Digitalis purpurea - Digitale pourpre, Gant-de-Notre-Dame
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    Digitalis purpurea Kew on Flickr
    Nom commun : Digitale pourpre, Digitale pourprée, Gantelée (Moselle), Gant de Notre-Dame, Gantière, Doigt de la Vierge, Gant-de-bergère (Gant de bergère), Queue-de-loup, Chausse de Loup (Moselle), localement Berlue, Clapet, Claquet, Clochette, Doigtier, Péterelle,nommée par les anglophones 'Purple foxglove', en allemand 'Roter Fingerhut'(Digitale rouge), en espagnol 'Dedalera, Digital', en hongrois 'Piros gyùszûviràg
    Nom latin : Digitalis purpurea L.* (1753), pas de synonymes pour Powo, mais trois sous-espèces retenues.
    famille : Scrofulariaceae.
    catégorie : vivace tomenteuse très éphémère, souvent considérée et cultivée comme une bisannuelle ou vivace de courte durée de vie au système racinaire rameux.
    port : rosette basale dressée de feuilles ovales lancéolées puis touffe et une hampe florale rectiligne.
    feuillage : caduc, vert franc couvert de poils glanduleux gris-blanc sur les deux faces, plus duveteux sur le dessus. Des feuilles alternes, de plus ou moins 30 cm de long, subselliles, lancéolées à marge crénelée pour les caulinaires.
    floraison : du printemps à la fin de l'été, courant mai/juillet jusqu'en septembre, selon climat, nectarifère, visitée par les colibris, les bourdons qui percent un trou à la base de la fleur, et les abeilles profitent du trou pour butiner lorsqu'elles ne parviennent pas au fond de la corolle
    Les unes au-dessus des autres, unitéralement des bractées foliaires lancéolées, fleurs hermaphrodites, pendantes, bilabiées, à corolle campanulée de 4 à 5 cm, 4 étamines aux anthères bifides, dont 2 plus longues dans un minuscule calice à 5 lobes ondulés, ovales et pubescents, celui du bas est plus long et large, formant une sorte de plateforme pour les insectes pollinisateurs.
    couleur : pourpre sur le revers et blanchâtre à l'intérieur, mouchetée en gorge de macules d'un brun pourpré ; pouvant être blanche ou rose ou bicolore.
    fuits : enchâsséess dans le calice, capsule ovoïde à deux valves contenant de nombreuses minuscules graines marron, ovoïdes et anguleuses de 0.5 mm. Pour le semis, il est préférable de les mélanger à du sable et de recouvrir à peine le semis, comme le persil et maintenir le substrat humide jusqu'à la levée.
    croissance : rapide.
    hauteur : 1 à 1.50 m avec l'épi floral.
    plantation : à l'automne, à environ 45 cm entre chaque plant. La floraison a lieu la seconde année. Suivant la taille, elle peut nécessiter un tuteurage.
    multiplication : par semis à chaud courant février-début du printemps, compter pour la levée 3 semaines, puis repiquer toujours sous serre et mettre en place à l'automne. Aussi par semis en place à la fin du printemps. Première année, la touffe basale et la deuxième année la hampe florale.
    sol : dans presque tous les types de sols, ni trop secs ni trop humides, légèrement acide ou neutre, de préférence riche manganèse (Vosges), en humus et frais. Elle redoute la présence de calcaire, la sécheresse et l'excès d'humidité.
    emplacement : mi-ombre, soleil léger.
    zone : 4-9, U-K Hardiness H7, USDA zones 4-9. Tolère aisément -20°C.
    origine : ouest et sud-ouest de l'Europe, Sardaigne incluse, présente depuis l'Espagne dans les monts Cantabriques et les Pyrénées jusque dans les pays scandinaves. Présente en France, dans les Alpes, les Pyrénées et l'extrême sud des Vosges ainsi qu'en Lorraine, en Corse et dans le nord du Maroc dans la province d'Al Hoceima dans la région d'Issaguen.
    Présente dans la flore du Chili, dans la région de l'Araucanie ainsi qu'en Argentine, introduite par les Jésuites. Dans le bulletin Officielle du Club Vosgien du 1er janvier 1938 se trouve un article intitulé 'La Digitale pourprée dans les Vosges, en Europe et en Patagonie' où il est écrit :
    "Il n'est pas rare de voir des botanistes ou des amis de la nature semer des graines de Digitale dans des contrées ou cette plante n'existe pas. C'est ainsi que l'on peut en trouver aujourd'hui des colonies en plusieurs endroits de la Suisse, comme dans les environs de Zurich, et dans l'Allemagne du Nord, mais c'est probablement moins dans un but ornemental que pour l'usage médicinal que des Jésuites, établis dans l'île de Chiloe, sur le versant pacifique de la Patagonie chilienne au sud de Valdivia, ont cultivé, déjà au 17ème siècle, la Digitale pourprée dans leurs jardins. Des jardins du Couvent la plante s'est naturalisée dans les environs et, trouvant des conditions propices, elle a pu remonter les vallées de la chaîne de la Cordillère des Andes. Passant par les cols elle descendit sur le versant argentin et atlantique pour se répandre dans une région fort intéressante au point de vue touristique qui a été classée par le Gouvernement de la République Argentine comme parc national." par Emile Walter, Vice président du Club Vosgien, source M. Guinler, éminent directeur de l'Ecole nationale des Eaux et Forêts de Nancy , après un voyage d'étude en Argentine*.
    entretien : juste supprimer au fur et à mesure les fleurs fanées pour éviter un semis spontané et limiter la montée en graines, favorisant ainsi le développement ultérieure de tiges florales supplémentaires au fil de la saison. Mettre des gants lorsque vous l'entretenez, le contact avec les feuilles peut être irritant pour l'épiderme de certaines personnes.
    En fin de saison, la rabattre au ras du sol et au début du printemps, prévoir un généreux paillis d'au moins 5 à 7 cm, riche en matière organique autour du pied. C'est une gourmande !
    maladies et ravageurs : sensible à l'oïdium (powdery mildews), au mildiou (downy mildews) ainsi qu'aux taches foliaires (leaf spot). Elle peut occasionnellement être infesté de pucerons (aphids) et envahie par les nématodes (leaf/bud eelworm). Au printemps, il faut surveillér les limaces (slugs) qui aiment les nouvelles pousses, mais les lapins et les cervidés ne s'y intéressent pas.
    NB : son nom Digitalis désigne en latin la plante et signifie doigtier faisant référence à la forme de ses fleurs, d'où son nom commun de Gant de Notre-Dame qui était donné jusqu'au 12 ème siècle au chardon nacéen Onopordum acanthium chardon des ânes, avec la devise "qui s'y frotte s'y pique" il était alors l'insigne du comte du Maine, frère du Roi René II de Lorraine (1451-1508) son histoire.
    Ce genre comprend selon la flore entre 22 et 27 espèces de bisannuelles ou de vivaces dont certaines sont persistantes, toutes originaires de l'Afrique du Nord, de l'Asie Mineure et de l'Europe, dont 11 espèces présentes en France.
    Cette Digitale pourpre a sa place en arrière plan dans les massifs et les mixed borders et elle peut également être cultivée dans de grandes potées pour fleurir patios et terrasses.
    Les nombreux hybrides, se distinguent par des coloris différents, une hauteur parfois de plus de 2 m et une bonne aptitude à s'utiliser comme fleur coupée, comme c'est le cas pour la série Excelsior et d'autres sont cultivées en annuelles comme la série Foxy.

