Saponaria officinalis - Herbe à savon, Savonnière
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    Saponaria officinalis Nom commun : Saponaire officinale, Herbe à savon, Herbe à foulon, Savonnière, Erbe savonnière, Erba dou savón, nommée par les anglophones 'Soaproot, Sweet Betty', en allemand 'Seifenkraut', en espagnol 'Hierba jabonera, Flor del jabón, Herba de bugada', en italien 'Condisi, Condizi, Erba d' l savon, Erba de savon, Erba grassa, etc.., en portugais 'Sabonaria, Erva-saboeira, Saboneira, Saponária', .
    Nom latin : Saponaria officinalis  L.*, synonymes Bootia saponaria  Neck.*, Bootia vulgaris  Neck., Lychnis officinalis  (L.) Scop.*, Silene saponaria  Fr. ex Willk. & Lange, non résolu Lychnis saponaria  Jess.
    famille : Caryophyllaceae.
    catégorie : vivace herbacée à souche ligneuse et rhizomes traçants.
    port : touffe de tiges érigées.
    feuillage : persistant sur la rosette, caduc sur les tiges qui disparaissent l'hiver (hémicryptophyte). Sur des tiges d'un vert rougeâtre et légèrement pubescentes pourvues de noeuds à leur niveau des feuilles opposées, ovales lancéolées, pointues à marge ondulée avec des nervures parallèles.
    floraison : fin du printemps, début de l'été de juin à septembre selon climat, odorante rappelant l'odeur du clou de girofle que l'on ne remarque guère car elle libère son parfum à la tombée du jour juste pour attirer les papillons nocturnes surtout les sphynx comme le Sphinx colibri Macroglossum stellatarum, visitée aussi par les colibris, les abeilles et certaines espèces de mouches.
    Inflorescence en touffe terminale à l'aisselle des feuilles; des fleurs à 5 pétales découpés, avec deux petites dents vers l'intérieur.
    couleur : rose pâle
    croissance : rapide
    hauteur : 0.50 à 0.60 m.
    plantation : au printemps, compter 3 plant au m².
    multiplication : au semis au printemps ou à l'automne et boutures au début du printemps, prélèvements de rejets printemps ou par division tous les 2 ou 3 ans.
    sol : léger, humide, juste fertile, neutre ou alcalin.
    emplacement : soleil.
    zone : 5 - 9, U-K hardiness H=4, USDA zone 3 - 8.
    origine : au bord des cours d'eau, dans les fossés, les plaines humides et fraîches au sud de l' Europe et de l'Asie occidentale dont elle s'est échappée devenant plus rudérale.
    entretien :sans surveiller son développement car elle peut-être envahissante.
    maladies et ravageurs : elle n'est pas consommée par le bétail ou les cervidés car elle provoque une sécrétion excessive de mucus qui occasionne des quintes de toux.
    NB : son nom Saponaria vient du latin mediévale "sapo-ponis" qui désigne le savon, le nom commun de saponaire est apparu au 12 ème siècle vers 1562, il fait référence à la forte concentration de saponines; et son nom spécifique officinalis vient du latin 'officina' qui désigne l'atelier, l'officine, la pharmacie faisant référence à ses propriétés et son utilisation à des fins médicinales.
    Tournefort* l'avait initialement classée dans les Lychnis, Linné l'en avait retirée en créant le genre Saponaria auquel il a d'abord associés aux Ce genre ne comprend qu'une vingtaine d'espèces vivaces ou annuelles.
    Propriétés et utilisations : :
    Les fleurs peuvent être consommées sous forme de salades. Les rhizomes blancs, sont riches en saponine, le feuillage et les tiges en contiennent aussi. La saponine à la propriété d'adoucir l'eau, de mousser, de laver et de diluer les corps gras comme le suint des laine et pour faire blanchir laines, linges et textiles.
    Dans le langage des fleurs elle est le symbole de la purification; la plante des lavandières qui s'en servait après avoir fait bouillir les rhizomes dans de l'eau non calcaire, car elle avait la propriété de dégraisser, rénover les textiles, de blanchir et ne pas délavée ou verdir les vêtements de couleur noir et dans les brasseries elle servait à faire mousser la bière.
    La saponaire a des propriétés dépurative, expectorant, laxatives, stimulante du foie et sudorifique; attention il est recommandé de l'utiliser avec prudence, selon le dosage elle peut être nocive en usage interne.
    Dans les pharmacopées traditionnelles, les feuilles sont réputées sous forme de tisane pour soigner la toux et la bronchite et en usage externe pour traiter démangeaisons, ulcères et maladies de peau et les rhizomes y sont réputés pour leurs propriétés dépurative, diurétique, expectorante puis réduits en poudre comme vermifuge mais elle provoque des éternuements.
    Les deux sont utilisées sous forme de cataplasme pour soigner les maladies de peau (acné, eczéma, psoriasis) et soulager crise de goutte et rhumatismes.
