Crocus versicolor - Crocus changeant, bigarré
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    Crocus versicolor
    Lafanche ©
    Nom commun : Crocus changeant, Crocus bigarré, Crocus de Crest, Safran printanier, Fleur des neiges, Drap blanc, nommé en italien 'Zafferano della Riviera', et par les anglophones 'Riviera crocus'.
    Nom latin : Crocus versicolor Ker Gawl.*, synonymes Crocus cristensis Eugène*, Crocus fragrans Haw*, Crocus meridionalis Risso, Crocus reinwardtii Rchb., Crocus tommasinianus sensu auct., Crocus versicolor Ker Gawl. subsp. crestensis (Eugène) Nyman, Crocus versicolor Ker Gawl. var. crestensis (Eugène) Baker
    famille : Iridaceae.
    catégorie : bulbeuse acaule à corme piriforme, marron foncé à tuniques membraneuses et radicelles blanchâtres, vivant en colonie par plaques.
    port : érigé, rectiligne et légèrement évasé.
    feuillage : caduc, lisse vert brillant et blanc pour la ligne médiane. De 4 à 5 petites feuilles étroites, canaliculées, linéaires effilées en pointe apparaissant dressées ou arquées en même temps que la fleur.
    floraison : parfumée à la fonte des neiges (janvier/février-avril selon climat), durant une période d'environ 6 semaines.
    Petite fleur hermaphrodite solitaire ou par 3/4 au bout d'un long pédoncule de Ø ± 35 mm, au périanthe tubulaire formé de 3 tépales et 3 sépales, 3 étamines contre les sépales, aux anthères bifides en forme de pointe de flèche barbelée et un pistil comestible formé de 3 stigmates trifurqués. Des fleurs sortant d'une spathe monophylle.
    couleur : géographiquement, il y a des variations dans les couleurs et même entre deux fleurs côte à côte, dans le même habitat ; blanche ou lilas mauve au revers veiné de 3 à 5 griffures d'un violet soutenu parfois bleuté, avec un fond de gorge blanc ou jaune pâle. Jaune pour les étamines et jaune orangé pour les stigmates.
    fruits : petite capsule à trois faces, renfermant plusieurs graines ovoïdes et d'un rouge orangé.
    croissance : moyen.
    hauteur : 0,15 à 0,20 m de haut.
    plantation : pour les variétés horticoles, à l'automne, de la fin septembre jusqu'au début novembre, en prenant soin de planter les cormes entre à 7-12 cm de profondeur, compter deux années pour une parfaite installation, tous ne fleuriront pas la première année. Pour avoir un effet de masse, il faut compter entre 125 à 150 cormes au m², en les éparpillant à la volée avant de les planter.
    En association avec d'autres bulbeuses, à ce moment là, il faut planter d'abord les plus gros bulbes et les recouvrir de terre jusqu'à la pointe et ensuite planter les crocus par-dessus, au-dessus d'autres plantes bulbeuses.
    multiplication : par division des bulbilles. Il a une multiplication végétativement, après la floraison le bulbe disparait laissant la place à d'autres caïeux, par semis, la première floraison a lieu au bout de 4/5 ans. La période de repos est estivale.
    Il est conseillé tous les 3 à 5 ans, de les déterrer et de séparer les caïeux séparés, puis de les replanter séparément.
    sol : tous, surtout bien drainé.
    emplacement : soleil.
    zone : 3-9, U-K hardiness H4, USDA zones 3a–9a, dans les régions aux pluies printanières généreuses, suivies d'étés plutôt secs.
    origine : endémique aux pelouses sèches, aux alpages, aux pâturages et prairies vallonées du sud-est de la France, des Alpes-Maritimes (dont Parc du Mercantour) jusqu'aux Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes (Dauphiné) jusqu'à une altitude de ± 1 600 m, et sur les versants italiens, en Ligurie, dans la province de Cuneo, présent au Col de Turini jusqu'à 1 600 m, dans le Mercantour Argentera jusqu'à 2 000 m, sur les versants du Mont Grai, c'est une espèce protégée apparaissant très tôt, souvent dès que la neige a disparu.
    Découvert à Crest dans la Drôme d'où le nom de Crocus cristensis, dans le bulletin de la Société botanique de France ,séance du 8 Mai 1868 page 103 dans le volume 15 (1868), il est rapporté :
    Lettre de M. Hervier-Masson à M. Eug. Fournier, Saint-Étienne , 8 avril 1868.
    "Le père Eugène, qui m'a charge de présenter a la Société son catalogue de la flore de Crest, a découvert une nouvelle espèce de Crocus, voisine du Crocus versicolor Gawl., mais qui s'en distingue par des caractères constants. II m'en a donné la description précise sur le vif ; j'espère en faire parvenir à la Société l'année prochaine, des échantillons en fleur."
    Note sur nouvelle espèce de Crocus, par le Révérend Père Eugène (de l'ordre de Saint-François), Saint-Étienne , 20 juillet 1868.
    "Nous avons trouvé en février 1867, dans un bois autour de Crest (Drôme), une espèce de Crocus ayant de grands rapports avec le C. versicolor Gawl., mais qui en diffère par quelques caractères assez tranchés. Nous la considérons comme une variété remarquable du Crocus versicolor.
