Phillyrea angustifolia - Filaria, Filaire à feuilles étroites
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    Phillyrea angustifolia floraison fin mars
    Nom commun : Filaire à feuilles étroites, Alavert, Alavert à feuilles etroites, Filaria à feuilles étroites, Nerprun à feuilles étroites, en corse 'Alivernu, Litarulu', en provençal 'Daladèu, Aladèr', en anglais 'Narrow-leaved mock privet, Narrow leaf jasmine box, Narrow leaved phillyrea', en allemand 'Schmalblättrige Steinlinde', en arabe 'Sekhab, Ahched, Ametal, Rbib uzemmour', en catalan 'Aladern de fulla estreta', en espagnol 'Aladierna de hoja estrecha, Labiérnago, Labiérnago blanco, Picadera, Olivilla', en italien 'Ilatro sottile, Ilatro a foglie strette, Fillirea a foglie strette, Olivello', en occitan 'Alaverd, Daladèr, Fialanha, ...', en portugais 'Lentisco-bastardo, Aderno-de-folhas-estreitas.
    Nom latin : Phillyrea angustifolia L.*, synonymes retenus, Phillyrea benitoi Sennen, Phillyrea brachiata Stokes*, Phillyrea conferta Stokes, Phillyrea emporitana Sennen, Phillyrea lanceolata (Aiton) Steud., Phillyrea lowei DC., Phillyrea mandonis Sennen, Phillyrea minor Zumagl., Phillyrea mixta Sennen, Phillyrea rosmarinifolia Mill., Olea angustifolia (L.) Salisb et 36 autres sous la forme var.
    famille : Oleaceae.
    catégorie : arbrisseau ou petit arbuste thermo-xérophile, très ramifié, qui redémarre de souche après un incendie.
    port : buissonnant, dense, érigé.
    feuillage : persistant, coriace, glabre, vert olive soutenu, au revers plus clair tirant sur le jaune-vert. D'étroites feuilles opposées, linéaires-lancéolées, de 4 à 6 cm x 1à 1,5 cm cm, à nervure principale, jaunâtre et saillante, avec une marge translucide plus claire, entière ou parfois, finement denticulée, sur un court pétiole de 1 à 4 mm. Les jeunes pousses sont teintées de bronze.
    floraison : au printemps, de mars à mai et parfumée, visitée entre autres par les abeilles.
    Au printemps, de mars à mai, 5 à 7 fleurs hermaphrodites, réunies en petites fascicules à l'aisselle des feuilles, sur les pousses de l'année précédente. Fleurs apétales de 1 cm à calice tubulaire à 4 larges lobes et deux étamines saillantes, aux anthères bifides.
    couleur : blanc verdâtre à blanc crémeux ou jaunâtre en fin de floraison, aux anthères proèminentes et d'un jaune poussin, virant à l'ocre jaune et des boutons floraux d'un rose soutenu.
    fruits : à la fin de l'été, de minuscules, drupes non comestibles, charnues de 3 à 5 mm, virant à l'automne au bleu-noirâtre, pruineux et mat, à noyau ovale, à coque fragile. Drupes persistant une bonne partie de l'hiver et qui sont consommées par certaines espèces d'oiseaux.
    croissance : vraiment très lente, ne pas l'oublier.
    hauteur : 1 à 3 m, Ø 2 m.
    plantation : à l'automne pour permettre au système racinaire de s'installer, à savoir, il supporte la concurrence racinaire.
    multiplication : par semis ou boutures de tiges aoûtées.
    sol : de préférence pauvre, caillouteux et sec, calcaire, schiste et sable.
    emplacement : soleil, tolère la mi-ombre.
    zone : 7b-10, U-K Hardiness H5, USDA zones 7b-10b, tolère aisément - 15 °C . Une fois installé, accepte de longues périodes de sécheresse, indice sécheresse* 5, plus de 5 mois sans eau. Supporte le vent et les embruns, adapté à la pollution atmosphérique.
    origine : partie orientale du bassin méditerranéen, méditerranée occidentale, du sud du Portugal, quasiment toutes les provinces d'Espagne et Baléares, en France, présent depuis les Pyrénées-Orientales, Languedoc-Roussillon, Alpes-Maritimes, jusqu'au Var et en Corse. En Italie, le long des côtes ainsi qu'en Sicile et Sardaigne, présent jusqu'au sud-ouest de l'Europe, de la Slovénie à l'Albanie, consulter la carte.