    Elle entre dans la préparation de sirops expectorants et composition de laits démaquillants et de lotions astringentes pour soigner les problèmes de peau, de shampoings et de lotions capillaires pour cheveux gras.
    A travers le monde il existe d'autres plantes qui servent de savon tels que : L'antique saponaire d'Égypte Gypsophila struthium connue sous le nom de struthium des Grecs dont les Anciens faisaient usage lors du foulage des laines, et selon Pline elles y acquièrent blancheur et moelleux, Histoire naturelle*, XIX, 18*, comme d'autres gypsophiles d'ailleurs réputées donner du lustre aux laines. Les noix de lavage de l'arbre à savon, le savonnier Sapindus saponaria utilisées aux Antilles, en Afrique et au Brésil, ou le sud américain bois de Panama Quillaja saponaria, ou encore le californien Lys de St Bruno Anthericum liliago dont les fleurs riches en saponines sont également utilisées dans la fabrication de savons et shampoings.
    Saponaria officinalis Elle est évoquée en 1930 par Jean Giono, l'écrivain habité par la Provence :
    "Le plein été étant venu, elle (Arsule) a fait boucher le ruisseau Gaudissart avec des branches et de la boue, elle a mis un drap au fond du ruisseau, un drap maintenu par des pierres, bien plaqué au fond de l'eau. Ça a fait comme une grande cuvette toute propre. Et elle s'est baignée.
    Elle s'est lavée du haut en bas avec une poignée de saponaire.
    Le soir - et ils étaient couchés - elle luisait comme de l'or. Elle a dit : " Laisse-moi, tu sens le sel pourri." Elle l'a dit en riant, mais le lendemain Panturle est entré dans le ruisseau. Seulement lui, il n'avait pas besoin du drap.
    Et comme çà pour beaucoup d'autres chose." page 143 dans Regain publié en 1930 aux éditions Grasset.
    Parmi les cultivars et hybrides, citons :
    - Saponaria officinalis  'Alba Plena' fleurs blanches semi-doubles.
    - Saponaria officinalis  'Rosea Plena', Double Pink Soapwort, environ H 0.60 m à fleurs semi-doubles d'un rose soutenu de mai à septembre , voir bas de page.
    - Saponaria officinalis  'Rubra Plena', H 0.20 m, floraison rouge double, s'utilisé en couvre-sol.
    - Saponaria ocymoides  'Alba' à fleurs blanches.
    - Saponaria ocymoides  'Rubra compacta' à fleurs rouges, recherché pour les rocailles.
    - Saponaria x olivana  issue de croisement entre Saponaria caespitosa  et Saponaria pumila  nommée par les anglophones 'Cushion soapwort ' H 0.10 à 0.15 m, fleur rose à gorge pourprée, recherchée pour les rocailles et les jardins alpins.
    Quelques autres espèces :
    - Saponaria bellidifolia  Sm., Saponaire à feuilles de Pâquerette, environ 0.80m de haut à floraison blanche, voir photo © M. Bartoli Mnhn.
    - Saponaria lutea  L., Saponaire jaune, en allemand 'Gelbes Seifenkraut', en italien 'Saponaria giallo' forme un dense coussin trapu ne dépassant pas 0.10m, rosette basale de feuilles étroites lancéolées vert foncé, sur les tiges elles sont linéaires, au coeur de l'été courant juillet-août floraison d'un blanche crémeux jaunâtre, aux anthères rose pâle sur des étamines très foncées, dans un calice poilu d'un rose framboisé, présente dans les Alpes entre 1600 et 2500m, photo, à sa place dans les rocailles alpines.
    - Saponaria caespitosa  DC., Saponaire cespiteuse, Saponaire gazonnante endémique aux Pyrénées, touffe étalée, gazonnante de 0.15 m, sur de fines tiges rougeâtres, floraison d'un rose assez vif dans un calice lancéolé poilu, rosette basale de fines et très étroites feuilles linéaires.
    - Saponaria pumilio  (L.) Fenzl ex A. Braun, Saponaire naine, nommée par les anglophones 'Pygmy soapwort', présente depuis les Alpes jusqu'aux Carpates et en Turquie, H 0.05 m, touffe arrondie à floraison d'un rose mauve.
    - Saponaria ocymoides  L., Saponaire faux-basilic, Saponaire à feuilles de basilic, H 0.15 m, originaire des Alpes occidentales et les Apennins, feuillage velu, fleur rose vif, zone 4 et ses hybrides citées plus haut.

    Annotations:
    L., abréviation botanique pour le botaniste-naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), auparavant Carl Linnæus, médecin, à qui l'on doit la classification des végétaux, des minéraux et des animaux et la nomenclature binominale, basée sur la juxtaposition de deux mots en principe en latin, désignant le genre suivi du nom de l'espèce, c'est la base de la taxonomie et de la nomenclature internationale.
