Aconitum napellus - Aconit napel, Casque de Jupiter, Tue-loups
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    Aconitum napellus
    Nom commun : Aconit Napel, Aconit faux navet, Napel, Napel bleu, Pistolet, Casque bleu, Coqueluchon, Casque de Jupiter, Char de Vénus, Capuce de Moine (peut s'écrire Capuze), Herbe aux loups, Tue-loups, Étrangle-loups, nommé par les anglophones Monk's-hood, Common Wolf'sbane, Wolfsban, 'Helmet-flower, Friar's-cap', en allemand 'Blauer Eisenhut', en chinois 'Wu tou shu', en japonais 'Youshutori kabuto'.
    Nom latin : Aconitum napellus Thunb.* (1751)
    famille : Renonculaceae (tribu Delphinieae).
    catégorie : vivace herbacée aux épaisses racines charnues et brunâtres à l'enracinement pivotant, ressemblant aux navets et pourvue de courtes racines secondaires qui se développent à leur tour latéralement, contenant au centre de la moelle.
    port : dressé, rectiligne.
    feuillage : caduc, brillant, vert foncé, fortement nervuré, très décoratif. Des feuilles alternes, palmées à 5 - 7 lobes profonds qui sont divisés en segments très étroits, quasiment filiformes.
    floraison : du milieu à la fin de l'été ou jusqu'en automne, selon climat de juin à septembre, nectarifère, visitée par les bourdons et les abeilles charpentières (xylocope violet) Xylocopa violacea (violet carpenter bee), le découvrir au mnhn.
    Des épis de fleurs zygomorphes, bisexuées à cinq sépales, avec quelques poils blancs sur les deux faces. Le sépale supérieure est bombé en forme de casque, au-dessus de cinq sépales pétaloïdes irréguliers poilus sur le revers, et entre 50 à 80 étamines à anthères bifides et globuleux. Pédicelles à deux bractéoles linéaires.
    couleur : selon la nature du sol, dans divers tons de bleu, bleu indigo, bleu violet rappelant la couleur du papier carbone, du chèche des hommes bleus, peut être bleu pâle ou bleu lilas comme celles que l'on rencontre dans le sud-ouest de l'Angleterre. Avec un aspect irisé ou nacré dû à la présence de courts poils et des veinules presque noires. Des étamines et des anthères bifides globuleuses noires.
    fruits: 3 à 5 follicules déhiscents, dressés et effilés en pointe, celle-ci étant d'un noir bleuté, contenant des graines frangées.
    croissance : moyenne.
    hauteur : 0.50 à 1.20 m et plus selon l'espèce.
    plantation : au printemps ou à l'automne, bien choisir son emplacement, car elle n'aime pas être déplacée et surtout hors de portée des enfants et des animaux domestiques.
    multiplication : par division racinaire avec un bourgeon écailleux, au printemps ou à l'automne ou par semis. Avant le semis, les graines doivent être auparavant conservées au froid durant au moins six semaines, mais il est vraiment aléatoire et la germination est assez lente. Compter entre 4 à 8 semaines ; si vous êtes chanceux, patientez de 2 à 3 ans avant de les voir fleurir.
    sol : riche en humus, profond, humide, mais bien drainé.
    emplacement : soleil, mi-ombre, ombre.
    origine : en altitude jusqu'à 2 600 à 3 000 m, dans les prairies, les clairières, les lisières et les sous-bois clairs de feuillus de l'Eurasie tempérée.
    entretien : en plein soleil et lors des étés très chauds et secs, maintenir le sol humide et prévoir un bon paillis. Rabattre après la floraison.
    Toujours les manipuler avec prudence, bien se laver les mains après, car elles peuvent provoquer de sérieuses dermites de contact. Il est préférable de mettre des gants.
    zone : 4-9, U-K Hardiness H7, USDA zones 4a-9a.
    maladies et parasites : un excès d'humidité favorise le développement de la pourriture racinaire (root rot) et il est sensible à l'oïdium (powdery mildews) ainsi qu'à la flétrissure verticillienne (verticillium wilt) et il peut subir les assauts des pucerons (aphids).
    fleurs coupées : ce sont d'excellentes fleurs à couper, mais attention à leur toxicité en les manipulant. Il est conseillé pour les conserver plus longtemps de tremper les tiges dans de l’eau à 40 °C et les laisser refroidir.
    NB : son nom Aconitum en grec et en latin désigne une plante vénéneuse, mot venant du grec 'akonitos', nom donné et utiliser par Théophraste* pour nommer une plante vénéneuse utilisée pour empoisonner les loups, akontion' désigne une flèche faisant allusion au fait que les pointes de flèche étaient enduites de suc toxique. Aconis est le nom d'une ville de Bythinie*.
    Son nom spécifique napellus signifie petit navet, en référence à la forme de ses racines tubéreuses d'où sont extraits les alcaloïdes dont l'aconitine utilisée dans les pharmacopées pour des préparations spécifiques.
    Son nom commun de Casque de Jupiter, car la fleur d'aconit de profil ressemble au casque antique romain, esquisse présentée au Louvre.

