Humulus japonicus - Houblon du Japon
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    Nom commun : Houblon du Japon, nommé par les anglophones 'Japanese Hop'.
    Nom latin : Humulus japonicus Sieb. & Zucc.*, synonyme Humulus scandens (Lour.*) Merr.
    famille : Cannabinaceae.
    catégorie : annuelle ,herbacée, grimpante, dioïque, qui selon la latitude peut être aussi vivace.
    port : grimpant, étalé, dense, volubile.
    feuillage : 'caduc' vert clair, rugueux, revers pubescent et glanduleux. Sur des tiges poilues et striées, volubiles, feuilles opposées de 7 à 10 cm, stipulées, palmées à 5 lobes dentés, pourvues d'un long pétiole poilu.
    floraison : courant mai-juin, minuscules inflorescences dioïques. Les femelles par deux, à l'extrémité des rameaux ovales et pendantes, les mâles en longues panicules axillaires de 15 à 25 cm. Plante anémophile (pollinisation par le vent), son pollen est un allergène modéré.
    couleur : vert-jaune.
    fruits : strobiles ou cônes à nombreuses bractées à texture de papier, munies de poils pourvus de glandes résineuses jaunâtre (lupulin), protégeant des petits akènes noirs de 2 à 3 mm, visibles à la fin courant septembre.
    La récolte s'effectue en septembre, attention, la cueillette peut provoquer des réactions allergiques.
    croissance : très rapide.
    hauteur : 3/4 - 9 m.
    plantation : au printemps, après les gelées, comptez 1 plant au m².
    multiplication : par semis au printemps en place ou sous abri, une température de 16 °C à 18 °C est nécessaire pour une bonne germination. Attention, il se ressème spontanément très facilement
    Pour l'Humulus lupulus par prélèvement d'éclats de souche ou fragments de racines.
    sol : profond, riche en humus et humide, acide ou neutre ou alcalin, tolère bien le calcaire.
    emplacement : soleil ou mi-ombre.
    zone : 5-9, U-K hardiness H6, USDA zones 5-9.
    origine : dans les fourrées, les friches, les lisières de forêts, le long des cours d'eau et des routes au Japon, largement distribuée en Chine jusqu'à une altitude de 1500m, excepté sur les hauts plateaux tibétains, province du Qinghai incluse.
    entretien : les houblons ne peuvent s'accrocher que sur des supports verticaux, toujours dans le sens des aiguilles d'une montre, ils peuvent être nuisible pour la végétation avoisinante.
    Prévoir un bon paillage au sol pour conserver l'humidité.
    maladies et ravageurs : sensible aux araignées rouges (red spiders) et aux pucerons (aphids). Il peut être sujet à la galle du collet Agrobacterium tumefaciens(Rhizobium radiobacter) ainsi qu'à un champignon Pseudocercospora humuli qui s'attaque au feuillage.
    NB : son nom Humulus est le nom de la plante en latin et son nom spécifique japonicus pour nous préciser son origine japonaise. Ce genre ne comprend que trois espèces de vivaces ou d'annuelles.
    C'est le houblon grimpant Humulus lupulus qui a été introduit en France vers le 12e siècle, pour être cultivé dans les houblonnières du nord et de l'est, principalement en Alsace, mais uniquement des plantes femelles.
    Parmi les cultivars, citons :
    - Humulus japonicus 'Aureus', houblon ornemental de5 à 6 m au feuillage de 15 cm vert-jaune à jaune, floraison femelle, pendante et jaune verdâtre, qui a été primé par la RHS* avec The Award of Garden Merit (AGM).
    - Humulus japonicus 'Cascade', une obtention américaine, aux saveurs de citron et de pin.
    - Humulus japonicus 'Chinook ', une obtention américaine, aux saveurs amères et citron, utilisé dans la fabrication des 'ales' américains nettement plus forts.
    - Humulus japonicus 'Diva' qui se distingue par sa floraison blanche.
    - Humulus japonicus 'Fuggle', une obtention anglaise à saveur douce amère.
    - Humulus japonicus 'Hallertau Mittelfrüh', une obtention bavaroise aux saveurs florales.
