Lunaria annua - Monnaie-du-Pape, Herbe aux écus
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    Nom commun : Lunaire annuelle, Lunaire bisannuelle, Monnaie-du-pape (Monnaie du pape), Herbe aux écus, Médaille de Judas, Monnoyère, Semelle du Pape, Clé de Montre, autrefois, régionalement et cité dans le Littré : Faux thlaspi, Grande lunaire, Satinée, Passe-satin, Blanc satin, Satin blanc, Bulbonac (écrit Bolbonach), Balvonach ou Médaille, nommée par les anglophones 'Honesty plant, Chinese coins', en allemand 'Einjährige Silberblatt, Silberblätter, Gartensilberblatt , Judassilberling , Judaspfennig, Gartenmondviole, en espagnol 'Lunar anual, Hierba con Ecu, Moneda del Papa', en italien 'Monete del papa, Erba d'argento, Medaglioni del Papa', en portugais 'Moedas do papa, Planta de prata, Grama para ecu', en russe 'Lunnik odnoletniy'.
    Nom latin : Lunaria annua L.* que certains préfèrent nommer Lunaria biennis Moench*, ayant pôur synonymes retenus, Lunaria inodora Lam.*, Lunaria ovalis Stokes.* la révision de 2012 ne retient qu'un seul synonyme Crucifera lunaria E.HLKrause
    famille : Brassicaceae (Cruciferae).
    catégorie : bisannuelle qui ne craint pas la concurrence racinaire dont certaines variétés peuvent être cultivées comme des annuelles à partir d'un semis précoce sous serre.
    port : érigé se ramifiant en partie haute la deuxième année.
    feuillage : caduc, vert assez vif à vert soutenu, nervuré lui donnant un aspect gaufré et légèrement bombé. Sur de grandes tiges rigides, des feuilles alternes cordiformes, pointues, à marge régulièrement dentée. Les feuilles supérieures sont sessiles, les inférieures pétiolées.
    floraison : la seconde année après le semis, de la fin du printemps au début de l'été, courant mai-juillet, parfumée et nectarifère et pollinifère, visitée par les abeilles, les bourdons et certaines espèces de papillons.
    Panicules de petites fleurs comestibles, de 2 à 2,5 cm à 4 pétales disposés en croix, 6 étamines (4 longues et 2 courtes), dans un calice à 4 sépales effilés.
    couleur : rose violacé, plus foncé au niveau des nervures, à violet purpurin, rarement blanche pour l'espèce type.
    fruits : dès le mois de juin, des silicules orbiculaires, comme la lune de 4 cm de Ø, composées de deux carpelles (cloisons) et d'une fine membrane centrale satinée et argentée et des graines aplaties, visibles à l'oeil nu, qui se récoltent au début de l'automne et qui sont convoitées par les oiseaux.
    Planche botanique de ses fructifications de Joseph Pitton de Tournefort* publiée dans "Eléments de botanique, ou Méthode pour connaître les plantes", publiés à Paris, en 1694, à consulter à la BnF.
    croissance : rapide.
    hauteur : 0.80 à 1m pour un Ø de ± 0.30 m.
    plantation : au printemps ou mise en place de plantules à l'automne qui grossissent tranquillement au cours de l'hiver.
    multiplication : dans bien des cas les graines se ressèment spontanément en pleine terre, également le semis sous châssis froid à l'automne en poquet de 2 ou encore de la fin de l'hiver au début du printemps entre 15 et 20 °C , compter pour la levée ± 7 jours, repiquer, lorsque les plantules font 7 cm et transplanter tous les 30 cm lorsqu'elles sont bien établies vers la fin août en principe, floraison l'année suivante.
    Pour de meilleurs résultats, il est conseillé de semer directement en pleine terre, tout en sachant que les semis tardifs à partir de juin prendront une deuxième année pour fleurir.
    sol : léger, un peu acide, fertile, riche en humus, ainsi que sur des sols graveleux ou argileux.
    emplacement : soleil, mi-ombre partielle.
    zone : 4 - 10, U-K hardiness H6, USDA zones 4a-10a, tolère aisément jusqu’à -15 °C, une fois installée, elle est parfaitement adaptée à la sècheresse. USDA zones 4a-10a.
    origine : fossés, lisières des bois et prairies de l'Europe méridionale et orientale et du pourtour méditerranéen, jusqu'à une altitude de 1 500 m, surtout en zones humides.
