans les buissons, les forêts de feuillus et les forêts mixtes (aulne, charme, chêne sessile, hêtre et sapin) présente dans les Alpes orientales et l'est de l'arc alpin, ainsi qu'au nord-est de l'Italie à l'extrême-est du Frioul-Vénétie Julienne, dans la péninsule des Balkans, présent jusqu'au nord des Carpates, et jusqu'au sud de la Pologne notamment dans la région de la ville de Cieszyn où c'est une espèce protégée sur l'ensemble du territoire, consulter la carte de l'Europe.
    entretien : maintenir le substrat humide durant la période de croissance, prévoir pour la période estivale un bon paillis pour le maintenir humide.
    maladies et ravageurs : pour l'instant exempt de maladies et parasites, mais les jeunes pousses tendres sont convoitées par les escargots (snails) et les limaces (slugs).
    Hacquetia epipactis in the Woodland Garden at Kew, spring 2011.
    Kew Woodland Garden © 23 mars
    NB : son nom Hacquetia (Hacquétie) lui a été donné par le médecin botaniste belge Noël Martin Joseph de Necker (1730-1793), qui la dédie au médecin naturaliste d'origine français Balthasar (Belsazar Balthasar) de la Motte Hacquet (1739 -1815), qui poursuit ses études et exerce l'anatomie et les sciences naturelles en Autriche, il effectue des séjours dans les Alpes autrichiennes, au Tyrol et en Carinthie (au nord de la Slovénie).
    Il est le spécialiste de la flore slovène, il publie 'Plantae Alpinae Carniolicae' en 1782 à Vienne, ainsi que le récit de son voyage dans les Carpates', publié en 1796 à Nuremberg, et son nom spécifique epipactis donné par le botaniste flamand Matthias de Lobel*, est le nom d'une autre alpine, une orchidée terrestre, à feuilles généralement ovales aux nervures saillantes, qui pousse dans les pelouses et les bois clairs. Un nom féminin, venant du grec 'epipaktis' signifiant "renforcé, renfermé' faisant référence aux propriétés cicatrisantes et à celle de faire cailler le lait de certaines espèces d'elléborine, mises en avant par Dioscoride et Pline l'Ancien.
    Son autre nom Astrantia lui a été donné au Moyen-Âge, s'écrivant pour certains avec un 'a' et pour d'autres avec un 'e' Astrentia, mot venant du latin 'aster' qui désigne l'étoile, faisant référence à son involucre étoilé.
    Selon une légende polonaise, au XVIIe siècle, en Silésie, durant la guerre de trente ans (1618-1648), guerre de religion entre catholiques et protestants du Saint Empire, révolte des Tchèques protestants), le château de Cieszyn était occupé par des soldats suédois, l’un d’entre eux mourant avait émis une requête que la terre donnée par sa mère et qu’il portait dans un petit sac autour de son cou, soit versée sur sa sépulture. Sa demande fut approuvée et la terre répandue, des fleurs jaunes émergèrent du sol à cet endroit-là, cette ‘fleur de Cieszyn’ n'existe pas dans la flore suédoise, juste introduite dans les jardins ces dernières années.
    Longtemps cachée ou ignorée par les botanistes et les jardiniers de l'Europe, signalée depuis le 16e siècle par L'Obel et décrite tardivement en 1830, cette hacquétie s'introduit en couvre-sol au nord de l'Europe et dans les pays scandinaves. Signalée en 1898 dans Curtis's magazine comme étant cultivée depuis longtemps au jardin botanique de Kew et elle est en vogue dans les catalogues des années 1930 à 1938, signalée présente en 1909 au Jardin botanique de New-York, et c'est sous le nom de Sanicula epipactis qu'elle a été primée par la RHS* avec The Award of Garden (AGM).
    C'est la compagne des premiers bulbes printaniers qui trouve sa place en formant un discret couvre-sol dans les jardins alpins, ombragés, frais et humides, dans les rocailles, au pied des massifs arbustifs et des rosiers, sur les talus et sous le couvert de feuillus ou tout simplement dans des potées pour illuminer balcons, patios et terrasses ombragées.
    Ce genre ne comprend que cette seule et unique espèce qui a été retenue depuis la révision effectuée en avril 2012, deux autres noms d'espèces demeurent toujours non résolus en 2021. C'est une espèce fossile qui a survécu aux glaciations, une relique arcto-tertiaire de forêts de feuillus.
    Parmi les cultivars, citons :
    - Hacquetia epipactis 'Thor', commercialisé sous les noms de Epipactis 'Thor', Sanicle 'Thor', 10 à 15cm de haut, se distingue par son feuillage et ses bractées d'un vert acide irrégulièrement marginé d'un blanc crémeux, floraison jaune d'or, U-K hardiness H7, voir photo.
    - Hacquetia epipactis 'Variegata', aux bractées d'un vert acide en coeur irrégulièrement marginé de blanc crème, feuillage maculé brièvement de crème, fleurs jaune d'or. Certains jardiniers considèrent que ce sont tous simplement des synonymes notamment l'illustre RHS.

