Verbascum thapsus - Molène Bouillon-blanc
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    Verbascum thapsus
    Andreas Rockstein © Flickr
    Nom commun : Molène Bouillon-blanc, Molène à petites fleurs, Herbe de saint Fiacre, Cierge de Notre-Dame, Herbe à bonhomme, Blanc de mai, Blanc-bouyon, Bonhomme, Oreille de Saint-Cloud, Queue de Loup (couo dé lou en provençal), Queue d'ouille, Bouillon ailé, Bouillon jaune, Bougonne, Brandelon, Grand chandelier, Chandelier-Notre-Dame, Chandelier de la Vierge, Cierge de la Sainte-Vierge, Cierge Notre-Dame, Herbe chandelière, Herbe saint-Fiacre, Herbe à la clavelée, Verge de Saint-Jean ( dans le sud èrbo dé sàn-Fiaeré), Candèlo dé sàn-Jàn en Languedoc, en Aveyron Blày’zàn, en provençal Aourégo d'asé (d'asou), Pédassoun, au Canada c'est la Grande Molène, nommé par les anglophones 'Great mullein, Common Mullein, Mullein, Aaron's Rod, Flannel Plant, Hag Taper, Torches, Velvet Plant', en allemand 'Kleinblütige Königskerze', en arabe 'Albusir, Albusafayr, Adhan aldubi', en espagnol 'Verbasco, Gordolobo', en italien 'Verbasco, Tasso barbasso', en japonais 'Birödomouzuika', en néerlandais 'Koningskaars', en portugais 'Verbasco, Vela-de-bruxa, Barbasco, Pavio,Tipo'.
    Nom latin : Verbascum thapsus L.*, après la révision de 2012 synonymes retenus Verbascum simplex Hoffmanns. & Link*, Thapsus linnaei Opiz*, Thapsus schraderi Opiz, Leiosandra cuspidata Raf.* et non valide Verbascum lanatum Schrad.
    famille : Scrophulariaceae.
    catégorie : bisannuelle hémicryptophyte vivant en symbiose avec des mycorhizes fixatrices d'azote.
    port : forme pyramidale avec la première année juste une rosette basale de larges feuilles épaisses et la deuxième année une robuste tige florifère érigée couverte d'un feutrage velu, qui la protège de l'infestation des escargots, et l'aspect particulier des poils limitent le renouvellement de l'air proche et l'évaporation sur ces différentes parties et lorsqu'il pleut la triangulaire et l'axe des feuilles ramènent l'eau de pluie vers la tige et s'écoule vers les racines.
    feuillage : caduc, vert grisâtre, velu tomenteux à reflets argentés, large nervure médiane fortement marquée.
    Feuilles alternes, ovales à lancéolées, laineuses, feutrées et douces, à court pétiole.
    Les poils sur les feuilles et la tige peuvent provoquer chez certaines personnes des démangeaisons, idem pour les muqueuses de la bouche des ruminants.
    floraison : de plusieurs semaines jusqu'à 3 mois en été jusqu'au début de l'automne, de juin àjusqu'en octobre selon climat, au parfum de miel, nectarifère, visitée par les bourdons, les papillons et d'autres insectes friands de son nectar sucré et collant, pollinisé par des mouches muscoïdes (Milesia) et les abeilles.
    Longs épis denses et velus de fleurs éphémères, hermaphrodites à 5 pétales inégaux, 5 étamines différentes, dont 3 courtes et poilues dans un calice à 5 lobes.
    En Amérique du Nord, les épis servent de perchoirs au Bruant sauterelle Ammodramus savannarum (Grasshopper Sparrow), au Bruant de Henslow Ammodramus henslowii qui consomment les graines durant l'hiver.
    couleur : pour l'espèce type d'un jaune soufre, étamines à anthères d'un jaune orangé.
    fruits : d'août à septembre, des capsules déhiscentes à 2 valves de forme ovoïde, abritant de nombreuses graines brunes à arêtes, elles contiennent des saponines triterpéniques qui sont toxiques pour les poissons, et qui ont des effets narcotiques. Durée germinative des graines plus de cinq ans.
    croissance : rapide.
    hauteur : 0,40 m à 1,60 m possible 2 m.
    plantation : selon climat mars-avril, espacer de 30 cm, compter 3 plants au m², en plantant 1 ou 2 plantes ensemble.