    Durant ses études de médecine, il entame la réalisation d'un herbier de la flore de Laponie qui sera suivi d'un ouvrage 'Flora lapponica'. A partir de 1741, il enseigne à l'Université d'Uppsala durant une année la médecine puis la botanique jusqu'en 1772, il est le fondateur de l'Académie des Sciences de Suède.
    Son herbier 'Linnean Herbarium', le plus riche de son époque ne contenait que 7000 plantes, est conservé au Musée national d'histoire naturelle de Stockholm.
    Histoire naturelle, "XVlII. La seconde est la radicule (gypsophila struthium, L.), qui fournit un suc propre au lavage des laines, contribuant merveilleusement à leur donner de la blancheur et de la souplesse. Elle vient partout par la culture; mais celle qui croît spontanément et se trouve en Asie et en Syrie, dans des lieux âpres et pierreux, a la préférence: toute fois la plus estimée est au delà de l'Euphrate. La tige en est férulacée, mince, et les habitants la recherchent comme aliment. Ils l'associent aussi comme ingrédient à toutes sortes de parfums, en la faisant bouillir. La feuille ressemble à celle de l'olivier. Les Grecs la nomment struthion. Elle fleurit en été. Elle est d'un aspect agréable, mais sans odeur; épineuse; et la tige en est lanugineuse. Elle ne porte point de graine. La racine en est longue, et on la réserve pour l'usage que nous venons d'indiquer.", lire l'ouvrage.
    *Linné , botaniste-naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), avant d'être anobli en 1757 Carl Linnæus, également médecin, à qui l'on doit la classification des végétaux, des minéraux et des animaux et la nomenclature binominale, basée sur la juxtaposition de deux mots en principe en latin, désignant le genre suivi du nom de l'espèce, c'est la base de la taxonomie et de la nomenclature internationale.
    Durant ses études de médecine, il entame la réalisation d'un herbier de la flore de Laponie qui sera suivi d'un ouvrage 'Flora lapponica'., son herbier, le plus riche de son époque contenait 7000 plantes.
    En 1738, il fonde l'Académie des Sciences de Suède et à partir de 1741, il enseigne à l'Université d'Uppsala durant une année la médecine puis la botanique jusqu'en 1772. Abréviation botanique officielle L.BR> Il est l'auteur de 'Systema naturae, Genera plantarum' et 'Species plantarum', consultable en ligne à la bibliothèque universitaire de Kyoto.
    *Neck., abréviation botanique pour le médecin botaniste belge Noël Martin Joseph de Necker (1730-1793), il exerce auprès du prince électeur du Palatinat de Maanheim tout en s'intéressant à l'étude des mousses dont une famille Neckeraceae et un genre Neckeria lui ont été dédiés par son congénère italien Giovanni Scopoli*.
    En 1768, il devient membre de l'Académie électorale des sciences du Palatinat de Mannheim.
    *Scop., abréviation botanique pour l'italien Giovanni Antonio Scopoli (1723 - 1788), médecin, naturaliste et entomologiste qui durant ses études dans la ville d'Innsbruck étudie la flore du Tyrol puis celle de l'ouest de la Slovénie (Carniole) où il exerce sans enthousiasme la médecine tout en se passionnant pour les insectes et plantes.
    On lui doit de nombreux ouvrages d'entomologie et la parution en 1760 de 'Flora carniolica, exhibens plantas Carnioliae indigenas et distributas in classes, genera, species, varieties, ordine linnaeano', en 2 volumes, parus sous son nom latin Ioannis Antonii Scopoli, l'édition de 1771 est consultable en ligne.
    *Tournefort, Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) médecin, botaniste aixois, qui constitue un célèbre herbier comprenant les flores dauphinoise, savoyarde, parisienne et montpelliéraine, il fixe définitivement le genre Aphyllanthes monspeliensis, l'initiateur du premier système de classification des fleurs sur leurs caractères constants, repris par Linné.
    Conseiller du Roy, en 1683 il est nommé professeur de botanique au jardin du Roy (aujourd'hui le Jardin des plantes), en 1691 académicien pensionnaire de l'Académie Royale des Sciences, puis en 1696 docteur de la faculté de médecine de Paris.
    En 1700, à la demande de Louis XIV il entreprend un voyage de deux ans aux pays du Levant qu'il relate en deux volumes publiés en 1717 sous le titre 'Relation d'un Voyage du Levant fait par ordre du Roy' (contenant, l’histoire ancienne et moderne de plusieurs isles de l'archipel, de Constantinople, des côtes de la Mer Noire, de l'Arménie, de la Géorgie, des frontières de Perse et de l'Asie Mineure) au cours de ce séjour il s'intéresse aux drogues, préparations médicinales et plantes d'où on les tire (Histoire abrégée des drogues simples). On lui doit l'acclimatation des térébinthacées afin de ne plus dépendre de l'Orient.
    natacha mauric© 03/11/2001 ® Jardin! L'Encyclopédie
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