Lilium candidum - Lis candide, Lis de la Madone
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    Nom commun : Lis candide, Lis blanc, Lis de la Madone, Lis de Saint Antoine, Rose de Junon, nommé par les anglophones 'Madonna lily, Madonna lily bulb, White lily', en allemand 'Madonnenlilie', en espagnol 'Lirio de Madonna', en italien 'Giglio candido, Giglio Di Sant’antonio', en portugais 'Cajado-de-São-José, Lírio-branco', en turc 'Ak Zambak'.
    Nom latin : Lilium candidum L.* (1753), synonymes retenus, Lilium album Houtt.*, Lilium peregrinum Mill.*, Lilium candidum var. aureomarginatum Elwes, Lilium candidum var. purpureum Weston, Lilium candidum var. variegatum Loudon, et 12 autres sous la forme var., consultable sur The Plant List.
    famille : Liliaceae.
    catégorie : vivace géophyte à bulbe tuniqué*, aux écailles charnues, calibre du bulbe 20/22.
    port : érigé, évasé. Touffe basale en rosette, visible dès l'automne, formée de larges feuilles en forme de fer de lance de 20 à 22 cm.
    feuillage : selon climat, caduc ou semi-persistant, il est présent en hiver, vert clair, brillant. Sur les tiges florales, les feuilles éparses, alternes et lancéolées de plus ou moins 8 cm.
    floraison : selon climat, de la fin du printemps, au milieu de l'été, courant mai/juin, parfumée, odeur suave et sucrée, nettement plus accentuée le soir, riche en nectar sucré, visitée entre autres par les abeilles, les bourdons, les colibris (hummingbirds) et les passereaux nectariniidés (sunbirds) et certaines espèces de papillons.
    En forme de trompette, de 5 à 10 fleurs hermaphrodites de 15 cm, composées de 6 larges tépales récurvées (comestibles), 6 longues étamines pourvues d'anthères basculantes, un long style trilobé.
    fruits : capsules dressées, déhiscentes à 3 loges, contenant de nombreuses graines verruqueuses, brunes, oblongues-obovales, plates et ailées qui sont rangées les unes après les autres.
    couleur : blanc pur lavé de jaune vers la base des tépales, anthères d'un éclatant jaune d'or, attention le pollen tache énormément.
    croissance : rapide.
    hauteur : 1m à 1.80 m et plus.
    plantation : fin de l'été à l'automne, entre septembre et novembre, attention à ne pas trop enfouir les bulbes, juste à 5 ou 8 cm de la surface du sol, tous les 25 à 40 cm, suivant l'utilisation.
    multiplication : par division des bulbilles, tous les 4-5 ans, par bouturage d'écailles* à 15°C, compter 3 ans pour obtenir la première floraison ou par semis, compter pour la levée a lieu entre 3 et 6 semaines, mais la première floraison a lieu au bout de 3 ou 4 ans.
    sol : neutre à alcalin, riche en humus, frais, bien drainé, aime bien le calcaire et même sec, lorsqu'il est implanté.
    culture en pot : prévoir un mélange de 3/4 de bonne terre de jardin, tourbe et compost, avec 1/4 de sable de rivière et de gravier, pour le drainage.
    emplacement : soleil ou mi-ombre légère, le pied à l'ombre, la tête au soleil et à l'abri du vent.
    zone : 6-10, U-K hardiness H5, USDA zones 5-9, tolère sans dégâts jusqu'à -15°C, une fois installé, excellente résistance à la sècheresse.
    origine : Ouest de l'Asie, Proche-Orient et Moyen-Orient, dans l'ancienne Perse (Iran) et la partie qui correspond à la Syrie*, Liban, Palestine, Israël, où elle est signalée, en voie de disparition, depuis 2009. Présent en Turquie, dans le massif montagneux du nord-est de l'Anatolie et dans la province d'Izmir, où, depuis 2014, une campagne pour sa sauvegarde a été mise en place. Signalé au nord-ouest de la Grèce, dans la région des monts Timfi et donné jusqu'aux Balkans, consulter la carte.
    entretien : chaque printemps, prévoir des tuteurs, puis, juste supprimer les fleurs fanées ,au fur et à mesure et enfin les hampes florales fanées, en les coupant au ras du sol.