    D'élégants aconits vénéneux que l'on rencontre encore dans les vieux jardins des siècles passés, dans les plates-bandes, les mixed-borders, les massifs floraux, notamment dans les sous-bois humides.
    Ce genre comprend 400 espèces (Flore de Chine) de vivaces ou pluriannuelles dont certaines sont grimpantes, originaires des régions tempérées de l'hémisphère nord majoritairement originaires de Chine 211 espèces dont 166 sont endémiques, 16 espèces nord américaines, 4 en France et de nombreux hybrides.
    illustration : planche 87 du botaniste anglais William Baxter (1787-1836), dans Baxter British Phaenogame Botany (Botanique phénogame britannique, ou, Figures et descriptions des genres de plantes à fleurs britanniques.), 6 volumes de 1834 à 1843. Illustration dans le volume II, publié en 1835. Contributed by New York Botanical Garden, U.S.A. consultable en ligne à la BHLibrary.
    Propriétés et utilisations :
    Elle est prescrite en homéopathie pour traiter les angoisses, la nervosité et les palpitations, les céphalées et les névralgies, les fièvres et les refroidissements, également la laryngite, la toux, les maux de ventre, les coups de soleil et l'insolation. Avec cette dernière, ne jamais pratiquer l'automédication, car les aconits sont riches en alcaloïdes dont l'aconitine*, toutes les parties sont très toxiques. Dans la médecine traditionnelle chinoise, il est utilisé sous différentes formes comme stimulant cardiaque et comme analgésique.
    Aconitum napellus Monk's Hood (1835)
    Extrait publié dans Flore des serres et des jardins de l'Europe, ou Descriptions et figures des plantes les plus rares et les plus méritantes, nouvellement introduites sur le continent et en Angleterre de 1857 page 134, consultable en ligne à la Bnf.
    Empoisonnement par l'Aconit Napel
    "Les journaux d'Amérique racontent le lamentable accident que voici :
    Le 16 novembre dernier, un juif d'Aiton, États-Unis, M. Ch. Benjamin Jones, est mort subitement pour avoir mangé de la racine d'Aconit Napel. M. Jones se croyait habile à traiter diverses maladies, et entre autres les palpitations du coeur, à l'aide du suc des plantes.
    Sa nièce, Miss Jacobs, lui avait procuré une racine d'Aconit, qu'elle avait déterrée dans un jardin du voisinage. Soit qu'il voulut faire une expérience, soit qu'il ait pris cette racine pour autre chose que ce qu'elle était, il se mit à la mâcher, mais peu d'instants après il se sentit indisposé. Le docteur Dorling, son voisin et son ami, fut immédiatement appelé, mais il était déjà trop tard, le in anima le pauvre homme, déjà extrêmement faible, trépassa un heure ou deux après.
    Rappelons ici que la racine rapée de l'Aconit Napel offre une teinte brunâtre violacée, qui là distingue assez bien de celle d'un navet. Lorsqu'on la mâche, elle a d'abord une saveur âcre, mais, qui ne tarde pas à disparaître par suite de la paralysie des nerfs sensitifs de la langue. Bientôt succèdent une prostration générale, la convulsion des muscles de la face, des vomissements, le délire et enfin la mort.
    Cette racine pilée et appliquée sur une blessure, agit instantanément et de la matière la plus terrible sur le système nerveux, il ne serait même pas prudent d'en tenir quelque temps la pulpe fraîche dans la main, car on a vu, dans des cas pareils, la main se raidir, des symptômes facheux apparaître et être quelques fois suivis de mort. Il n'y a d'ailleurs pas plus de deux ans, qu'en Angleterre plusieurs personnes qui avaient mangé de la racine de Napel, qu'elles prenaient pour du raifort, ont péri de la manière la plus triste. On ne saurait donc prendre trop de précautions avec cette plante extrêmement dangereuse, qu'on trouve si communément dans les jardins."
    Charles-Victor Naudin* (Gardens' Chronicle, 12 décembre 1837)