    Propriétés et utilisations :
    Kew © Flickr
    C'est une plante toxique qui contient des hétérosides toxiques comme la digitoxine et la sapogénine, son feuillage irritant est utilisé pour préparer une teinture mère qui a des propriétés cardiotoniques pour traiter les troubles du rythme cardiaque que ce soit la brachycardie ou la tachycardie, utilisée dans la pharmacopée traditionnelle et en homéopathie.
    Dans un article La Digitale pourprée dans les Vosges, en Europe et en Patagonie publié dans le bulletin du Club vosgien de janvier 1938, on peut y lire :
    "Elle ne présente cependant aucun danger pour le commun des mortels, car personne ne songera à manger de ses feuilles ou de ses fleurs dont l'amertume est très prononcée. elle occupait une place d'honneur dans l'aréopage des plantes médicinales, elle contient cinq glycosides dont la digitaline est la plus connue et la plus couramment employée. Des analyses comparatives ont démontré que les plantes des Vosges sont plus riches en digitaline active que celles d'autres provenances. Aussi le Codèx français prescrit-il expressément de n'employer que la Digitale des Vosges et, uniquement, des feuilles prélevées sur la plante fleurie. De ce fait la Digitale fait l'objet d'une récolte importante dans nos montagnes. Il s'ensuit que trop souvent, au cours de nos excursions, nous sommes obligés de contempler les pauvres Digitales en fleurs, mutilées de leurs feuilles.
    Il y a quelques années, des récolteurs peu consciencieux arrachaient même souvent les plantes avec leurs racines et aussi les rosettes de première année et c'est pour mettre fin à cet abus que le Club Vosgien est interven).Y âuprès de l'administration forestière. Celle-ci délivre maintenant, contre une somme modique, des «permis de récolte de feuilles de Digitale» limitant leur durée du 15 Juin au 31 octobre ce qui nous semble un maximum.
    Grâce à cette mesure, les abus ont cessé et, depuis quelques années, la cueillette des feuilles se fait d'une façon méthodique. De grands séchoirs ont été installés à Cernay et à Schirmeck, ils trouvent de quoi s'approvisionner dans les environs. En Lorraine la récolte de cette drogue paraît concentrée à Provenchères.