    Au Maghreb, présent au Maroc et en Algérie, dans l'Aurès et à l'ouest de l'Asie, dans les forêts claires, les clairières en lisière de bois de chênes, de pins ou suberaies, dans les maquis, garrigues et fourrées en basse altitude et sur les coteaux arides et rocailleux.
    entretien : arroser les deux premières années après la plantation, pour favoriser son enracinement. Il supporte parfaitement la taille, à la manière des buis, une taille qui s'effectue en été, après la floraison.
    maladies et ravageurs : exempt de maladie. En Europe, notamment en France et en Corse, mais pas au Portugal, il peut subir les assauts, de l'aleurode blanche du frêne, Siphoninus phillyreae (Ash whitefly), en anglais, la découvrir.
    NB : son nom Phillyrea dérive de 'philyra', mot utilisé par Théophraste* et Dioscorides pour les tilleuls, venant du grec 'phyllon, composé de 'philos' qui désigne la feuille et peut-être du mot 'hyron' qui désignait en grec de Crète, un essaim ou une ruche d'abeilles, faisant référence à son abondante floraison mellifère et, son nom spécifique, angustifolia vient de 'angustus' qui signifie étroite et 'folia, folium' qui désigne la feuille.
    Phillyrea angustifolia garrigue languedocienne
    Dans son habitat, il est souvent confondu avec l’olivier sauvage, l'Olea europaea var. sylvestris, connu des Occitans sous le nom d'ulivastre et des Provençaux, l’óulivastre, bien qu'il ait un feuillage nettement plus vert foncé.
    Typique de la flore méditerranéenne avec des incursions, dans les Landes, la vallée du Rhône et dans la Drôme, c'est une espèce protégée dans certains départements comme la Gironde et le Poitou-Charentes.
    Ce genre ne comprend que quatre espèces d'arbustes ou petits arbres persistants endémiques aux régions méditerranéennes et au Moyen-Orient. The Plant List n'en accepte plus que deux, celui-ci et le Phillyrea latifolia, décrit également dans l'Encyclopédie.
    Ce Filaire à feuilles étroites est l'espèce idéale pour entrer dans la composition des jardins méditerranéens, notamment en bord de mer, des jardins secs ou de graviers, en sujet isolé, plusieurs pieds groupés, dans les massifs arbustifs et les sous-bois, sur les talus et dans les rocailles ou entrer dans la réalisation de haies basses, car il faut tenir compte de sa croissance lente ou encore dans des potées pour animer patios et terrasses.
    En Italie, dans les zones méditerranées, dans les aménagements paysagers en front de mer, il est planté pour fixer les talus, les escarpements et les versants pentus, le long des voies, pour limiter, avec son système racinaire, l'érosion et les glissements de terrain.
    Parmi les hybrides et les cultivars, citons :
    - Phillyrea angustifolia 'Green Ball', au port compact et dense de 50 à 1 m en tous sens, bien ramifiée dès la base, au feuillage beaucoup plus vert franc, moins olive, rechercher pour être travaillé en topiaire, souvent en boule comme le buis.
    - Phillyrea angustifolia 'Green Quick', similaire au précédent, dédié aussi à la topiaire.
    - Phillyrea angustifolia 'Green Up', dans la même série, avec les mêmes caractéristiques foliaires, mais de plus grande taille, de 1.5 m à 3 m, au port dense et dressé, destiné pour les haies brise-vue ou brise-vent.
    - Phillyrea angustifolia 'French Fries', synonyme Phillyrea angustifolia f. rosmarinifolia 'French Fries', une obtention du sud de la France, arbuste au fin et très étroit feuillage, sur des tiges fauves, floraison crème, courant mai.
    - Phillyrea angustifolia 'Rosmarinifolia', commercialisé aussi sous Phillyrea rosmarinifolia Miller, aussi de très petite taille, maximum 1m pour un étalement équivalent, au feuillage nettement plus étroit, et avec un port compact.
    Propriétés et utilisations :
    Autrefois, le feuillage et les drupes étaient réputées et prescrites pour leurs propriétés astringentes, antiseptiques, diurétiques, emménagogues et fébrifuges, couramment utilisé sous forme de cataplasme appliqué sur les blessures et les plaies, et son bois dur et compact, servait de bois de combustion pour chauffer les fours à pain et ceux des potiers, car sa flamme calorifique est vive, ainsi que de bois de chauffage et comme matériaux de construction à l'extérieur et bois pour le tournage.
