Platycerium bifurcatum - Corne de Cerf, Corne d'élan
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    Nom commun : Platycerium bifurqué, Fougère Corne de Cerf, Corne d'élan, nommée par les anglophones 'Staghorn fern (Fougère à collier), Common elkhorn fern', en Nouvelle-Zélande elle est nommée Elk's-horn fern c'est à dire Fougère à corne de wapiti, en espagnol 'Cuerno de alce, Cacho Venado.
    Nom latin : Paltycerium bifurcatum  (Cav.*) C.Chr.* ( 1906 ), initialement nommé en 1799 Acrostichum* bifurcatum  Cav., synonyme de Alcicornium* bifurcatum  (Cav.) Underw.
    famille : Polypodiaceae.
    catégorie : fougère épiphyte aérienne verticale à courts rhizomes souvent occultés par les frondes stériles, d'une grande longévité dépassant aisément les 60 ans.
    port : dense rosette en forme de nid et longues frondes dimorphes verticales évasées, dressées ou pendantes.
    frondes : deux sortes de frondes persistantes, épaisses un peu spongieuses, coriaces. Les stériles sont des frondes sessiles larges, arrondies subcirculaires à oblongues, entières peu lobées en forme de bouclier ou de rein fortement nervurées (photo bas de page), étalées entourant la base de la plante protégeant les courts rhizomes et absorbant l’eau et les nutriments et enserrant l'hôte. Au début, elles sont d'un vert pâle pubescent et bleuté sur le revers, finissant par brunir et se dessécher, il ne faut jamais les enlever, car c'est dans cette partie là que s'accumulent les détritus de végétaux , de frondes stériles mortes où viennent et où vivent des insectes, donnant à la longue un compost, un terreau fort riche en nutriments, un peu comme les orchidées, les tillandsias et d'autres épiphytes.
    Les frondes fertiles qui émergent du centre des frondes stériles sont entières, bifurquées ou multilobées, planes d'un vert doux à longs pétioles s'élargissant et se divisant en plusieurs lobes en lanières ondulantes. Le revers est couvert de touffes de poils en forme d'étoile.
    floraison : pas de floraison mais des spores microscopiques asexuées sur le revers des longues feuilles fertiles.
    croissance : très lente.
    fructification : sporanges recouvrant l'extrémité des lobes en lanières.
    hauteur : fronde de 0.60 à 0.90 m de long et au moins et 15 à 0.20 m de large; dans son milieu d'origine une plante adulte peut dépasser le mètre.
    multiplication : par semis à chaud dans de la tourbe, par séparation des rejets et par division des frondes en découpant des petits morceaux peut être en tenant compte des anastomoses veineuse.
    L'ensemble des Platycerium développent sur leurs racines des yeux (bulbilles?) que l'on peut détacher soigneusement pour les faire raciner à part.
    semis de spores : il faut couper les frondes fertiles peu avant la maturité des spores, poser les morceaux sur du papier essuie-tout ou dans un récipient et les laissez sécher dans un endroit sec. Le dessèchement provoque l’ouverture des sporanges, à ce moment-là il sera très facile de récupérer rapidement les spores libérées. Il faut les semer rapidement car leur capacité germinative est courte, passé une année il a été constaté que le taux de germination des graines diminue considérablement.
    Semis à chaud et une semi-obscurité est nécessaire pour que se déroule parfaitement la fécondation. Dès l’apparition des prothalles il faudra effectuer de réguliers bassinages pour maintenir le substrat très humide avec quasiment de l’eau qui affleure sa surface et la face inférieure des prothalles.
    Dès l’apparition des plantules, les transplanter dans des pots individuels.
    Cette technique peut s'appliquer à toutes les espèces de fougères, excepté l'Asplenium nitidum qui se plante individuellement on peut transplanter les autres espèces par petites touffes.
    sol : tourbe grossière ou des morceaux de terre de bruyère en mélange avec de la sphaigne ou du sphagnum*. Lorsqu'elles sont jeunes, elles sont très souvent cultivées dans des pots pas très haut, dans un substrat très filtrant, drainant car cette fougère est particulièrement sensible à la pourriture racinaire.