    Les sous-espèces et quelques cultivars :

    • Digitalis purpurea var. amandiana (Samp.) Cout.(1935), endémique au nord du Portugal.
    • Digitalis purpurea var. purpurea, présente de de l'ouest et du sud-ouest de l'Europe jusqu'au nord du Maroc.
    • Digitalis purpurea var. toletana Font Quer (1925), qui a pour synonyme Digitalis purpurea subsp. toletana (Font Quer) Hinz (1990) la Digitale de Tolède, qui est endémique au centre-ouest et centre de l'Espagne.

    • Digitalis purpurea 'Dalmatian Purple', obtention de 2014 de 0.60 à 1 m avec courant juin-juillet une large et dense floraison dans un rose violacé qui s'éclaircit vers la marge de la corolle. Une série qui fleurit dès la première année.

    • Digitalis purpurea f. albiflora commercialisée aussi sous Digitalis purpurea 'Alba', de 0.60 à 1 m x 0.30 à 0.60m. De mai jusqu'en juillet, une floraison blanche avec la gorge maculée de taches pourpre, boutons floraux d'un blanc crèmeux à jaune très pâle.

    • Digitalis purpurea'Candy Mountain', une série Cream, Lavender, Rose ou Camelot Mix', de 1.20 x 0.45 m, une bisannuelle qui se distingue des autres par des tiges ramifiées et des hampes florales denses aux longues et étroites fleurs à la gorge maculée de marron pourpré, certains disent pourpre-chocolat.

    D'autres digitales à floraison rose :

    • Digitalis dubia Barb.Rodr, synonyme Digitalis minor L., originaire des Baléares, environ 0.80 m de haut, petites feuilles lancéolées d'un vert clair, fleurs pendantes dans plusieurs tons de rose, avec la gorge maculée de blanc et tachetée de pourpre.

    • Digitalis mariana Boiss., endémique à l'Espagne dans la Sierra Madrona poussant sur la roche, un feuillage vert de gris et des fleurs d'un rose pâle, plus clair vers la base et en remontant vers la pointe de l'épi floral.

    • Digitalis thapsi L, Digitale d'Espagne, Spanish foxglove, endémique au centre et à l'ouest de l'Espagne, environ 0.60 m de haut, des feuilles ovales à lancéolées et des fleurs d'un rose soutenu, avec une gorge maculée de blanc qui est ponctué de points pourpres, Les boutons floraux sont plus foncés.

    illustration : planche 73 dans le tome 2 de J.P. de Tournefort* dans Institutiones rei herbariae (Institutions d'Herboristerie, publié à Paris de 1700 à 1703. Cliquer sur la planche pour entrevoir le grand format à la BHLibrary.
    livre : consultable en ligne dans Book : Histoire naturelle et médicale des digitales, thèse présentée à la faculté de médecine de Montpellier, le 1er mai 1812 par Joseph Elmiger, chef de clinique à l'Hôpital Saint-Eloi de Montpellier pour obtenir le grade de Docteur en Médecine.

