Stachys tubifera, affinis  - Crosnes du Japon
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    Nom commun : Épiaire tubéreux, Crosnes, Crosnes du Japon, Épiaire à chapelets, Artichaut chinois, nommé par les anglophones 'Knotroot, Japanese artichoke, Artichoke Betony, Chinese artichoke', nommé au Japon 'Chorogi, Kan ro shi', en chinois 'Tsanyungtzu' (Bouton de terre) 'Gan lu zi' (Douce rosée) 'Tsaoshi can, Tsao shi tsan' (vers à soie de pierre).
    Nom latin : Stachys tubifera Naudin*, synonymes Stachys affinis Bunge.*, Stachys siebaldii Miq.*, Stachys sieboldii var. sieboldii
    famille : Labiatae (Lamiaceae).
    catégorie : vivace potagère rhizomateuse traçante qui se cultive en annuelle.
    port : touffe dense compacte, évasée ramifiée en tous sens pourvue de tiges quadrangulaires.
    feuillage : caduc, rugueux d'un vert glauque. Feuilles (5 à 10 x 2,5cm) opposées, ovales effilées en pointe, à marge crénelée et longuement pétiolées.
    floraison : en principe en été courant juillet-août, sous nos climats elle est pour ainsi dire inexistante.
    Verticilles de fleurs bilabiées, la lèvre inférieure et large à 3 lobes ondulés, la lèvre supérieur plus étroite et en casque dans un calice poilu
    couleur : blanc et rose maculé de rose soutenu sur la lèvre inférieure au centre une ligne rose.
    croissance : rapide.
    tubercules : entre 5 à 7 mois après la plantation, chapelets noueux d'étroites tubercules charnues annelés et aqueuses, dont la peau fine est d'un brun blanchâtre ou d'un blanc ivoire.
    Elles sont récoltées à la fin de l'automne lorsque les feuilles supérieures dépérissent.
    hauteur : 0,40 à 0,60m a tendance a s'avachir.
    plantation : en pleine terre de février à mars au plus tard début avril ( dans certaines régions le climat permet de les semer dès novembre), semis par poquets de 1 à 3 tubercules à 10cm de profondeur, espacer les plants de 15 à 20 cm et en réservant entre les rangs 35 à 40cm.
    Dés l'apparition des pousses penser à buter exactement comme les pommes de terre. Sa culture peut s'effectuer 3 années de suite au même endroit.
    multiplication : par division des tubercules et semis en place, compter ± 100grammes au m².
    sol : léger voire sablonneux, riche en humus, frais légèrement humide mais bien drainé (pH idéal 6.6 à 7.5).
    emplacement : soleil ou mi-ombre.
    origine : originaire du nord de la Chine en zone humide jusqu'à une altitude de 3200m dans la région autonome du Xinjiang (Turkestan orientale), à l'est en Mongolie intérieure, dans la province du Gansu plus à l'est et vers l'ouest dans les provinces Hebei, Shanxi, Shaanxi, Ningxia, Qinghai, plus à l'est Shandong et cultivée au Japon; consulter la carte de la Chine.
    Introduite pour la première fois en Europe en 1880 depuis Pékin grâce au Docteur Emil Bretschneider. Il en fit parvenir quelques tubercules au jardin d'Acclimatation de Paris et quelques années après la Société d'Acclimation en fait parvenir aux producteurs comme Vilmorin qui avait essayé en vain d'en obtenir à partir du Japon.
    zone : 5 - 9, tolère aisément -15°C, une fois installé il est relativement résistant à la sécheresse.
    entretien : bien arroser les deux premières semaines après la plantation, par la suite biner et désherber régulièrement les rangs, prévoir un paillage qui en limitera le développement et par la même occasion maintiendra l'humidité, en période estivale ne pas oublier d'effectuer un apport en eau.
    On récolte les crosnes à l'automne, courant novembre lorsque le feuillage flétri et que se dessèchent les tiges, au fur et à mesure des besoins, car ils se conservent assez mal à l'air libre, noircissant et se desséchant rapidement; à l'état sec on peut les conserver quelques temps dans du sable fin.
    Avant les gelées il est conseillé de ne pas oublier de pailler pour pouvoir continuer l'arrachage des crosnes.
    insectes nuisibles et maladies :
    Son grand ennemi est l'Endothenia antiquana plus connu des jardiniers sous le nom de vers des Crosnes, une chenille qui les devance en creusant des galeries et vidant les tubercules.
    Lors du lavage, les crosnes qui remontent à la surface sont les véreux, il est recommandé de ne pas les mettre à composter mais de les brûler.
    Le feuillage est convoité par les limaces, un excès d'humidité peut favoriser le développement du pourridié.
    NB : son nom Stachys vient du grec 'stachus' qui désigne un épi et son nom spécifique tubifera tubifère, cylindrique pour préciser la forme de ses chapelets de tubercules et son autre nom spécifique anciennement utilisé affinis c'est un mot qui vient du du latin 'adfinis' qui désigne un voisin, un parent pour semblable.