    multiplication : de février jusqu'en avril, semis sans le recouvrir, mélanger les graines avec un peu de sable, puis semer et tasser avec la paume de la main ; également par bouturage de racines en hiver et par division au printemps.
    sol : pauvre, calcaire, bien drainé, l'excès d'humidité provoque le pourrissement racinaire et un sol trop riche nuit à son développement.
    emplacement : plein soleil et mi-ombre partielle, a besoin d'au moins 6 h d'ensoleillement pour fleurir et à l'abri des vents à cause de sa hauteur.
    origine : friches, talus, déblais caillouteux, les décharges, les friches industrielles, les prairies dégradées, dans le gravier, au bord de chemins, le long des voies ferrées et lieux herbeux secs de l'Asie tempérée et de l'Europe, depuis la Norvège jusqu'en Espagne et en Afrique du Nord, jusqu'à 1 200 à 1 500 m d'altitude, introduite à l'est de l'Amérique du Nord.
    zone : 5a - 9, U-K hardiness H=6, USDA zone 4a-10b, tolère jusqu'à -30° C et plus.
    Verbascum 'Merlin'  & 'Cotswold Queen' tittle=
    Verbascum 'Merlin', Chelsea Show* © Chr.Reymond
    entretien : arroser le premier mois après la plantation, prévoir un paillis, pour maintenir un sol frais, les premiers mois et favoriser un enracinement profond jusqu'à 20 cm ; prendre le temps de l'arroser, durant les longues périodes de sécheresse, mettre un tuteurage pour les grands spécimens.
    Retirer les inflorescences fanées pour prolonger la floraison et limiter ainsi l'auto-ensemencement intempestif, puis au fur et à mesure, rabattre les parties desséchées et à la fin de l'hiver nettoyer la touffe.
    maladies et ravageurs : elle peut être sujette à l'oïdium (powdery mildews), et peut subir les grignotages intempestifs d'un charançon Cionus scrophulariae (figwort weevil) et ceux de la vorace chenille de la pyrale de la molène (Cucullie du Bouillon blanc ou Brèche) Cucullia verbasci (mullein moth caterpillars), découvrir le récit de la vie de ce papillon de nuit, dans le jardin, de Démons & Merveilles en Maine-et-Loire.
    Cette Molène a sa place au jardin et au potager, car, elle attire la punaise de la molène Campylomma verbasci qui est très friande d'espèces de pucerons et d'araignées rouges (Tétranyque tisserand) Tetranychus urticae.
    Mais, au Canada, la présence de cette punaise, cause, dans les vergers, des dégâts sur certaines variétés de pommier, parce qu'elle dépose ses pontes, sous l'écorce et ses larves se développent sur les fleurs et les jeunes fruits.
    NB : son nom Verbascum vient du latin 'barbascum' (barbe) faisant allusion aux étamines poilues comme le reste de la plante et son nom spécifique thapsus vient de Thapsos qui est le nom d'un site sur la côte au nord de Syracuse, en Sicile.
    Ce genre comprend entre 250 et 350 espèces de bisannuelles, de vivaces et d'arbustes persistants ou semi-persistants originaires de l'Asie tempérée et de l'Europe, un grand nombre d'entre, elles sont considérées comme des adventices.
    Dans l'Antiquité, les tiges étaient trempées dans de la résine ou de l'huile et utilisées comme torche, et les feuilles laineuses séchées et découpées en bandes étroites étaient transformées en mèches de lampe, car les fins poils qui les couvrent s'enflamment rapidement.
    Autrefois, elle était présente et admirée au potager, dans les carrés d'herbes aromatiques et dans les jardins des Simples des monastères, en compagnie de la Molène à fleurs denses (Verbascum densiflorum) et la Molène faux Phlomis (Verbascum phlomoides) qui, elles aussi, étaient des plantes médicinales.
    L'hiver, dans les campagnes pauvres, les gens avaient l'habitude de garnir leurs chaussures de feuilles laineuses pour conserver les pieds au chaud. La molène était récoltée et consacrée, le jour de l'Assomption, le 15 août, et le bouquet consacré, était accroché à l'intérieur des maisons et dans les écuries où il était censé protéger les lieux et les gens contre les forces obscures et les maléfices.
