Heimia salicifolia - Heimie à feuilles de Saule, Sinicuichi
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    Nom commun : Heimie à feuilles de Saule, Sinicuichi, l'herbe du soleil, l'Ouvreur du soleil, localement connue sous son nom aztèque 'Sinicuichi' nommée par les anglophones 'Shrubby yellowcrest, Willow-leaf heimia, Sun opener, Erva de vida, Sinicuichi, Sini', en allemand 'Sinicuichi', en brésilien 'Abre-sol, Vassourinha', espagnol 'Erva de vida, en finnois 'Kollastav heimia', en tchèque 'Podlupka vrbolistá' .
    Nom latin : Heimia salicifolia  (Kunth*) Link*, synonymes de Decodon salicifolius  (Kunth) Kuntze, Nesaea salicifolia Kunth. est invalide Ginoria flava  Moc. & Sessé ex DC.
    famille : Lythraceae, ordre des Myrtales.
    catégorie : arbuste aux jeunes rameaux quadrangulaires rougeâtres virant progressivement avec le temps au marron fauve.
    port : touffu, compact, très ramifié, arrondi.
    feuillage : persistant, vert clair à vert foncé aux nervures plus claires au revers plus clair, sur la marge un liseré irrégulièrement lavé de rouge, nervure médiane rosâtre, pétiole rougeâtre comme l'écorce des rameaux.
    D'étroites petites feuilles opposées de 9 de long x 1 cm, presque sessiles, lancéolées, incurvées en forme de gouge. Les nouvelles pousses sont lavées de rouge.
    floraison : dans son milieu naturel d'octobre à février, ici en été, courant juin, nectarifères, visitées abeilles, les colibris et par les papillons.
    Fleurs sessiles axillaires, solitaires à corolle à 5 parfois 7 larges pétales lobés et gaufrés à marge ondulée, des bractées oblongues ou elliptiques, plus petites que le calice, à larges et courts sépales triangulaires effilés en pointe, reliés entre eux, et de 10 à 18 étamines saillantes et retroussées.
    couleur : jaune comme les étamines, calice vert acide.
    fruits : enchâssées dans un calice, petites capsules déhiscentes globuleuses de 4 mm de ± à 5 ou 6 loges (locules) contenant de nombreuses petites graines pyramidales (obpyramidales), demeurant longtemps en place à l'aisselle des feuilles, parfois, bien après leur disparition.
    croissance : lente.
    hauteur : 1,50 m à 3 m.
    multiplication : division des touffes et par bouturage.
    sol : riche, acide ou neutre, frais, mais bien drainé.
    rempotage : tous les 2 ou 3 ans en sortant la motte du pot pour contrôler le tapis racinaire.
    emplacement : soleil, mi-ombre, ombre.
    zone de rusticité : 9-10, U-K hardiness H3, USDA zones 7a-10b; adaptée aux embruns et aux vents, tolère 13° et 15 °C. Une fois installé, tolère la sécheresse.
    origine : jusqu'à 2 400 m d'altitude, sur les rives et dans les fossés, le long des cours d’eau, dans les vallées humides et certains chaparrals et garrigues des 17 États du Mexique, la République du Salvador, en Colombie et au sud de l'Argentine, présente dans le sud-ouest des États-Unis au Nouveau-Mexique, Basse Californie du Sud, Basse-Californie et au Texas où elle fleurit de mars à juin.
    Introduite et naturalisée dans les forêts ombrophiles du Brésil dans l'État du Mato Grosso du sud, au sud-est de São Paulo et sud de l'État de Santa Catarina ; consulter la carte.
    entretien : supprimer les bois sec, surtout ne pas tailler sa croissance est très lente et sa forme vraiment en boule.
    NB : son nom Heimia lui a été donné par Kunth* qui assurait la description des plantes sud-américaines collectées par Alexander von Humboldt*, il dédie le genre au médecin, botaniste berlinois Ernst Ludwig Heim (1747-1834) qui soignait gratuitement les patients pauvres utilisant la couleur et de l’odorat pour identifier les maladies ce qui lui vaut en 1822 devint fait citoyen d'honneur de Berlin et son nom spécifique salicifolia à feuilles de saule.
    C'est la seule espèce du genre à être mésoaméricaine, c'était la plante sacrée des Aztèques.
    L'Ethnobotaniste et anthropologue américain Robert Gordon Wasson (1898 - 1986) aurait découvert sa fleur représentée sur une statue de Xochipilli* (le prince des fleurs), convaincu qu'elle pourrait être la plante 'tonatiuh yxiuh'*, l'herbe du soleil de l'herbier Aztèque, le classique codex de 1552*, qui y est décrite, comme une plante à floraison estivale.
    Ce genre après révision en 2013, sur 9 noms d'espèces connus, ne comprend plus que 4 espèces retenues et deux noms non résolus à ce jour.
    Propriétés et utilisations :
    Depuis des siècles, les civilisations de ces contrées, l'utilisent traditionnellement, lors des rituels chamaniques, sous forme de préparation fermentée au soleil, une potion psychodysleptique, appelée l'élixir du soleil, pour vaincre la peur, qui perturbe l'activité mentale normale, qui selon le dosage, peut altérer la mémoire, ayant une incidence, sur l'audition provoquant des hallucinations auditives.
    Dans les sociétés mésoaméricaines précolombiennes l'utilisation de substances psychoactives était courante, et de nos jours les chamans et les guérisseurs mésoaméricains les utilisent encore lors de cérémonies rituelles et lors des initiations.
    Plusieurs alcaloïdes ont été isolés dans l'ensemble de cette plante : la décinine, lythrine, lyfoline, nésodine et la cryogénine* étant les plus importantes. Cette dernière ayant des propriétés anti-inflammatoires au même titre que l'aspirine, l'ensemble de ces 4 alcaloïdes ont des propriétés ataractiques, antispasmodiques et diurétiques réputées dans les médecines traditionnelles et en phytothérapie réputée antisyphilitique, antipyrétique, diurétique, laxatif et sudorifique.
    Des études ont démontré que la lythrine et la décinine, qu'elle contient, sont de véritables hydrodiurétiques, qui pourraient être fort utile dans le traitement de la néphrose et dans celui de la maladie d'Addison*.
    La Heimia est réputée, dans les pharmacopées amérindiennes, soulager la bronchite, les dermatites, favoriser la cicatrisation des plaies, calmer les inflammations et les douleurs intestinales, la dysenterie et prescrite lors des bains après les accouchements, et ce, jusqu'au retour de couches et pour traiter la syphilis.
    De nos jours, la teinture mère ou le macérât glycériné est commercialisée sous le nom de teinture de Sinicuichi.
    Les autres espèces :
    - Heimia longipes (A. Gray) Cory, pas de synonyme retenu.
    - Heimia montana (Griseb.) Lillo, synonymes retenus Heimia salicifolia var. montana (Griseb.) Koehne, Nesaea salicifolia var. montana Griseb.
    - Heimia myrtifolia Cham. & Schltdl., Heimie à feuilles de Myrte, pas de synonyme retenu, il contient également de la vertine.
    - Heimia apetala (Spreng.) S.A.Graham & Gandhi, non résolu en 2019.
    - Heimia grandiflora Hook., non résolu en 2019.