    Son nom commun de Crosnes est le nom d'une localité de l'Essonne où fut initié en 1882 par Nicolas-Auguste Paillieux qui en fut le premier propagateur dans les potagers de France et ceux de tous les pays d'Europe; en 1889 ce crosnes est présent l' hiver dans les étales des fruitiers et les voitures des marchands de quatre saisons à un prix accessible à tous; faits relaté en 1899 dans son ouvrage 'Le potager d'un curieux : histoire, culture et usages de 250 plantes comestibles peu connues ou inconnues (3e édition, entièrement refaite...), publié consultable en ligne à la Bnf-Gallica, en collaboration avec l'agronome français Désiré Georges Jean Marie Bois (1856-1946), l'assistant de la chaire de culture au Muséum d'histoire naturelle de Paris, secrétaire-rédacteur de la Société Nationale d'Horticulture de France.
    On lui doit également l'introduction au potager du Cerfeuil bulbeux Chaerophyllum bulbosum introduit en Europe occidentale en 1726 et celle de l'igname de Chine Dioscorea batatas

    Il y relate : "Je désirais éviter au Stachys la longue incubation qu'ont subie les plantes antérieurement introduites. Je voulais tenter de réaliser en trois mois la propagation de l'excellent légume que notre Société a introduit, et qui, selon moi, est destiné à occuper une large place dans la consommation générale.
    J'ai pensé que je ne pourrais atteindre mon but qu'en me faisant immédiatement producteur et vendeur. Les considération qui précèdent m'ont fait prendre ce parti.
    J'ai loué quelques pièces de terre autour de mon jardin et j'y ai planté du Stachys, m'assurant ainsi une récolte qui n'est pas encore achevée et qui me donnera environ 3.000 kilogrammes de tubercules. Convaincu que les mots Stachys affinis ne pouvaient pas être prononcés par nos cuisinières, j'ai donné aux tubercules le nom de Crosnes, qui est celui de mon village.
    J'ai fait imprimer trois mille cartes-prospectus qui font connaître le légume et qui m'ont été d'un grand secours. J'en ai distribué quelques-unes aux membres présents à la séance du 4 janvier, et j'en mets encore aujourd'hui à votre disposition.
    Dès les derniers jours de novembre, j'ai fait la place, j'ai cherché des acheteurs, rebuté par le plus grand nombre, bien accueilli par quelques uns.
    En ce moment j'ai à Paris dix acheteurs dont la vente s'accroit chaque jour. J'expédie notre légume à Lille, Roubaix, Amiens, Reims, voire même à Bruxelles. J'attends des demandes de quelques autres villes.
    J'ai la satisfaction de constater que les achats se renouvellent sans cesse. Notre succès n'est pas un feu de paille; c'est un feu qui ne s'éteindra pas.
    J'ai fait déguster mes tubercules par Brébant, le sympathique et renommé restaurateur que vous connaissez tous. Il a reconnu leur mérite. les a mis sur sa carte du jour, les a fait entrer dans la salade japonaise, ce mets à la mode dont la recette est plaisamment donnée dans Francillon, et l'auteur connaît maintenant le Stachys.
    MM. X., de Paris, ont employé 100 kilogrammes de Stachys à la confection de leurs Pickles. Ils en expédient à une maison de province et m'écrivaient le 30 janvier:
    Hier, samedi, le messager nous a remis de votre part une caisse de Stachys. Veuillez nous en faire livrer de nouveau :
    30 kilogrammes mardi prochain;
    30 kilogrammes samedi prochain.
    Dans le cas où votre récolte s'épuiserait, veuillez nous en réserver environ 100kilogrammes. Ces Stachys sont tous expédiés en province et mangés comme légume frais. Le succès nous paraît assuré, et nous croyons que, l'année prochaine, vous pouvez en faire faire sans crainte." , .. la suite à la Bnf-Gallica.

    Ce genre comprend 300 espèces d'annuelles, de vivaces ou d'arbustes persistants, originaire des zones tempérées de l'hémisphère nord (dont l'Afrique, l'Asie dont 18 espèces en Chine, en Europe dont 23 en France (Corse incluse) et aux Amériques dont 37 espèces aux États-Unis.
    Propriétés et utilisations :
    En Chine, cet 'artichaut chinois' est principalement préparé en marinade aigre douce et la pharmacopée traditionnelle chinoise utilise la plante entière pour traiter les refroidissements et les pneumonies.
    Les crosnes ont une saveur délicate qui rappelle celle de l'artichaut ou du salsifis avec un léger goût de noisette sucrée; ils se préparent comme les topinambours ou salsifis.
    Comme les pois chiches, ils sont riches en tétra saccharide, le stachyose qui a des propriétés sucrantes, contient de l'amidon et des sels minéraux et peu de calories.