    Les tiges servent encore à confectionner des gireliers* (gambina, jambina) qui sont des nasses rondes et ajourées, dédiées à la capture des poissons de roches, toujours pratiquée en Espagne.

    Annotations :
    *Dioscoride, Dioscoride d'Anazarbe le persan, médecin d'origine grec (Ier siècle avant J.-C.), qui fut le plus grand pharmacologue de l'Antiquité qui influença, avec ses écrits, la pharmacopée durant plusieurs siècles.
    Dans 'De materia medica', écrit vers l'an 64, il y décrit des centaines de plantes en indiquant leurs propriétés pharmacologiques, ouvrage consultable en ligne à la bibliothèque numérique Mondiale wdl.org.
    Le médecin botaniste siennois Pietro Andrea Matthioli (1501-1577), est resté célèbre pour ses Commentaires sur l'oeuvre de Dioscoride, oeuvre qui durant 15 siècles fut une des principales références médicinales, des commentaires sur leurs propriétés et vertus médicinales des plantes, illustrés de 500 gravures sur bois - 'Commentarii in sex libros Pedacii Dioscoridis de Materia medica', éd - 1544 et 1560 rééditées, traduites et enrichies au cours de ces années de plus de 1 200 plantes, exemplaire en allemand. Durant la moitié du 16e siècle, ce fut l'ouvrage de référence pour l'Europe.
    *girelier, en catalan et espagnol gambina, jambina, confectionner aussi avec des tiges d'olivier Olea europaea, voir photos dans Flickr.
    *Indice, indices de résistance à la sécheresse : indice : 1 - jusqu'à 1 mois sans eau, indice : 2 - jusqu'à 2 mois sans eau, indice : 3 - jusqu'à 3 mois sans eau, indice : 4 - jusqu'à 4 mois sans eau, indice : 5 - jusqu'à 5 mois sans eau, indice : 6 - jusqu'à 6 à 7 mois sans eau, correspond à des zones désertiques.
    Phillyrea angustifolia en octobre
    *L., abréviation botanique pour le botaniste-naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), auparavant Carl Linnaeus, médecin, à qui l'on doit la classification des végétaux, des minéraux et des animaux et la nomenclature binominale, basée sur la juxtaposition de deux mots en principe en latin, désignant le genre suivi du nom de l'espèce, c'est la base de la taxonomie et de la nomenclature internationale.
    Durant ses études de médecine, il entame la réalisation d'un herbier de la flore de Laponie qui sera suivi d'un ouvrage 'Flora lapponica'.
    Il enseigne à l'université d'Uppsala, à partir de 1741, durant une année, la médecine, puis la botanique jusqu'en 1772. Il est le fondateur de l'Académie des sciences de Suède.
    *Stokes, abréviation botanique pour le médecin-botaniste Jonathan Stokes (1755-1831), resté célèbre, pour ses travaux et essais cliniques sur l'utilisation de la digitale dans le traitement de l'insuffisance cardiaque.
    *Theophraste, philosophe, botaniste et naturaliste grec Theophrasted'Érèse (île de Lesbos), Theophrastus d'Eresus (371 -288 av. J.-C.), élève de Platon, condisciple du philosophe Aristote, il voyage avec celui-ci en Asie Mineure et en Macédoine. Lorsque Aristote enseigne au Lycée, il en devient le disciple et le collaborateur du penseur Aristote (384-322 av. J.-C. ), avant de mourir, il le choisit comme successeur à la tête du lycée, qu'il dirige durant 35 ans ; connu par ses traités de botanique et les Caractères, le reste de son oeuvre a totalement disparu, elle est juste rapportée par d'autres.
    Il est le premier médecin-botaniste à avoir écrit sur les plantes, leur identification et leurs usages ; c'est ainsi que son savoir a été transmis durant le Moyen Âge au travers des monastères, leurs jardins des simples, les médecines populaires, les sorciers et les herboristes. Enseignement qui s'est fait connaître en même temps que la botanique, les premières écoles de médecine et de leurs premiers jardins botaniques.
    Lire Théophraste et la théorie aristotélicienne de l'intellect, article consultable chez Persée par le philosophe français Victor Goldschmidt (1914-1981), publié dans la Revue des Études Grecques en 1956, 69-324-325 pp. 195-198.
    natacha mauric© 05/08/2001 ® Jardin! L'Encyclopédie
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