    Ne pas oublier de protéger les caïeux de l'humidité excessive, car ils sont sensibles à la pourriture grise,botrytis (grey moulds).
    maladies et ravageurs : peut être visité par les pucerons (aphids) et l'hôte des larves du criocère du lys Lilioceris lilii (lily leaf beetle), un joli coléoptère rouge vif, qui sur le revers des feuilles peut pondre au printemps plus de 300 oeufs.
    NB : son nom Lilium désigne le genre en latin, mot qui vient du grec 'leiron' qui signifie délicat et son nom spécifique candidum désigne la couleur blanche.
    Au 20e siècle, c'était le lis du jardin de nos grands-mères et au Royaume-Uni, ce lis a longtemps été en vogue dans les jardins aux abords des cottages, y fleurissant au milieu de l'été.
    Au jardin, il trouve sa place dans les massifs et mixed border, au potager, dans le coin des fleurs à couper ou simplement dans de grandes potées.
    Ce genre sur 359 noms référencés, après révision en 2012, ne comprend plus que 111 espèces retenues (flore de Chine 115) avec 230 autres noms pour synonymes et 18 autres demeurent non résolus. Toutes des espèces de vivaces, bulbifères, originaires des zones tempérées et alpines de l'Eurasie, dont 55 à 60 espèces de l'est de l'Asie, dont 35 d'entre elles, sont endémiques à la Chine, et 22 espèces de l'Amérique du Nord parmi lesquelles, une espèce endémique et vulnérable au Canada (Lilium canadense), la plupart de ces Lilium sont absents des jardins nord-américains, excepté pour le Lis du Canada. De longue date, des milliers d'hybrides ont été développés à partir des espèces sauvages avec une meilleure résistance aux maladies, dont de nos jours environ 6 000 d'entre eux auraient été enregistrés et commercialisés à travers le monde et sont présents dans les jardins.
    Cultivé par les Assyriens et les Égyptiens, ce seraient les Phéniciens qui l'auraient introduit en zone méditerranée, de là vers l'Europe. Certains auteurs, racontent que ce seraient les Croisés qui le rapportèrent depuis la Palestine.
    Depuis la nuit des temps, il est le symbole de la pureté, faisant partie des fleurs dites 'célestes' au même titre que le lotus, la pivoine, la passiflore et la rose, ..
    Les Grecs, le disaient né d'une des gouttes de lait tombée sur la terre, alors qu'Héraclès (Hercule) s'allaitait au sein de sa mère (Héra), les autres gouttes se répandirent dans le ciel, formant ainsi la Voie lactée. Avec ces tépales, ils confectionnaient d'éphémères vêtements parfumés.
    Au Musée archéologique d'Héracléion, se trouve la reconstitution de la magnifique fresque du "Prince aux lis de Knosos, l'une des oeuvres maîtresses de l'art plastique de la civilisation minoenne, trouvées dans les ruines du palais de l'ancienne ville de Knossos (Cnossos) au nord de la Crète,découverte en 1900 par l'archéologue britannique Sir Arthur Evans.
    Fresque aux lis
    Fresque aux Lis - Akrotiri Santorin
    Dans les îles des Cyclades, Lilium candidum est représenté au sud de l'île grecque de Santorin, dans une fresque dites du printemps, mise au jour, en 1970, parmi les fresques de l'antique cité minoenne d'Akrotiri, qui a été ensevelie comme Pompéi, par une éruption volcanique, dans le courant du 16e siècle.
    Les Assyriens et les autres peuples de la Mésopotamie, lui donnèrent un caractère sacré, caractère que le judaïsme (en hébreu la couleur blanche et le lis se nomment 'shôshannah' d'où est issu le prénom de Suzanne), transmis au christianisme qui lui, le consacra à la Vierge Marie, symbole de la pureté et de la chasteté.
    Une légende raconte, que Saint-Thomas, n'ayant pas assisté à sa mort, refusa de croire en son Assomption. Pour le convaincre, son tombeau fut ouvert, ils découvrirent alors, qu'il était rempli de lis et de roses odorantes.