    Annotations :
    *Addison, Maladie d'Addison une maladie endocrinienne rare qui est une insuffisance surrénalienne chronique.

    *Cryogénine, c'est le principal constituant psychoactif également appelé la vertine.

    *Libellus de Medicinalibus Indorum Herbis, l'Herbier Aztèque, le classique codex de 1552, écrit en langue nahuatl par le médecin aztèque Martin de la Cruz, puis, rédigé en latin par l'aztèque Juan Badiano (1484- après 1552), sous le nom de 'Libellus de Medicinalibus Indorum Herbis' connu sous le nom de Codex de la Cruz-Badiano, rédigé à Santa Cruz College de Tlatelolco, toujours édité et téléchargeable en ligne sur researchgate.net. En 1939, ce livre a été traduit en anglais par William Gates, puis en 1964, publication de ce manuscrit en mexicain, édité par l'Instituto Mexicano del Seguro Social, pour fêter le vingtième anniversaire de cette fondation.
    Un exemplaire en espagnol et en regard en texte Nahualt, datant de la moitié du 16e siècle, est conservé, à la bibliothèque du Vatican, sous le nom de Codex barberini de 394 pages, qui renferment 251 plantes de la vallée de Mexico, avec les connaissances et pratiques médicales aztèques, avec des remèdes aztèques séculaires pour soigner, furoncles, goutte, maux de gorge, plaies, tumeurs et d'autres nombreux maux, ainsi que les influences européennes de l'époque.
    Source : Le journal de la société des américanistes, année, 1965, par Joaquin Galarza, les collections de Persée.

    *Tonatiuh yxiuh, tonatiuh signifie soleil, c'est le nom du dieu suprême du soleil de la Mésoamérique aujourd’hui, en Amérique centrale et du Sud, la sinicuichi est souvent appelée 'abre-o-sol', c'est-à-dire l'ouvreur du soleil » parce qu'un des effets de la sinicuichi est qu’elle ajoute un halo jaune, une teinte dorée aux objets lorsqu’ils sont ingérés.

    *Tonatiuh yxiuh y est décrite comme une plante à floraison estivale, tout comme cette Heimia.