    Au 12e siècle, la bénédictine Hildegarde de Bingen (1098 -1179), mère abbesse, compositrice et guérisseuse de renom, recommandait ses fleurs solaires contre la mélancolie : "Celui qui a un cœur faible et triste en mange souvent, alors son coeur sera fortifié et heureux. Mais si vous avez mal à la poitrine, faites cuire de la molène et du fenouil dans du bon vin et buvez-en souvent, cela guérit la poitrine"; écouter sa biographie et ses chants religieux sur France Musique dans Musicopolis (25 mn) du jeudi 8 avril 2021 par Anne-Charlotte Rémond.
    Propriétés et utilisations :
    La molène Bouillon-blanc a entre autres, des propriétés adoucissantes et antiseptiques, elle contient de l'huile essentielle, du mucilage, des flavonoïdes (pigments végétaux jaunes), des saponines, des sels minéraux et un hétéroside iridoïde l'aukubine*, le mucilage a un effet apaisant et les saponines dissolvent, les sécrétions et favorisent l'expectoration, on la recommande pour les maux de gorge, les enrouements et les toux sèches, mais avant emploi, il faut veiller à bien filtrer la préparation afin d'éliminer les poils minuscules, qui peuvent causer une irritation de la bouche et de la peau.
    Les fleurs réduisent les inflammations et aident à la cicatrisation. L'application d'une pommade, d'une compresse ou de l'huile de graines soulage les brûlures, les engelures, les infections cutanées et les hémorroïdes.
    Elles donnent une teinture jaune qui serait plus pâle que celle de la camomille, autrefois on l'associait avec du sel marin, de l'alun et du plâtre pour obtenir d'autres nuances du jaune citron au jaune paille et avec de la cochenille rouge et une dissolution d'étain, pour obtenir des nuances particulières et toute la plante pour obtenir une teinture jaune-vert, se reporter à la page 133,134 et 318 dans Instruction sur l'art de la teinture et particulièrement sur la teinture des laines par Carl Wilhelm Poerner, Paris 1791, consultable à la BnF-Gallica.
    Verbascum 'Sierra Sunset'
    Verbascum 'Sierra Sunset' © Christine Raymond
    Son feuillage était récolté avant la floraison, puis séché, rapidement pour être fumé comme du tabac.
    Pour les fleurs et les feuilles, il faut veiller à ce qu'elles soient bien séchées, avant de les stocker à l'abri, au sec, pour éviter le développement de moisissure.
    Autres espèces ou cultivars intéressants au jardin :
    - Verbascum phoeniceum L., la Molène de Phénicie, de 0.50 à 0.70 m, au feuillage d'un vert beaucoup plus foncé à floraison printanière d'un beau violet foncé rehaussé par un bouquet d'étamines jaune d'or, aurait sa place dans les massifs, mixed-borders et les rocailles.
    - Verbascum 'Cotswold Queen', pour les anglophones, Mullein 'Cotswold Queen', environ 1,50 m, au feuillage vert clair à floraison en été jaune d'or en coeur lavé de rouge grenat, photo 2 avec 'Merlin'.
    - Verbascum 'Merlin', pour les anglophones, Mullein 'Merlin', 0,50 à 1 m, rose violacé, lie de vin, photo 2 avec à gauche Verbascum 'Cotswold Queen'.
    - Verbascum 'Sierra Sunset', environ 0,45 m de haut, feuillage vert moyen, floraison couleur abricot à melon, présenté au Chelsea Show Flowers de 2012, photo 3.
    - Verbascum 'Southern charm', environ 0,80 m, feuillage vert foncé brillant, floraison estivale d'un rose pâle saumoné changeant de tons avant de faner avec à la base des pétales un onglet pourpre et des étamines pourpres.
    - Verbascum chaixii 'Album' commercialisé aussi sous 'Snowy Spires', 0,50 à 0,60 m, blanc pur et magenta en coeur, photo 4.