    Il figure parmi les hiéroglyphes (sema-taouy) de l'Égypte pharaonique au même titre que le papyrus (la représentation du nord) et Nekhabit (le vautour) est juché sur trois fleurs de lis, Il est représenté sur des vases crétois datant de 1 500 ans avant J.C, il apparaît largement dans les décorations des églises, sur la croix des protestants français.
    Lorsque le tombeau de Childéric 1 er (436-481), Roi Franc salien a été trouvé à Tournai, il contenait parait-il des broderies parsemées d'abeilles et de fleur de lys Pour certains, il ornait le casque de son fils Clovis (466 environ-511), mais les avis sont partagés, car d'autres disent que c'était la représentation d'un iris ; il en est de même à l'église Saint-Germain des Près, où se trouve le gisant de Frédégonde (545-597), couronne et spectre étaient ornés de lys.
    On dit qu'il y avait des fleurs de lys sur la couronne d'Hughes Capet (939-941), mais on dit aussi que ces fleurs ne représentaient qu'un fer de lance à trois branches. Il fut choisi par Louis VII le Jeune (1120-1180), pour être l'emblème héraldique des Rois de France, de la ville de Lille, le symbole aussi la ville de Florence (représenté sur le florin aussi) et, depuis le premier voyage, de Jacques Cartier*, en 1534, il est sur les premières armoiries du Québec (1868), qui "utilisait les fleurs de lis pour souligner l'origine française de la majorité de la population, le « léopard », ou lion passant or sur fond rouge pour rappeler les liens du Québec avec la Grande-Bretagne et, finalement, un rameau de trois feuilles d'érable, la feuille d'érable étant décrite comme un symbole propre au Haut et au Bas-Canada.
    À la suite de diverses propositions exprimées, le gouvernement se dota en 1939 d'armoiries reflétant l'histoire politique du Québec : le régime français (fleurs de lis or sur fond bleu), le régime britannique (léopard or sur fond rouge) et la période canadienne (rameau de feuilles d'érable)." © Gouvernement du Québec.
    Durant la Renaissance, on le retrouve dans les peintures flamandes, hollandaises et françaises.
    Dans le langage des fleurs, il symbolise la fécondité, c'est la fleur des mariages, la fleur de la pureté. Le lis blanc, originaire des 'plaines de la Palestine' associé à des pâquerette et des roses, symbolise l'innocence et le poète et fabuliste français Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794), écrit à son propos, ces vers :
    Gisant de Frédegonde (545-597)
    "O Lys, combien j’aime ta fleur.
    Simple, et modeste avec noblesse.
    Elle convient à la jeunesse.
    Elle couronne la pudeur. "
    'J'offre suivant l'antique usage,
    La jonquille à tous nos maris;
    Le lys à fille jeune et sage
    L'immortelle à nos beaux esprits
    Le bluet à la tendre enfance.
    Aus petits maîtres le muguet ;
    Le méchant n'aura dans la France
    Que le souci pour son bouquet ;
    Le bouton d'or à la finance,
    A nos romanciers des pavôts,
    La tubéreuse à l'innocence
    Et les lauriers à nos héros,
    A la veuve d'une journée
    Je présente le noir cyprès
    Mais j'offre, à celle d'une année
    Lycopode* dans ses bouquets.
    Dans L'Ancien et le Nouveau Langage des Fleurs, volume 1, publié par Le Bailly en 1858, consultable en ligne à la Bnf.
    A son propos Chateaubriand écrit : " Kleur de ILtys " La fleur, a dit Chateaubriand, donne le miel, elle est fille du matin, le charme du printemps, la source des parfums, la grâce des vierges, l’amour des poètes ; elle passe vite comme l’homme, mais elle rend doucement ses feuilles à la terre. Dans le monde, nous attribuons nos affections à ses couleurs, l’espérance à sa verdure, l’innocence à sa blancheur, la pudeur à sa teinte de rose".