    Il a été constaté que les plantes cultivées dans des potées sont souvent déformées et ne poussant pas verticalement comme les autres.
    Par la suite, comme son système racinaire est relativement réduit, il sert juste à fixer, rattacher la fougère à un support, il est donc préférable de l'attacher sur une écorce avec des liens en coton, chanvre ou un bas et un épais tapis de mousse et de sphaigne, également la fixer dans un panier suspendu, dans une poche en toile de jute fixée sur un panneau en bois, en évitant de mettre des clous dans les frondes en bouclier et maintenir une certaine humidité pour favoriser l'enracinement.
    emplacement : elle a besoin contrairement à ce que l'on croit d'une lumière vive, indirecte ou diffuse à l'abri des courants d'air frais et protégée des rayons du soleil lorsque l'exposition est au sud ou au couchant. Contrairement ne supportera pas longtemps de vivre sous une lumière artificielle ou dans la pénombre, une salle de bains avec fenêtre serait l'endroit idéal.
    Au printemps, lorsque les températures nocturnes sont douces, elle peut être placée à l'extérieur il faut juste faire attention à ce qu'elle ne soit pas exposée directement au soleil et veiller à ce qu’elle soit bien arrosée et la rentrer à l'intérieur lorsque la température commence à être froide la nuit.
    Chr. Reymond ©
    zone : 9 - 11 chaude et humide, tolère des températures assez fraîches, mais elle dépérit dès - 1°C (30 ° Fahrenheit) et elle est capable de supporter des périodes de sécheresse, elle va légèrement se flétrir, mais pas beaucoup plus.
    origine: sur les troncs et les branches des arbres des forêts pluviales du sud-est de l'Australie dans les états de Nouvelle-Galles du Sud, plus au nord au Queensland et à l'est sur l'île volcanique de Lord Howe, en Indonésie sur l'île de Java, Nouvelle-Guinée et Nouvelle-Calédonie.
    Certains auteurs la donne originaire de la Nouvelle-Guinée selon l'enregistrement en 1906 dans l'index International des noms de pantes (IPNI).
    entretien : il faut savoir que les Platycerium absorbent l'eau à travers leurs frondes et leurs racines, il faut donc maintenir la base de la plante humide (pour une suspension tremper le panier), et brumiser régulièrement la plante entière, en se concentrant sur le revers des frondes aériennes et sur les frondes du bouclier, avec une eau à température ambiante et non calcaire, effectuer un apport d'engrais pour plantes vertes fortement dilué pendant la période de croissance c'est à dire au printemps et en été, durant la période de dormance, en automne et en hiver , les réduire à tous les 2 mois ou carrément les supprimer si la pièce est froide.
    Si l'extrémité ou les marges des frondes brunissent, c'est que l'atmosphère est trop sèche, il faut brumiser régulièrement, mais il faut s'assurer que la plante est capable de sécher correctement après l’arrosage, il faut que la pièce soit suffisamment ventilée, ceci est particulièrement important en hiver. Par contre si les frondes bifurquées commencent à brunir ou à noircir à la base, c'est le signe d'un arrosage excessif, il faut alors réduire l'arrosage à une fois par mois jusqu'à ce que la plante montre des signes de reprise.
    Pour ne pas commettre d'erreur en règles générales (il faudra évidemment les adapter à votre environnement) tout au long de l'année il faut arroser une fois par semaine pendant les périodes chaudes sèches et toutes les deux ou trois semaines pendant les mois les plus froids, lorsqu'il y a moins de lumière ou de chaleur il faut moins d'arrosage.
    Il faut arroser la motte de racines jusqu'à ce qu'elle soit saturée d'eau. L'apport minimum d'engrais est de 2 fois dans l'année, les jeunes plantes ont besoin de plus de nutriments que les adultes.