    Elle a commencé à être cultivée à partir de la fin du 16e siècle dans les jardins d'agrément dont elle s'est échappée et s'est naturalisée aux alentours dans les haies et les décombres puis elle a migré un peu plus au nord, toujours en climat tempéré.
    Introduite en France vers 1570 et selon Coste et Le Gendre subspontané aux alentours de 1583, la croyance populaire lui attribuait des pouvoirs magiques et la considérait comme un talisman bénéfique, qui pouvait améliorer leur condition.
    entretien : la première année arroser sans excès les plants, par la suite les réduire puis les suspendre, en fin de floraison enlever les tiges desséchées pour limiter la propagation sauvage.
    Pour utiliser la Monnaie-du-Pape, dans des bouquets secs, faire sécher les tiges chargées de silicules, la tête en bas et pour faire apparaître la membrane parcheminée et nacrée, il faut juste enlever entre le pouce et l'index, les valves scarieuses.
    maladies et ravageurs : une humidité excessive du sol, favorise la pourriture racinaire et le développement de l'oïdium et à la rouille blanche induite par Cystopus candidus. Au printemps, l'extrémité des jeunes pousses peut subir les assauts des pucerons, mais elles sont non consommées par les lapins.
    C'est la plante hôte des larves et chenilles de certaines espèces de papillons, comme celles du blanc crémeux et orange aurore (piéride du cresson) Anthocharis cardamines (Orange-tip), lorsqu'elles sont en manque de Cardamine des prés (cresson des prés), d'Alliaire ou d'Arabis ou occasionnellement del'étonnant Talisman (Blood-vein) Timandra comae.
    NB : son nom Lunaria vient du latin 'luna' qui désigne la lune, faisant référence à la forme et couleur de ses fruits et ses noms spécifiques annua signifie annuelle et biennis signifie bisannuelle ce qui semble plus juste comme nom comme l'avait remarqué Moench qui l'a ainsi renommée et fréquemment repris dans de nombreuses citations.
    Les noms de Monnaie du pape, Herbe aux écus étaient aussi les noms donnés à la Lysimachia nummularia, dans le patois et les parlers de l'Aunis (au nord-ouest du département de la Charente-Maritime) et de la Saintonge. Dans le langage des fleurs, elle symbolise l'oubli.
    La lunaire annuelle, figure, hélas sur la liste rouge de la Flore vasculaire de Picardie depuis 2012, de Midi-Pyrénées et région Centre en 2013, de Lorraine et de Haute-Normandie en 2015 et la liste de la Flore vasculaire menacée en Alsace depuis 2014 et depuis 2018 elle figure sur la liste rouge de la flore vasculaire de France métropolitaine qui est consultable en ligne à l'IPNI.
    Ce genre comprenait 32 noms d'espèces référencés après révision en 2012, ont été acceptés que 3 espèces de bisannuelles, qui se meurent après la floraison, mais se ressèment à l'infini et poussent sans problème, dans les terres les plus ingrates et sèches et même au pied des arbres ou dans les haies, au sol tapissé de racines où peu de plantes acceptent de se développer.
    La monnaie-du-Pape a été source d'inspiration pour de nombreux artistes, on la retrouve stylisée dans des oeuvres réalisées par René Lalique (vase), par Louis Majorelle dans la "Villa Jika", la "Villa Bergeret' à Nancy, vitrail et ferronnerie notamment sur la rampe d'escalier, la découvrir.
    Propriétés et utilisations :
    Cette Monnaie du Pape est riche en vitamine C et malgré une certaine amertume, ses jeunes feuilles, ses boutons floraux, fleurs et ses jeunes siliques sont consommées crues, cuites ou après conservation par lacto-fermentation, comme c'est le cas à l'est de l'Europe où les graines grillées, entrent dans la préparation de thés et associées aux racines séchées puis réduites en poudre, comme aromate ; et les anciens, consommaient ses racines, en salade un peu comme celles de la raiponce.