    Quelques autres espèces et cultivars :
    • Aconitum anthora L., Anthore, l'aconit anthore, originaire de l'Eurasie, présente en Amérique du Nord où elle est nommée 'Yellow monkshood', une vivace de plus ou moins 0,70 m de haut. Une floraison jaune pâle en été.

    • Aconitum hemsleyanum E.Pritz., l'aconit de Hemsley*, originaire de Chine, en altitude, une vivace grimpante de 2,50 à 3 m, avec une floraison violette vers la fin de l'été, aux veinules plus foncées et un feuillage brillant, trilobé à marge dentelée.

    • Aconitum hemsleyanum 'Red Wine', obtention qui se caractérise par un feuillage vert sombre et une floraison pourpre, lie de vin à la fin de l'été, courant aout-septembre.

    • Aconitum lycoctonum L., l'aconit tue-loup, originaire de l'Europe, se rencontre en Savoie, 1, 50 m, floraison estivale en long et étroit épis de fleurs d'un jaune beurre, photo ci-contre. Il existe 6 sous espèces européennes.

    • Aconitum volubile Pallas ex Koelle, en chinois wan wu tou, l'aconit volubile, originaire des prairies et des lisières de forêts de la Sibérie, du nord-est de la Chine, en Mongolie intérieure et dans les provinces du Liaoning, du Jilin et du Heilongjiang jusqu'à 1000 m d'altitude, une vivace grimpante de ± 2 m à floraison à la fin de l'été, courant août-septembre, en courts épis de 3 à 5 fleurs d'un bleu-violet.

    • Aconitum vulparia Rchb. ex Spreng., synonyme Aconitum lycoctonum subsp. vulparia, la coqueluchon jaune, l'aconit tue-loup, Tue-blaireau, nommée par les anglophones 'Wolfsbane', originaire des prairies et bois clairs de l'Europe centrale et Europe méridionale, vivace de plus de 1 m de haut, feuillage pubescent, floraison jaune pâle en épis larges et laches et fleurs longues et étroites pourvues de poils, de la fin printemps au début de l'été selon climat, zones de rusticité 4-9.

    Dans l'abécédaire, consulter l'autre espèce présente dans l'Encyclopédie.

    Annotations :
    *Aconitine un alcaloïde cristallisé très vénéneux, découvert dans la racine en 1833 par Geiger et Hesse et purifié 38 ans plus tard par le chimiste H.Dusquenel, relaté dans une étude chimique et pharmacologique sur l'aconit cristallisé publiée en 1872 et une autre en 1883 sur les aconits et l'aconitine, tous deux sont consultables à la Bnf.

    *Bithynie est cette partie de l'Asie Mineure qui, face à Constantinople, s'étend au Sud jusqu'au-dessous de l'Olympe et à l'Est à un point difficile à préciser au delà de l'embouchure du Sakaria (ancien Sangarios). Ses limites ont varié avec les âges, particulièrement vers l'Orient,... la suite dans l'article "La Bithynie sous l'empire byzantin", article par l'historien Raymond Janin (1882-1972), publié dans la Revue des études byzantines pp 168-182, en 1921, consultable chez Persée.