    - Humulus japonicus 'Kent Golding' aux saveurs boisées et citronnées.
    - Humulus japonicus 'Prima Donna', houblon ornemental ne dépasse pas les 3 m avec des feuilles vertes de 3 à 5 lobes qui passe au cours de la saison au jaune verdâtre, offre une floraison femelle, pendante, verdâtre.
    - Humulus japonicus 'Saaz' c'est l'obtention la plus couramment plantée, sa saveur citronnée.
    - Humulus japonicus 'Sunbeam' la plus couramment utilisée pour confectionner les 'pale ale' britanniques.
    - Humulus japonicus 'Variegatus', au feuillage panaché de blanc.
    - Humulus japonicus 'Zeus' la plus couramment utilisée pour confectionner les 'pale ale' britanniques.
    Propriétés et utilisations :
    Les jeunes pousses de houblon peuvent être consommées, blanchies et son feuillage donne un colorant brun.
    Ce sont les glandes résineuses qui donnent le parfum et la saveur amère à la bière (principes amers = humulone, lupulone). La bière était déjà connue des Égyptiens, mais, bien que ne l'aimant pas, ce sont les Romains qui la diffusèrent en Europe et en Asie.
    Durant des siècles, le houblon a même été considéré comme nocif, altérant même le goût de la bière qui était appelé le " bois du diable".
    C'est en Auvergne, à Clermont-Ferrand, en 1871, que le savant français Louis Pasteur (1822-1895), a mené des études sur la bière au laboratoire de la brasserie Kuhn- Steinhausser et Rineyre, et plus particulièrement sur sa fermentation, sa pasteurisation et conservation, qui a fait faire à la brasserie les plus grands progrès, il a d'ailleurs conçu un appareil pour conserver le moût de bière à l’abri de l’air, voir illustration plus bas.
    En Angleterre, il y avait une loi qui interdisait aux brasseurs son utilisation. Les premières recettes aromatisées, sont nées au Moyen Age dans les monastères en France, puis importées en Angleterre, en Allemagne et en Scandinavie.
    Pline recommandait déjà le houblon, pour ses propriétés médicinales, neurosédative, tonique et stomachique, il contient des oestrogènes et ses poils contiennent une huile essentielle volatile, qui a des propriétés hypnotiques et sédatives. Elle est utilisée en phytothérapie, dans le traitement de l'anxiété, les états dépressifs, les troubles mensuels et pour stimuler la prolactine. Dans l'industrie parapharmaceutique, elle entre huile dans la fabrication de cosmétiques, lotions, parfums, savons et shampoings. Dans les anciens temps, on avait l'habitude d'en mettre dans les oreillers pour s'assurer un bon sommeil.
    Autrefois, les capsules du Dodonea viscosa entraient aussi dans la préparation de la bière lors du brassage d'où son nom en anglais de 'Purple Hopbush' qui signifie Buisson à houblon.
    Les 2 autres espèces :
    - Humulus lupulus L., appelé Houblon commun ou Vigne du Nord, originaire de l'Europe continentale, de l'Asie occidentale (région autonome du Xinjiang, dans les autres provinces, il y est cultivé) et de l'Amérique du Nord, une vivace au feuillage vert franc à vert sombre, rugueux à 3 ou 5 lobes, zones 5 - 9, photo ci-contre.
    - Humulus yunnanensis Hu, le Houblon du Yunnan, endémique à la province du Yunnan, espèce proche aux bractées striées.
    L'Art de faire toutes sortes de bières :
    Un extrait du Manuel théorique et pratique du brasseur de 1827
    "L'art de préparer cette boisson, ou tonte autre liqueur spiritueuse produite de la même manière, paraît avoir été connu et mis en pratique, dans des siècles reculés, parmi ceux des peuples qui habitaient des pays où la vigne n'avait pu être cultivée.
    Hérodote attribue l'invention de cet art à Isis, femme d'Osiris. Les Égyptiens semblent être, en effet, les premiers qui le mirent en pratique, et le transmirent ensuite aux nations méridionales que fondèrent les colonies émigrantes de l'Orient.