    Des collectionneurs ne mettent plus d'engrais juste des peaux de banane coupées en petit morceau et placer dans la motte.
    maladies et ravageurs : elle peut être sujet aux cochenilles à boucliers, aux pucerons blancs; la motte peut abriter une colonie de fourmis qui vivent en parfaite symbiose avec la plante; serait-ce avec la même dépendance que les acacias avec leurs fourmis ?
    NB : son nom Platycerium  qui lui a été redonné finalement en 1906 juste après son acceptation lors du congrès botanique de Bruxelles en 1905, vient du grec ancien "platys" qui signifie aplati, et de "kerion" qui désigne un nid d'abeilles, rayon de miel faisant allusion aux veines proéminentes aréolées des frondes stériles et 'kéras' désigne la corne d'un animal, et son nom spécifique bifurcatum  vient du latin "bi" qui signifie deux ou deux fois. et de "furcatus" à bifurcation, à dichotomie en faisant référence à la forme de la fronde divisée en segments.
    Ce genre épiphyte rarement lithophyte comprenait 35 noms d'espèces après révision en 2002 il ne comprend plus que 9 espèces et 18 noms qui sont non résolus, autrefois 11 d'entre elles étaient originaires des régions tropicales et subtropicales de l'Afrique équatoriale et de l'Asie du sud-est, Indonésie, Philippines jusqu'en Nouvelle-Guinée, 4 espèces de l'Australie, de Madagascar autrefois 4 espèces et une espèce de l'Amérique du Sud, avec deux d'entre elles naturalisées sur les îles Hawaï; à consulter la liste des espèces chez The Plant list.
    Depuis de très longue date fortement prisée et en vogue dans les états du sud des États-Unis surtout en Floride, en France elle était à la mode dans les années 1960 -70, puis tombée en désuétude, on aperçoit encore de temps en temps avec étonnement une potée chez un horticulteur.
    En langue allemande il existe "Die Farngattung Platycerium, Inaugural-Dissertation"... de Heinrich, Ritter von Straszewskir, toujours réédité, consultable en ligne en format pdf, écrire dans un moteur de recherche Die Farngattung Platycerium - Science Direct.
    Vous pouvez en découvrir de fort belles dans les serres du jardin botanique de Genève, dont celles en photo sur cette page et un étonnant spécimen suspendu à l'entrée d'une des serres aux orchidées chez Vacherot et Lecoufle*, 94470 Boissy-Saint-Léger dans le Val de Marne et dans le jardin botanique de Fairchild à Miami.
    Quelques autres espèces :
    - Platycerium alcicorne  Desv. une espèce Malgache don le nom n'est pas résolu, frondes fertiles étroites longues à l'extrémité divisées de deux en deux comme son nom l'indique.
    - Platycerium andinum  Baker., originaire de la Cordillère des Andes en Amérique du sud.
    - Platycerium angolense  Welw. ex Hook., Platycerium elephantotis  Schweinf., Alcicornium angolense  Underw., originaire comme son nom l'indique de l'Angola, de la République Centre Africaine, du Congo et de la Tanzanie, elle fait partie de la pharmacopée traditionnelle.
    - Platycerium biforme  Blume est non résolu en 2018, pas de synonyme pour l'instant, elle est originaire du sud-est de l'Asie dont la Malaisie.
    - Platycerium coronarium  (J.G. Koen.ex. Muell) Desv., pas de synonyme retenu, est originaire de l'ex péninsule indochinoise Viêt Nam, Cambodge, Thaïlande, Laos, Birmanie, la Malaisie et Singapour où vous pouvez la découvrir.
    - Platycerium ellisii  Baker, synonymes Platycerium diversifolium  Bonap., Platycerium ellisii var. diversifolium  (Bonap.) C. Chr.