    Les graines contiennent un alcaloïde la lunarine (août 1971), autrefois, la médecine populaire lui attribuait des propriétés diurétiques, vulnéraires, elle était prescrite pour traiter les crises épileptiques et utilisé comme remède contre la rage (anti-hydrophobique).
    Parmi les variétés et cultivars, citons :
    - Lunaria annua 'Alba' environ 1m x 60 cm et des fleurs blanches délicieusement parfumées.
    - Lunaria annua 'Chedglow' une nouveauté 2019 au feuillage vert violacé (aubergine), floraison courant avril-mai d'un rose violacé sur une tige prune, photo bas de page, cliquer dessus pour grand format.
    - Lunaria annua 'Corfu Blue', 'Bleu de Corfou', au feuillage vert moyen sur des tiges violet foncé, une floraison bleu violet à bleu mauve.
    - Lunaria annua 'Munstead Purple', de 60 à 90 cm de haut, feuillage d'un vert foncé, sur des tiges pourprées, floraison couleur magenta foncé (violet rouge voir Pantone / PMS 2415 C).
    - Lunaria annua 'Rosemary Verey'* au feuillage plus larges cordiformes, d'un vert foncé maculé de pourpre aux tiges aubergine et floraison couleur magenta foncé assez proche de la précédente.
    - Lunaria annua 'Variegata' au feuillage marginé de blanc.
    - Lunaria annua var. albiflora 'Alba Variegata', feuillage vert soutenu irrégulièrement marginé de crème, une panachure qui n'apparait qu'au cours de la deuxième année, abondante floraison blanche courant avril-mai.
    Brighton Plants © Flickr
    - Lunaria rediviva 'Violette', un cv de l'européenne sauvageonne Lunaire vivace, aux fleurs rose pâle ou d'un blanc pur, qui se fait rare et qui est, en voie de disparition dans son milieu naturelle, formant une touffe buissonnante, d'environ 1 m x 60 cm, lorsqu'elle est en fleurs, son feuillage est aussi dentele. Une abondante floraison parfumée, courant avril-mai, dans un ton de rose, violet parme sur des tiges vertes.
    Autre espèce à cultiver au jardin :
    - Lunaria rediviva L., synonymes retenus Lunaria alpina Bergeret, Crucifera rediviva E.HLKrause, la Lunaire vivace ou Lunaire odorante nommée par les anglophones 'Perennial Honesty', originaire des forêts montagneuses de feuillus du nord et du centre de l'Europe, présente dans les Balkans, en Suisse, Italie, Allemagne ainsi qu'en France, dans les Ardennes.
    Une vivace rugueuse, velue de 0.50 à 1 m de haut, aux feuilles opposées et cordiformes, dans la partie supérieure, poilues en partie base, elles sont alternes et plus ovales à lancéolées, avec une marge irrégulièrement dentée.
    Floraison plus petite, parfumée, rose pâle ou d'un blanc pur, aux silicules ovales-oblongues rétrécies aux extrémités, une des rares reliques de la période Tertiaire qui est en voie de disparition, dans son milieu naturel, et, de plus, elle est moins introduite dans les jardins d'agrément.
    - Lunaria telekiana Jáv. n'a pas de synonyme retenu.

    Annotations :
    *Lam., abréviation botanique pour le naturaliste-biologiste-botaniste français Jean-Baptiste Antoine Pierre de Monnet de Lamarck (1744-1829), le fondateur de la biologie. Il en établiT les principes théoriques, voir Philosophie zoologique (1809), où il met en place, une nouvelle classification pour les animaux. Il est considéré comme le plus grand botaniste de son temps, on lui doit un traité de botanique 'Encyclopédie méthodique' (1783-1793), où, il y énonce, un principe fondamental, sur l'évolution des animaux et végétaux qui sous l'influence de diverses conditions induisent des adaptations et modifications. Auteur de l'Histoire des Mollusques, ouvrage de référence dans la nomenclature des coquillages.