    En attendant que la Société botanique ait reconnu la valeur de la forme ou de l'espèce de notre Crocus, nous la nommons et la distribuerons sous le nom de Crocus cristensis P. Eug.
    entretien : en fonction de la pluviosité printanière, il convient donc d'arroser au printemps, avant la floraison et pour ceux qui sont installés, dans les pelouses ou les prairies, il faut attendre que le feuillage ait complètement jauni avant de tondre, histoire qu'ils aient le temps de faire des réserves avant d'entrer en dormance, on recommande d'attendre six semaines après la floraison des crocus pour passer sans crainte, la tondeuse.
    maladies et ravageurs : comme pour tout les autres crocus, il peut être sujet aux pourritures (rots) et aux moisissures (moulds) et les cormes sont convoités par les souris, les campagnols et les écureuils.
    NB : c'est Linné*, qui en 1737, lui donne le nom de crocus, mot qui vient du grec, 'krokos' qui désigne déjà le safran, mot qui viendrait de l'arabe 'sahafaran' ou 'za'faran', et son nom spécifique, versicolor, signifie de couleurs différentes ou changeantes, mot venant du verbe latin 'versare', varier et 'color' couleur donc bigarrée.
    Dans la mythologie grecque, un jeune mortel Krokos (Crocos) tomba amoureux de la nymphe Smilax, par les dieux, il fut métamorphosé en une fleur, le crocus (safran), tandis que la nymphe Smilax, fut changée en une volubile et rugueuse salsepareille, le Smilax aspera.
    En Crète, durant la civilisation minoenne, c'était une fleur sacrée, couramment utilisée pour honorer les tombes des disparus et protéger leur vie dans l'au-delà, les stigmates symbolisent la passion immortelle, lire Ovide, Métamorphoses, livre IV - Légendes thébaines et autres : les Minyades (2) (4, 274-415).
    En 1612, l’un des grands marchands de fleurs d'Amsterdam Emanuel Sweerts (1552-1612), publiait 'Florilegium amplissimum et selectissimum', le catalogue illustré de ses collections et la collection des jardins de l'empereur allemand Rodolphe II, dont il était le jardinier en chef, l'unun des premiers catalogues commercial illustré renfermant 110 planches représentant 560 plantes et fleurs dessinées d’après nature ; un exemplaire, de la réédition de 1647 est consultable à la bibliothèque numérique du Real Jardín Botánico de Madrid.
    Ce genre comprend environ quatre-vingt espèces, originaires des zones tempérées de l'Afrique du Nord, d'Asie Mineure et du sud de l'Europe jusqu'au Caucase.
    De certaines de ces espèces-là, ont été créés, d'innombrables hybrides et cultivars à floraison printanière ou automnale.
    Propriétés et utilisations :
    Crocus versicolor, Crocus bigarré
    Michel Cantagrel © Florenligne
    Pour les jardins, il existe une variété horticole Crocus versicolor picturatus, un crocus d'environ 10 cm, de couleur blanche qui est strié de violet sur le revers et presque uni vers la base.
    Les pistils sont comestibles, mais de nos jours, il est interdit de les prélever dans les Alpes.
    Dans la pharmacopée traditionnelle, les bulbes étaient réputés comme d'autres espèces du genre pour leur propriété antispasmodique, emménagogue, hypnotique, sédative, stimulante et tonique.

    Dans l'abécédaire, consulter la liste des autres espèces de Crocus, présents dans l'Encyclopédie.

    Annotations :
    *Haw., abréviation botanique pour le botaniste, entomologiste, anglais Adrian Hardy Haworth (1767-1833), collectionneur et expert en plantes grasses, à qui l'on doit entre autres, les premières descriptions de plusieurs genres, tels que Notocactus, et un genre lui a été dédié : Haworthia.
    *Ker Gawl., abréviation botanique pour le botaniste archéologue britannique John Bellenden Ker Gawler (1764 - 1842), son soutien à la révolution français fait qu'il quitte son poste de capitaine dans l'armée en 1793, et à partir de cette date, il n'exerce plus que la botanique.
    Le genre Bellendena, dans la famille des Proteaceae, lui a été dédié en 1810, par Robert Brown (1773-1858).
    On lui doit des ouvrages de références 'Recension Plantarum', édité en 1801, 'Select Orchideae', en 1816 et 'Iridearum Genera', en 1827. Entre temps, de 1815 à 1824, en collaboration avec John Lindley (1799-1865), il fait paraître une revue illustrée 'Botanical Register'.
    *Linné, botaniste-naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), avant d'être anobli en 1757, Carl Linnæus, également médecin, à qui l'on doit la classification des végétaux, des minéraux et des animaux et la nomenclature binominale, basée sur la juxtaposition de deux mots en principe en latin, désignant le genre suivi du nom de l'espèce, c'est la base de la taxonomie et de la nomenclature internationale.
    Durant ses études de médecine, il entame la réalisation d'un herbier de la flore de Laponie qui sera suivi d'un ouvrage 'Flora lapponica'., son herbier, le plus riche de son époque contenait 7000 plantes.
    En 1738, il fonde l'Académie des Sciences de Suède et à partir de 1741, il enseigne à l'Université d'Uppsala durant une année, la médecine, puis la botanique,jusqu'en 1772. Abréviation botanique L.
    Il est l'auteur de 'Systema naturae, Genera plantarum' et 'Species plantarum', consultable en ligne à la bibliothèque universitaire de Kyoto.
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