    *Hemsley dédié au botaniste britannique William Botting Hemsley (1843-1924) qui travaille au jardin botanique de Kew, s'occupant également des herbiers et membre de la Royal Society de Londres. Il oeuvre dans le royaume des espèces d'Amérique centrale.
    On lui doit entre autres 'Handbook of hardy trees, shrubs, and herbaceous plants' (Estes & Lauriat - Boston, 1873), à consulter sur archive.org, illustré de 300 planches de Leblanc et Riocreux, basé sur 'Le Manuel de l'Amateur des Jardins' du botaniste franco-belge Joseph Decaisne (1807-1882) et du biologiste français Charles Victor Naudin. IL publie également 'Biologia Centrali-Americana; or Contributions to the Knowledge of the Fauna and Flora of Mexico and Central America' en 5 volumes, 1879-1888 - Londres.
    Un genre de la famille des curcubitaceae lui a été dédié Hemsleya. Abréviation botanique officielle Hemsl.

    Aconitum lycoctonum © J. Reynaudn-ispb.univ-lyon1.fr
    *Naudin, Charles-Victor Naudin (1815-1899), Dr. es-science, aide-naturaliste au musée d'histoire naturel de Paris. En collaboration avec il auteur du 'Le Manuel de l'Amateur des Jardins' en collaboration avec le botaniste franco-belge Joseph Decaisne (1807-1882), un traité général d'horticulture en 4 volumes, publiés de 1862 à 1874, par l'éditeur Firmin-Didot Frères - Paris).
    Un précurseur de Mendel, consulter sa biographie, publiée dans le journal de Saône et Loire ou l'éloge historique de Charles Naudin par Marcelin Berthelot, secrétaire perpétuel de l"Académie des sciences.

    *Theophraste, philosophe, botaniste et naturaliste grec Theophraste d'Érèse (île de Lesbos), Theophrastus d'Eresus (371 -288 av. J.-C.), élève de Platon, condisciple du philosophe Aristote, il voyage avec celui-ci en Asie Mineure et en Macédoine. Lorsque Aristote enseigne au Lycée, il en devient le disciple et le collaborateur du penseur Aristote (384-322 av. J.-C. ), avant de mourir, il le choisit comme successeur à la tête du lycée, qu'il dirige durant 35 ans ; connu par ses traités de botanique et les Caractères, le reste de son oeuvre a totalement disparu, elle est juste rapportée par d'autres.
    Il est le premier médecin-botaniste à avoir écrit sur les plantes, leur identification et leurs usages ; c'est ainsi que son savoir a été transmis durant le Moyen Âge au travers des monastères, leurs jardins des simples, des médecines populaires, des sorciers et des herboristes. Enseignement qui s'est fait connaître en même temps que la botanique, les premières écoles de médecine et de leurs premiers jardins botaniques.
    Lire Théophraste et la théorie aristotélicienne de l'intellect, article consultable chezPersée par le philosophe français Victor Goldschmidt (1914-1981), publié dans la Revue des Études grecques en 1956, 69-324-325 pp. 195-198.

    *Thouin., abréviation botanique pour le botaniste, agronome et académicien André Thouin (1747- 1824), le jardinier en chef du jardin du Roi et créateur de l'école de botanique. Il participe à la rédaction d'encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.

    *Thunb., abréviation botanique pour le médecin, botaniste, naturaliste, explorateur suédois Carl Peter Thunberg (1743- 1822), à qui l'on doit la publication de Flora japonica en 1784. Il a passé de nombreuses années à étudier la botanique du Cap, suivie par la publication de Flora capensis de 1807 à 1812.
    Un genre riche de 200 espèces lui a été dédié Thunbergia et 261 espèces et sous-espèces sous la forme thunbergii.
    natacha mauric © 22/01/2000 ® Jardin ! L'Encyclopédie
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