    *L., abréviation botanique pour le médecin, botaniste-naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), auparavant Carl Linnæus, à qui l'on doit la classification des végétaux, des minéraux et des animaux et la nomenclature binominale, basée sur la juxtaposition de deux mots en principe en latin, désignant le genre suivi du nom de l ’espèce, c'est la base de la taxinomie et de la nomenclature internationale.
    Durant ses études de médecine, il entame la réalisation d'un herbier de la flore de Laponie qui sera suivi d'un ouvrage 'Flora lapponica' et le récit de son Voyage en Laponie édité en 1738, la traduction en français a été rééditée en 2002, éditions de la Différence.
    En 1738, il exerce la médecine durant trois années, puis il l'enseigne durant une année à l'Université d'Uppsala, par la suite jusqu'en 1772, il y enseigne la botanique et il fonde l'Académie des Sciences de Suède. Son herbier, le plus riche de son époque contenait 7000 plantes.
    *Moench., abréviation botanique pour le botaniste allemand Conrad Moench (1744-1805), durant toute sa vie il enseigne à l'Université protestante de Marbourg (Hesse-Allemagne), il est en total désaccord avec Linné à propos de la classification des plantes. On lui doit des ouvrages sur la systématique.
    Un petit genre de 3 espèces, présentes au sud de l'Europe, lui est dédié, Moenchia (Caryophyllaceae) par un autre opposant à Linné, le médecin botaniste allemand F.K. Medicus (1736-1808), ainsi qu'à une douzaine d'espèces spécifiques sous la forme moenchii, moenchia, moenchiana.
    *Rosemary Verey, une obtention anglaise dédiée à la célèbre jardinière paysagiste Britannique Rosemary Verey (1918-2001) une créatrice de jardins chère au coeur des jardiniers anglo-saxons, qui les a initiés, au potager ornemental. Elle a a conseillé le prince Charles pour son jardin à Highgrove et elle a conçu pour Elton John, les jardins de son domaine à Woodside.
    Elle est l'auteur de nombreux ouvrages sur le jardin dont The New Englishwoman's Garden en collaboration avec Alvilde Lees-Milne publié en 1887, The Scented Garden en 1989, The Art of Planting publié en 1990, Rosemary Verey's Garden Diary en 1992, English Country Gardens en 1996 et The Garden in Winter publié post mortem en octobre 2002.
    *Stokes, abréviation botanique pour le médecin-botaniste Jonathan Stokes (1755-1831), resté célèbre pour ses travaux et essais cliniques sur l'utilisation de la digitale dans le traitement de l'insuffisance cardiaque.
    *Tournefort, médecin, botaniste aixois Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708), qui constitue un célèbre herbier comprenant les flores dauphinoise, savoyarde, parisienne et montpelliéraine. Il fixe, définitivement, le genre Aphyllanthes, et il est, l'initiateur du premier système de classification des fleurs, sur leurs caractères constants, qui a été repris par la suite par Carl Linné.
    Conseiller du Roy, en 1683, il est nommé professeur de botanique au Jardin du Roy, c'est aujourd'hui le Jardin des plantes. En 1691, il devient académicien, pensionnaire de l'Académie Royale des Sciences, puis en 1696, docteur de la Faculté de Médecine de Paris.
    En 1700, à la demande de Louis XIV, il entreprend un voyage de deux ans, aux pays du Levant, qu'il relate en deux volumes publiés en 1717, sous le titre "Relation d'un Voyage du Levant fait par ordre du Roy" (contenant, l'histoire ancienne et moderne de plusieurs isles de l'archipel, de Constantinople, des côtes de la Mer Noire, de l'Arménie, de la Géorgie, des frontières de Perse et de l'Asie Mineure), au cours de ce séjour, il s'intéresse aux drogues, aux préparations médicinales et les plantes d'où, on les tire, que l'on retrouve dans l'Histoire abrégée des drogues simples. Afin de ne plus dépendre, de l'Orient, on lui doit l'acclimatation des Térébinthacées.
    natacha mauric© 14/06/2004 ® Jardin! L'Encyclopédie
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