    - Platycerium grande  (J. Sm. ex Fee) Presl., autrefois elle était connue sous le nom de Platycerium superbum  G.J.Joncheere et E. Hennipman, originaire des forêts pluviales des basses terres du Queensland et du nord de la Nouvelle-Galles du Sud, environ 2 m d'envergure à larges frondes fertiles en forme d'éventail à lanières en partie haute multilobées. Photo 2.
    - Platycerium madagascariense  Baker, une des deux espèces endémiques à l'île de Madagascar aux frondes ondulées.
    - Platycerium quadridichotomum  (Bonap.) Tardieu, pas de synonyme retenu, endémique à Madagascar dans le Parc National de l'Ankarana, une réserve protégée célèbre pour ses massif gris ou ocre rouge déchiquetés, où elle a la particularité de sécher complétement pour reverdir dès la première pluie.
    - Platycerium stemaria  (P. Beauv.) Desv., synonymes Platycerium aethiopicum  Hook., Acrostichum stemaria  P. Beauv.
    - Platycerium wallichii  Hook., il n'a pas de synonyme retenu, Corne de Cerf de Wallich, endémique à la Thaïlande.

    Ci-contre article paru dans le Mondes des plantes : revue trimestrielle et internationale dans la rubrique bibliographie page 29 - 01 août 1810, consultable en ligne à la BnF-Gallica.

    Dans l'abécédaire consulter la liste des autres espèces de fougères.

    Annotations :
    *Alcicornium, ce nom lui a été donné en 1826 par Freycinet.
    *Acrostichum était classé en 1799 dans la famille des Pteridaceae, découverte dans les ravins de Port Jackson en Nouvelle Hollande, c'était le nom donné à la baie de Sidney, baie peuplée de nombreuses petites îles et baies. La Nouvelle Hollande était, le nom donné à l'Australie, c'était aussi celui qui avait été attribué en 1647 par les hollandais qui travaillaient pour le compte de la Compagnie hollandaise des Indes occidentales, lorsqu'ils pénétrèrent sur les terres amérindiennes qui se situent à l'emplacement actuel d'une partie du Connecticut et du New Jersey limitrophe.
    *Cav., abréviation botanique pour l'abbé botaniste-naturaliste et géologue espagnol Antonio José Cavanilles (1745- 1804), qui s'installe comme tuteur à Paris en 1777 et c'est au contact de Antoine Laurent de Jussieu et de André Thouin qu'il se passionne définitivement pour la botanique, l'un des premiers scientifiques espagnols à appliquer la nomenclature de Linné, c'est lui qui fera la première description du Dahlia et 42 autres genres d'Amérique du sud. En 1801, il est nommé directeur du jardin botanique Royal de Madrid où l'on peut découvrir sa statue.
    *C.Chr., abréviation botanique pour le botaniste Carl Frederik Albert Christensen (1872-1942).
    *Lecoufle un des premiers hybrideurs français, maison fondée en 1889, en 2018 les serres abritent plus de 29.000 orchidées de 1.182 espèces différentes, dont 5.800 pieds mères. Ce savoir faire français est toujours entre les mains de la famille, ils vous proposent un service de rempotage ainsi que le gardiennage de vos orchidées pendant les vacances d'été (de juin à octobre), article dans les échos le 22 mars 2018 consultable en ligne en reprenant le texte : plus de 29.000 orchidées de 1.182 espèces différentes.
    D'ailleurs en 1965 Marcel Lecoufle fait paraître un article sur la révision du genre Platycerium dans la Revue horticole volumes 137 à 139 page 1026 où il relatait qu'à cette date là nous ne connaissions que cinq espèces suivantes qui ont été importées des îles d'Australasie.
    repris dans la Revue Horticole 1965 N° 2264 - Chronique horticole à la Société Nationale d'Horticulture de France - Révision du Genre Platycerium, par M. Lecoufle. Colloque .. (Paris, S.N.H.F., 17 décembre 1964), par J. Hallard .U Broché – 1965.
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veines anastomosées sur les fronde stériles




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