    Propriétés et utilisations :
    Attention, son pollen peut provoquer chez certaines personnes des démangeaisons et des irritations oculaires, comme avec les Alstroemeria, dans les bouquets pour ces deux espèces, il est conseillé d'enlever les anthères.
    Les Romains utilisaient déjà ses tépales pour confectionner des emplâtres destiner à traiter les blessures et les brûlures, mais aussi un parfum fort prisé appelé Lirium (l'Égypte aussi).
    Nos anciens faisaient macérer les caïeux dans de l'huile ou de l'alcool pour l'utiliser par la suite en cataplasme comme antiseptique, pour traiter aussi certaines maladies de peau, la couperose et les gerçures. Et nos grand-mères pour réduire les rides.
    Les différentes médecines traditionnelles lui attribuent des propriétés cicatrisantes, calmantes, diurétiques, anti-rhumatismales.
    Autrefois, les bulbes étaient couramment consommés cuits, la cuisine japonaise utilise toujours ceux du Lilium maculatum et l'industrie pharmaceutique et cosmétologique, utilisent son mucilage émollient pour la confection d'eau florale, d'onguents ou de crème pour traiter aussi bien les peaux sèches, que l'acné ou pour la protéger du soleil.
    Les fleurs, elles, entraient dans la composition de parfum tel qu'Anaïs Anaïs de Cacharel (1979), Dolce Vita de Dior (1995) et Un lys de Serge Lutens (2007).

    Dans l'abécédaire, consulter la liste des autres lis présents dans l'Encyclopédie.

    Annotations :
    *Cartier navigateur, explorateur malouin Jacques Cartier (1491-1557), qui découvre et cartographie le golfe du fleuve Saint-Laurent et le 'Canada', lors de son premier voyage commandité par François Ier en 1534, sur les recommandations de l'évêque de Saint-Malo, Jean Le Veneur (1473-1543). Il est considéré comme étant le fondateur du "Canada" qui correspondait à cette époque, à une partie du Québec. Il était à la recherche de métaux précieux et d'un passage vers le Pacifique.
    Découvrir sa biographie, dans le Dictionnaire biographique du Canada et suivre son itinéraire.
    *écailles, lire dans Biologie cellulaire et développementale in vitro. Volume 49, n° 3 (mai/juin 2013), Développement du bulbe et du méristème de Lilium candidum article.
    *Lycopode, dans le langage des fleurs, c'est la flamme ardente.
    *L., abréviation botanique pour le botaniste-naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), auparavant Carl Linneaus, médecin, à qui l'on doit la classification des végétaux, des minéraux et des animaux et la nomenclature binominale, basée sur la juxtaposition de deux mots en principe en latin, désignant le genre suivi du nom de l'espèce, c'est la base de la taxonomie et de la nomenclature internationale.
    Durant ses études de médecine, il entame la réalisation d'un herbier de la flore de Laponie qui sera suivi d'un ouvrage 'Flora lapponica'. Il enseigne à l'Université d'Uppsala, durant une année, à partir de 1741, la médecine, puis la botanique, jusqu'en 1772, il est le fondateur de l'Académie des Sciences de Suède.
    *Syrie, en 2013, les villages antiques du nord-ouest de la Syrie, des sites classés par l’Unesco ont été placés sur la liste du patrimoine en péril, pillés ou volontairement détruits par les djihadistes qui ont procédé à un nettoyage culturel, lire la synthèse, établie par l'unesco.org.
    Le 3 décembre 2014, l'UNESCO a organisé une conférence internationale sur le thème « Patrimoine et diversité culturelle en péril en Iraq et en Syrie » à son siège à Paris, afin de faire prendre conscience de l'ampleur de la destruction du patrimoine culturel dans cette région aujourd'hui', lire l'article de l'UNESCO>.
    *Tuniquébulbe tuniqué, lorsque l'on effectue une coupe transversale du bulbe, on découvre l'emboitement des tunique les unes dans les autres avec au centre, le bourgeon à fleurs et les jeunes feuilles, idem pour les jacinthes, par opposition avec le bulbe solide qui développe à sa base des bulbilles ou caïeux, comme chez les glaïeuls ou les crocus.
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Lilium candidum début mai





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