    La ville de Péluse, située sur l'une des embouchures du Nil, fut particulièrement renommée pour sa fabrication de liqueurs de MALT. On appelle malt ou drêche, de l'orge qu'on a fait germer pour la rendre ainsi propre à la préparation de la bière.

    Tacite nous apprend que la bière fut très anciennement connue des nations du nord, et que cette liqueur était la boisson favorite des Anglo-Saxons, des Danois, ainsi qu'elle l'avait été de leurs ancêtres les Germains. Avant leur conversion au christianisme, ces peuples étaient dans la ferme croyance que l'une des principales félicités dont jouissaient leurs héros, lorsqu'ils étaient admis dans le palais d'Odin, consistait à boire fréquemment et à larges doses des liqueurs de malt fermentées.

    Dès que l'agriculture fut introduite en Angleterre, on substitua les liqueurs de malt à l'hydromel, et ces liqueurs devinrent la boisson généralement adoptée par les anciens Bretons. Buchan parle aussi, dans son Histoire d'Écosse, de l'usage de liqueur de malt à une époque très reculée, et il appelle cette liqueur vinum ex frugibus corruptis.

    Le célèbre et infortuné voyageur Mungo Park* enseigna aux nègres des contrées intérieures de l'Afrique l'art de fabriquer la bière. Ils préparaient , à cet effet, les semences du holeus spicalus, à peu près de la même manière qu'on traite l'orge pour faire la bière ; et suivant cet illustre voyageur, leur bière valait, quant à son goût, la meilleure liqueur de malt forte qu'il eût jamais bue dans son pays.
    Il paraît cependant que toutes les anciennes liqueurs de malt se préparaient entièrement avec l'orge ou quelque autre graine farineuse; et que , par conséquent, on ne les faisait pas pour être longtemps gardées; leur conservation dépend en effet, en grande partie, ainsi qu'on l'a reconnu depuis, du principe amer du houblon, plante dont l'emploi, dans la fabrication de la bière, est d'une date moderne.

    Puisque c'est, d'après les anciens écrivains, de l'époque où l'agriculture fut connue en Angleterre, que date la première fabrication dans ce pays des liqueurs de malt, on en doit conclure que l'art du brasseur s'y pratiquait depuis longtemps lorsqu'il se répandit en France, où la culture de la vigne ne fit pas également sentir le besoin de recourir à d'autres liqueurs spiritueuses.

    Par la même raison aussi, tous les procédés de cet art avaient pu être mis en usage et perfectionnés par l'expérience en Angleterre avant qu'il ne fût connu en France ; c'est donc naturellement par l'exposé de ces procédés qu'il convient d'en traiter d'abord... "

    Un extrait du Manuel théorique et pratique du brasseur, ou L'art de faire toutes sortes de bières par Frédérick Accum (1769-1838), traduit de l'anglais par M. Riffault, deuxième édition 1827, consultable en ligne à la BnF-Gallica.
    illustration: représentant le premier appareil employé à la Brasserie Kuhn-Steinhausser et Rineyre en Auvergne par Louis Pasteur pour faire refroidir et fermenter le moût de bière", publié dans Les merveilles de l'industrie ou, Description des principales industries modernes par Louis Figuier, publié à Paris par la librairie Furne de 1873 à 1877, contribution du Fondo Antiguo de la Biblioteca de la Universidad de Sevilla, cliquer sur l'illustration pour y accéder où le récit de ce séjour à la brasserie Kuhnsur Flick.