    Dans l'abécédaire, consulter les deux autres espèces de digitales présentes dans l'Encyclopédie.

    Annotations :
    Joseph Pitton de Tournefort*
    *Argentine, M. Guinler avait publié "dans l'excellente Revue «La Terre et la Vie» une description fort instructive de la végétation et des conditions climatiques' des Andes australes-argentines et du Parc national de Nahùel-Huapi. La flore de cette partie de l'Amérique du Sud diffère du tout au tout de celle de l'Europe et de l'Eurasie, Les forêts des Cordillères, peu denses, sont formées de plusieurs espèces de Nothofagus, voisins de nos hêtres mais à petites feuilles, de deux conifères, le Libocedrus chiloensis et le bizarre Araucaria imbricata, voisin de l'Araucaria excelsa de l'île de Norfolk en Australie que nous cultivons dans nos appartements pour son port régulier de branches verticillées par quatre. C'est dans ces forêts, entrecoupées de clairières pâturées, que M. Guinier a constaté que notre Digitale européenne peut devenir aussi abondante que dans les forêts vosgiennes. Il a eu l'occasion d'observer encore un autre exemple de naturalisation rapide d'une plante européenne dans les prairies, tout autour du lac de Nahuel-Huapi (d'origine glaciaire), le Pissenlit est devenu d'une abondance plus grande que dans n'importe quelle prairie européenne. Ce lac se trouve dans le parc national auquel il a donné son nom, il mesure 70 km. de long. Le parc national comprend environ 750.000 hectares, il englobe le superbe massif couvert de glaciers du Tronador s'élévant à 3.470 m. " Article consultable à la Bnf.

    *L., abréviation botanique officielle pour Carl von Linné auparavant Carl Linnaeus (1707-1778), médecin, botaniste-naturaliste suèdois, à qui l'on doit la classification des végétaux, des minéraux et des animaux et la nomenclature binominale, basée sur la juxtaposition de deux mots en principe en latin, désignant le genre suivi du nom de l'espèce, c'est la base de la taxonomie et de la nomenclature internationale.
    Durant ses études de médecine, il entame la réalisation d'un herbier de la flore de Laponie qui sera suivi d'un ouvrage 'Flora lapponica'. Il enseigne à l'Université d'Uppsala durant une année, à partir de 1741, la médecine, puis la botanique jusqu'en 1772. Il est le fondateur de l'Académie des sciences de Suède.

    *Tournefort, médecin, botaniste aixois Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708), qui constitue un célèbre herbier comprenant les flores dauphinoise, savoyarde, parisienne et montpelliéraine. Il fixe, définitivement, le genre Aphyllanthes, et il est l'initiateur du premier système de classification des fleurs, sur leurs caractères constants, qui a été repris, par la suite, par Carl Linné*.
    Conseiller du Roy, en 1683, il est nommé professeur de botanique au jardin du Roy, c'est aujourd'hui le jardin des plantes.
    En 1691, il devient académicien, pensionnaire de l'Académie Royale des Sciences, puis en 1696, docteur de la faculté de médecine de Paris.
    En 1700, à la demande de Louis XIV, il entreprend un voyage de deux ans, aux pays du Levant, qu'il relate en deux volumes publiés en 1717, sous le titre "Relation d'un Voyage du Levant fait par ordre du Roy" (contenant, l'histoire ancienne et moderne de plusieurs isles de l'archipel, de Constantinople, des côtes de la mer Noire, de l'Arménie, de la Géorgie, des frontières de Perse et de l'Asie Mineure), au cours de ce séjour, il s'intéresse aux drogues, aux préparations médicinales et les plantes d'où, on les tire que l'on retrouve dans l'Histoire abrégée des drogues simples. Afin de ne plus dépendre de l'Orient, on lui doit l'acclimatation des Térébinthacées.
    natacha mauric © 28/10/2000 ® Jardin ! L'Encyclopédie
    - natacha mauric©28/10/2000 - ® par la Société des Gens de Lettres - ® Jardin ! L'Encyclopédie - Conformément aux conventions internationales relatives à la propriété intellectuelle, la reproduction électronique avec mise à la disposition du public et/ou l'exploitation commerciale sont expressément interdites - ® Jardin ! L'Encyclopédie.




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