    Annotations :
    *Aukubine, un hétéroside iridoïde qui a des usages en médecine et phytothérapie, a des propriétés antispasmodiques, antimicrobiennes et antibactérienne, qui a des effets inhibiteurs sur la croissance del' Escherichia coli et du Staphylococcus aureus et des propriétés anti-inflammatoires, analgésiques et relaxantes, avec des effets sur la bronchite, l'enrouement, la laryngite et surtout la toux sèche. Son goût doux et agréable, fait qu'elle est appréciée par les enfants lorsqu'elle est sous forme de sirop, elle est bénéfique pour les problèmes d'oreille et les acouphènes.
    On la trouve également dans l'Aucuba du Japon, les plantains de Chine et de l'Inde, les bugles rampants, les gattiliers et l'arbre à gomme chinois Eucommia ulmoides.

    *Chelsea Chelsea Flower Show qui se déroule 5 jours durant du 23 au 27 mai à l'Hôpital Royal de Chelsea, à Londres. C'est l'une des plus grandes expositions florales au monde.
    Chaque année, la RHS (The Royal Horticultural Society, 1804) au cours de ces journées décerne à de nouvelles obtentions The Award of Garden Merit (AGM).

    *Kurita, botaniste-biologiste, généticien japonais Sirö Kurita (1936-2019), qui, en 1958, est professeur au département de biologie de l'Université de Chiba, nommé professeur émérite en 2001. Docteur en sciences ( Université métropolitaine de Tokyo (1949-2011).
    Il y mène des recherches sur les fougères, puis, sur les amaryllidacées japonaises, qui se reproduisent sans produire de graines, en divisant les bulbes, il a publié l'histoire et les résultats sous la forme d'un livre scientifique destiné au grand public 'Higanbana Museum Magazine" Kenseisha (1998), hélas son blog sur les Higanbana a été fermé.
    Membre de la Botanical Society of Japan, de l'American Botanical Society, de l'International Fern Society et d'autres.

    *Link., abréviation pour le médecin, botaniste-naturaliste allemand Johann Heinrich Friedrich Link (1767-1851), il commence par enseigner en 1792, dans la plus ancienne Université d'Europe du Nord, l'Université de Rostock, dans le département de chimie, botanique et zoologie à Mecklembourg-Poméranie occidentale.
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    Verbascum chaixii 'Album' © Sirö Kurita*
    Un séjour de deux ans au Portugal l'oriente définitivement vers la botanique et à partir de 1811 à l' Université de Breslau, il y enseigne la botanique et la chimie. En 1815, il est nommé professeur d'Histoire Naturelle, Directeur du jardin botanique de Berlin et conservateur de l'herbier, puis membre de l'Académie des Sciences de Berlin.
    Il entreprend la description des Échinocactus et des Melocactus à partir de 1827.
    On lui doit de nombreux ouvrages dans différents domaines dont une Flore portugaise, éditée à Berlin de 1809 à 1840, qui sera longtemps un ouvrage de référence.

    *L., abréviation botanique officielle pour Carl von Linné, auparavant Carl Linnæus (1707-1778), médecin, botaniste-naturaliste suédois, à qui l'on doit la classification des végétaux, des minéraux et des animaux et la nomenclature binominale, basée sur la juxtaposition de deux mots en principe en latin, désignant le genre suivi du nom de l'espèce, c'est la base de la taxonomie et de la nomenclature internationale.
    Durant ses études de médecine, il entame la réalisation d'un herbier de la flore de Laponie qui sera suivi d'un ouvrage 'Flora lapponica'. Il enseigne à l'Université d'Uppsala, durant une année, à partir de 1741, la médecine, puis la botanique jusqu'en 1772. Il est le fondateur de l'Académie des Sciences de Suède en 1738.
    Auteur de 'Systema naturae, Genera plantarum' et 'Species plantarum', consultable en ligne à la bibliothèque universitaire de Kyoto.

    *Opiz, abréviation botanique pour le botaniste, taxonomiste allemand Philipp Maximilian Opiz (1787-1858) d'origine tchèque, à partir de 1805 il retourne dans son pays d'origine pour y enseigner dans une école camérale, par la suite à partir de 1831, il exerce la profession de forestier.
    Un genre lui est dédié, Opizia dans la famille des Poaceae et 16 espèces sous la forme opizii et opiziana, opizianum.

    *Raf., abréviation botanique pour l'excentrique naturaliste, linguiste et archéologue autodidacte français Constantine Samuel Rafinesque-Schmaltz (1783-1840) qui, dès 1802, séjourne et travaille en Amérique, auteur de nombreux canulars. En 1841, le botaniste britannique Thomas Nuttall, lui dédie, dans les Astéracées un genre de chicorée Rafinesquia.
    cbaral et nmauric©14/11/2005 ® Jardin! L'Encyclopédie
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