    Annotations :
    Cuve à fermentation de Louis Pasteur
    *Lour., abréviation botanique pour le jésuite naturaliste portugais Joao de Loureiro (1717-1791), envoyé en 1739, comme missionnaire dans l'état de Goa, en 1742 il se rend en Cochinchine, région qui correspond à l'actuelle est du Cambodge et sud du Vietnam, il séjourne à la cour du roi de Cochin en se faisant passer pour un médecin - naturaliste, ce qui l'oblige à s'initier à la botanique, étudier les plantes et leurs propriétés thérapeutiques pour pouvoir soigner les gens. Jusqu'en 1779, il collecte, répertorie et fait parvenir sous forme d'herbier de nouvelles espèces en Suède et Angleterre, avant de rentrer à Lisbonne, où en 1790, l'Académie des Sciences publie sa 'Flora Cochinchinensis' en 2 volumes, plus de 1300 espèces et 185 nouveaux genres y sont décrits.

    *Merr., abréviation botanique pour le botaniste taxonomiste américain Elmer Drew Merrill (1876-1956), spécialiste de la flore de l'Asie australe et orientale et de l'Océanie. Aux Philippines de 1902 à 1923, il travaille pour le département américain de l'Agriculture puis en 1929, professeur de botanique à l'Université de Columbia. De 1929 à 1935, il est le directeur du Jardin botanique de New York, et de 1936 jusqu'à sa retraite, en 1946,il est le directeur de l'Arnold Arboretum de l'Université de Harvard.
    On lui doit de nombreux ouvrages dont 'Flora of Manila' en 1912, 'The Enumeration of Philippine Flowering Plants' de 1922 à 1926 et 'The Botany of Cook's Voyages' publié en 1954.

    *Park, Mungo Park (1771-1806) célèbre chirurgien explorateur écossais qui fut à l'âge de 24 ans le premier occidental à explorer le fleuve Niger pour retrouver ses sources pour le compte de la Société Africaine de Londres, engagé par Sir Joseph Banks, reprenant les explorations à l'intérieur de l'Afrique de l'explorateur irlandais Daniel Houghton (1740–1791), il part le 22 mai 1795 pour la Gambie, il atteint le fleuve Niger à Segou le 21 juillet 1796, il relate son expédition dans Voyage dans l'intérieur de l'Afrique, toujours édité.
    A la demande de son gouvernement, il repart au Niger le 31 janvier 1805, s'embarque à Portsmouth pour la Gambie, il disparait au cours d' un naufrage avec les membres de son expédition. Lire l'article Mungo Park en Afrique, ou l'explorateur exploré par Denise Brahimi, 1990, pp. 149-158, à consulter chez Persée.

    *RHS., abréviation pour The Royal Horticultural Society, la Société Royale d'Horticulture, fondée à Londres, le 7 mars 1804, elle décerne chaque année à de nouvelles obtentions, "The Award of Garden Merit" (AGM), au cours du Chelsea Flower Show, qui se déroule 5 jours durant, du 23 au 27 mai à l'Hôpital Royal de Chelsea, à Londres. C'est l'une des plus grandes expositions florales au monde.
    *Sieb. & Zucc., abréviation botanique pour le médecin et naturaliste bavarois Philipp Franz Balthazar von Siebold (1796-1866), qui vécu au Japon entre 1823 et 1830, on lui doit l'introduction en Europe via ses établissements de Leide (Pays-Bas) de nombreuses nouvelles espèces de la flore japonaise dont les premiers hydrangea japonais en 1860 -1861., Auteur en collaboration avec le botaniste allemand Joseph Gerhard Zuccharini (1797-1848) de la très célèbre Flora japonica, publiée entre 1835 et 1870, en 30 volumes avec des illustrations d'artistes japonais tel que Keiga Kawahara, descriptions et dessins consultables sur le site de l'université de Kyoto.
    natacha mauric© 21/01/2002 ® Jardin! L'Encyclopédie
    nmauric© 21/01/2002 - ® par la Société des Gens de Lettres - Conformément aux conventions internationales relatives à la propriété intellectuelle, la reproduction électronique avec mise à la disposition du public et/ou l'exploitation commerciale sont expressément interdites.

strobiles d'Houblon du Japon





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