    Annotations :
    *DC., abréviation botanique pour Augustin Pyramus de Candolle (1778-1841), botaniste et docteur en médecin suisse, qui occupe en 1880 la chaire de botanique à la Faculté de Médecine de Montpellier, on lui doit une nouvelle classification des espèces expliquées dans 'La théorie élémentaire de la botanique (1813), ainsi que les 7 volumes du 'Prodomus systematis naturalis regni vegetablilis' (1824-1841) où sont décrites 60 000 espèces doublant ainsi les familles.
    Des ouvrages achevés par son frère et son petit-fils avec 80 000 plantes décrites. Auteur de 'Plantarum Succulentarum' (1799) ou l'histoire des plantes grasses et 'la Théorie élémentaire de la botanique' (1813). Il s'intéresse aux propriétés médicinales des plantes.
    En 1884, à Genève, le botaniste-taxonomiste suisse Robert Buser est nommé conservateur de l'herbier De Candolle (Herbier du Prodrome de Candolle) initié par ce dernier en 1824.
    Diachène Hacquetia
    Nees von Esenbeck (1776-1858)
    *Dioscoride, Dioscoride d'Anazarbe le persan, médecin d'origine grec (Ier siècle avant J.-C.), qui fut le plus grand pharmacologue de l'Antiquité, qui influença, avec ses écrits, la pharmacopée durant plusieurs siècles.
    Dans 'De materia medica', écrit vers l'an 64, il y décrit des centaines de plantes en indiquant leurs propriétés pharmacologiques, ouvrage consultable en ligne à la bibliothèque numérique Mondiale wdl.org.
    *Larousse, Pierre Larousse, dans le Grand Dictionnaire Universel du XIX siècle, Tome 9, page 13 a noté :
    HACQUÉTIE s, f (a-kè-st — de Hacquet, p.pr) Bot. Genre de plantes, de la famille des ombellifères, qui habite les lieux montueux de l'Europe centrale ; publié en 1875, et la même année dans le Nouveau Larousse Illustré, il rajoute à la suite "On cultive dans les jardins l'hacquétie épipactis".
    *Lobel, médecin, botaniste flamand Matthias de Lobel (L'Obel) (1538 - 1616), il étudie à Montpellier sous la direction du médecin-naturaliste Guillaume Rondelet (1507-1566), par la suite à Delft, il devient l'apothicaire de Guillaume 1er d'Orange-Nassau, jusqu'à son assassinat en 1584, il émigre en Angleterre où il exerce la fonction de surintendant du jardin médicinal d’Hackney, avant de devenir le botaniste du Roi Jacques Ier d’Angleterre. Bien avant Linné il propose à ses contemporains un classement des plantes. Charles Plumier lui dédie les lobélies Lobelia.
    *Oeil de Taureau, c'est le nom donné à l'Euryops chrysanthemoides.
    *Pline l'Ancien, naturaliste et écrivain Pline l'Ancien, en latin Gaius Plinius Secundus ( 23-79 après J.C), connu aussi sous le nom de Pline le Naturaliste, auteur de l'Histoire naturelle, les livres XII à XIX sont dédiés à la botanique, et les livres XX à XXXII à la médecine, de précieux recueils, sur les sciences en général et de l'art de guérir à partir des ouvrages de différents écrivains et médecins qu'il a lus et compilés. L'ouvrage de référence, qui durant des siècles, a été considéré comme le symbole du savoir humain.
    *Scop., abréviation botanique pour l'italien Giovanni Antonio Scopoli (1723 - 1788), médecin, naturaliste et entomologiste, qui, durant ses études dans la ville d'Innsbruck, étudie la flore du Tyrol, puis celle de l'ouest de la Slovénie (Carniole), où il exerce sans enthousiasme, la médecine tout en se passionnant pour les insectes et plantes.
    On lui doit de nombreux ouvrages d'entomologie et la parution en 1760 de 'Flora carniolica, exhibens plantas Carnioliae indigenas et distributas in classes, genera, species, varieties, ordine linnaeano', en 2 volumes, parus sous son nom latin Ioannis Antonii Scopoli, l'édition de 1771 est consultable en ligne.
    *Spreng., abréviation botanique pour le médecin botaniste allemand Kurt Polycarp Joachim Sprengel (1766-1833), il enseigne la médecine en 1789, spécialiste de l'histoire de la médecine, auteur de nombreux ouvrages, sur cette histoire, il s'intéresse à la classification linnéenne.
    Il est élu membre de l'Académie royale des sciences de Suède. En 1810, il échange de septembre 1818 à mai 1819, une correspondance sur des graines et des fougères plantées à Liverpool avec l'éditeur, botaniste anglais William Pamplin (1806-1939), également pépiniériste à Chelsea.
    *RHS, The Royal Horticultural Society, la Société Royale d'Horticulture, fondée à Londres le 7 mars 1804, qui décerne chaque année 'The Award of Garden Merit' (AGM) à de nouvelles obtentions, au cours du Chelsea Flower Show qui se déroule 5 jours durant du 23 au 27 mai à l'Hôpital Royal de Chelsea, de Londres. C'est l'une des plus grandes expositions florales au monde.
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