    Les crosnes une fois lavés dans une eau citronnée et brossés sont consommés crus en salades, blanchis (2mn), cuits à l'étouffé, poêlés ou frits, en beignets, en gratin ou simplement rôtis au four rn garniture pour accompagner viandes, volailles et gibiers rôtis ou confits dans du vinaigre.
    Introduit au Japon pendant la période Edo*, les crosnes sont confits dans du vinaigre de prune umeboshi confectionné à partir du jus de fermentation des prunes umeboshi Prunus mume) ils sont rajoutés aux haricots noirs des plats du Nouvel An japonais car ils sont un élément porte-bonheur. Après avoir été marinés, ils sont teintés en rouge avec des feuilles de shiso rouge Perilla frutescens 'Purpurea', c'est le Chorogi; ils sont également marinés au miso et marinés à la sauce soja.
    Sous-espèces :
    - Stachys sieboldii var. glabrescens C. Y. Wu, se rencontre dans la province de l'Hubei et au Séchouan jusqu'à 2400m d'altitude.
    - Stachys sieboldii var. malacotricha Handel-Mazzetti., présente dans les provinces Shaanxi et Shanxi entre du 800 et 1600 m d'altitude.
    Les autres espèces du genre présentes dans l'Encyclopédie :
    - Stachys lanata Jacquin, consulter sa fiche
    - Stachys byzantina 'Big Ears' commercialisé aussi sous le nom de 'Comtesse Helen von Stein', consulter sa fiche.
    - Stachys macrantha Franch., l'Épiaire ou la Grande Bétoine, consulter sa fiche.

    Annotations :
    *Bois, agronome, horticulteur et botaniste français Désiré Georges Jean Marie Bois (1856-1946). assistant de la chaire de Culture au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, secrétaire-rédacteur de la Société Nationale d'Horticulture de France.
    De 1922 jusqu'en 1932 il occupe la fonction de directeur et professeur au Muséum national d'histoire naturelle de Paris.
    Il publie en 1896 l'Atlas des plantes de jardins et d'appartements exotiques et européennes en collaboration avec Nicolas-Auguste Paillieux, consultable en ligne à la Bnf-Gallica.

    *Bretschneider, Emil Bretschneider (1833–1901) médecin, sinologue germano-baltes qui étudia en Estonie avant d'exercer pour le compte de la légation russe à Pékin de 1866 jusqu'en 1883.
    A la mission de l'église orthodoxe, il découvre une riche et vaste bibliothèque, où il s'initie entre autre à la botanique au travers d'anciens ouvrages chinois.
    On lui doit le premier ouvrage sur la flore chinoise 'Early European researches into the flora of China' (American Presbyterian Mission Press, Shanghai - 1881). Il fut le correspondant et membre de l'Académie française
    Bunge, abréviation botanique pour le botaniste russe Alexander Andrejewitch von Bunge (Kiev 1803 - 1890) il enseigne en Estonie à l'université de Dorpat, il étudie la flore du désert de Gobi (Mongolie), celle de la Sibérie occidentale (Montagne de l'Altaï) la Flora altaica de 1932 et 1936, il vécut à Pékin vers 1930.
    *Edo, Au Japon la période Edo va de 1603 à 1867, Edo est le nom d'un hameau perdu dans la plaine de Mussashi appartenant à une famille de guerriers du même nom qui y fit construire un château autour duquel se développe une agglomération, c'est le Shogunat des Tokugawa qui ferme le Japon aux influences étrangères, les européens sont expulsés et le christianisme est réprimé, lorsque l'ère Tokugawa prend fin Edo est rebaptisée Tokyo, consulter cette période sur herodote.net.
    *Miq., abréviation botanique pour le zoologiste-botaniste néerlandais (d'origine allemande) Friedrich Anton Wilhelm Miquel (1811-1871), A partir de 1835, il occupe durant 11 ans la fonction de Directeur du jardin botanique de Rotterdam, 13 ans plus tard de celui d'Utrecht jusqu'en 1871 tout en dirigeant à partir de 1862 le Rijksherbarium de Leyde. Les botanistes et les collecteurs lui adressent pour ses jardins de nouvelles plantes depuis l'Australie et des comptoirs et possessions néerlandaises. Membre de l'Académie royale des sciences de Suède.
    On lui doit plusieurs monographies notamment sur les Cactaceae publiée en 1839, les Cycadaceae en 1842, Les Palmiers de l'Archipels indien et 'Flora Indiae batavae' 1855-1859, édité à Amsterdam.
    *Naudin, le biologiste français Charles Victor Naudin (1815-1899), il participe à une revue Horticole et il est l' auteur : 'Le Manuel de l'Amateur des Jardins' en collaboration avec le botaniste franco-belge Joseph Decaisne (1807-1882), un traité général d'horticulture en 4 volumes, éditeur Firmin-Didot frères - 1862-1874, Paris.
    natacha mauric© 05/10/2010 ® Jardin! L'Encyclopédie
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