    *Xochipilli el Señor de las Flores, le prince des fleurs, était le dieu mésoaméricain de l’été, des fleurs, du plaisir, de l’amour, de la danse, de la peinture, des fêtes, de la créativité et des âmes. C'est une manifestation bienveillante de Piltzintecuhtli, le jeune dieu soleil qui était lui-même une manifestation de Tonatiuh, le dieu suprême du soleil de la Méso-Amérique, article de Mark Cartwright publié en 06 septembre 2013, AHE, Ancient history encyclopédia.

    Une figure aztèque du XVIe siècle, représentant le dieu Xochipilli, se trouve, maintenant au Mexique, au Museo Nacional de Antropología, découverte à Tlamanalco, au pied du volcan Popocatepetl, ce massif était le jardin d'Eden des Aztèques, où , se trouvaient les champignons sacrés, représenté,s sur la statue avec la fleur de tabac, la fleur de sagrada maravilla, le bouton de sinicuiche puis le champignon hallucinogène Psilocibe astecorum.
    Museo Nacional de Antropología
    Découvrir vidéo de l'exposition salle A1.

    *Plante sacrée, Plantes sacrées et leur représentation en Méso-Amérique, lire article, de María de las Mercedes Fuentes, faculté de médecine virtuelle à Buenos Aires.

    *Humboldt, Alexander von Humboldt (1769-1859) explorateur, naturaliste, géographe allemand, élève de Kunth qui en 1799, avec le chirurgien, naturaliste et botaniste rochelais Aimé Bonpland (1773-1858), participe à l'expédition aux Amériques durant 5 années. Le 5 juin 1799, ils quittent l'Espagne à bord du Pizarro pour débarquer le 16 juillet sur la côte caraïbe du Venezuela dans la ville de Cumanà, alors qu'ils souhaitaient initialement débarquer en Nouvelle-Espagne (Mexique), résumé et suite Vertigo par M.Belrose.
    On leur doit 'Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent' en trente volumes publiés de 1805 à 1834, toujours réédités et 'Les plantes équinoxiales recueillies au Mexique, à Cuba... et de la rivière des Amazones' (1808) dont la collection se trouve aujourd'hui conservée au Muséum national d'histoire naturelle de Paris. L'abréviation botanique officielle est Humb.
    Le docteur Ernst Ludwig Heim a influencé Alexander von Humboldt et le naturaliste Christian Konrad Sprengel.

    *Kunth., abréviation botanique pour le botaniste prussien Karl Sigismund Kunth (1788 - 1850) qui à Berlin va gérer les collections récoltées par Alexandre de Humboldt durant ses séjours en Amérique et oeuvrer pour la parution de 'Plantes équinoxiales' édité en 7 volumes.

    *Link., abréviation pour le médecin, botaniste-naturaliste allemand Johann Heinrich Friedrich Link (1767-1851), il commence par enseigner en 1792 dans la plus ancienne Université d'Europe du Nord, l'Université de Rostock dans le département de chimie, botanique et zoologie (Mecklembourg-Poméranie occidentale). Un séjour de deux ans au Portugal l'oriente, une fois pour toutes, vers la botanique et à partir de 1811 à l'Université de Breslau, il y enseigne la botanique et la chimie.
    En 1815, il est nommé professeur d'Histoire Naturelle, Directeur du jardin botanique de Berlin et conservateur de l'herbier, puis membre de l'Académie des Sciences de Berlin. Il entreprend la description des Echinocactus et des Melocactus à partir de 1827. On lui doit de nombreux ouvrages dans différents domaines, dont une Flore portugaise éditée à Berlin (1809-1840), qui sera longtemps un ouvrage de référence.

    *Sprengel., abréviation botanique pour le théologien, pasteur luthérien, professeur de botanique allemand Christian Konrad Sprengel (1750-1816), dès 1787, il se consacre entièrement à l'étude de la morphologie et la sexualité des fleurs (plus de 500 espèces), sur le rôle des insectes et celui du vent sur la pollinisation. Il publie le résultat de ses observations dans 'Das Geheimnis der Natur entdeckte im Bau und in der Befruchtung der Blumen - 1793 (Le Mystère de la nature nouvellement révélée dans la structure et la fécondation des fleurs), un ouvrage révolutionnaire négligé par ses congénères botanistes, déçu par ce manque d'intérêt, il ne publiera pas la suite de ses travaux. Enfin, en 1841, le naturaliste Charles Darwin reconnaît l'importance de ses travaux qui lui serviront de base. Abréviation botanique officiel C.K.Spreng.

    Lire 'La sexualité des plantes' par Alec Bristow (éd.1978), édité en français, Robert Laffont, 1980. 'Les plantes : amours et civilisations végétales' de Jean-Marie Pelt, nouvelle éd. 1980, Arthème Fayard.
    natacha mauric© 24/07/2019 ® Jardin! L'Encyclopédie
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