Deutzia gracilis - Deutzie effilé, grêle
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    Deutzia gracilis
    Nom commun : Deutzie effilé ainsi nommé dans le bulletin de la Société royale linéenne de Bruxelle (1867), Deutzie grêle, Deutzie gracieux, nommé en japonais 'Ao himeu tsugi' et par les anglophones 'Japanese snow flower, Dwarf Deutzia, Slender deutzia'.
    Nom latin : Deutzia gracilis Sieb.* & Zucc.*, synonymes retenus après révision en mars 2012, Deutzia gracilis subsp. gracilis, Deutzia gracilis var. latifolia Nakai*, Deutzia gracilis var. macrantha Makino*, Deutzia gracilis var. nagurai Makin, I>Deutzia gracilis f. pilifera Honda, Deutzia nagurai (Makino) Makino
    famille : Hydrangeaceae.
    catégorie : arbuste.
    port : touffu, dressé, étalé aux branches arquées.
    feuillage : caduc, vert franc, clair presque glabre, à marge finement dentelée. Feuilles opposées, acuminées, oblongues-lancéolées de 3 à 7 cm de long.
    floraison : durant au moins deux semaines sur le bois de l'année, abondante, parfumée au printemps, courant mai-juin jusqu'en juillet, selon climat, nectarifère, visitée par de nombreux insectes, pollinisée entre autres par les abeilles et les bourdons.
    Thyrses de minuscules fleurs étoilées de 4 mm à cinq pétales ovales à elliptiques, faiblement pubérulents sur le revers, une dizaine de très courtes étamines et 4 styles, dans un calice à cinq courts sépales deltoïdes.
    couleur : d'un blanc pur, étamines blanches saillantes, anthères d'un éclatant jaune d'or, calice aux tépales d'un vert chartreux ainsi que les pédicelles et la rafle.
    croissance : moyenne.
    fruits : si elle a lieu, des globuleux de plus ou moins 4 mm de diamètre.
    hauteur : environ 1.20 m, avec un étalement avoisinant 1.50 m.
    plantation : à l'automne ou en hiver, en prenant soin de bien lui laisser de la place et d'avoir son aspect pleureur.
    multiplication : par boutures à talon de tiges semi-ligneuses à la fin de l'été, autrefois également par marcotte, mais nettement plus lente et par semis à l'étouffée vers la fin de l'hiver, puis, patienter au moins 3 mois.
    sol : profond, riche, frais, humide, mais bien drainé, il supporte le calcaire, mais il n'aime ni la sécheresse, ni les sols détrempés.
    emplacement : soleil, mi-ombre, à l'abri des vents violents pour protéger sa floraison.
    zone : 5-9, U-K hardiness H6, USDA zones 5a-8b. Tolère aisément jusqu'à -20 °C, mais il est peu adapté à la sécheresse et craint le stress hydrique.
    origine : dans les hautes montagnes du Japon méridional, au nord de l'île de Honshû, dans l'ancienne province de Mikawa, qui située dans la préfecture de Yamagata et celle de Bichû, dans la préfecture d'Okayama, selon les observations du botaniste T.Makino* dans sa Flora of Japan en déc. 1913.
    Introduit en Europe par le naturaliste Franz Philipp von Siebold en 1845, via les établissements de Leide aux Pays-Bas. Il en fait d'ailleurs la description dans les premières pages du volume 1 de la Flora Japonica publiée en 1835 et précise qu'il l'avait reçue vivante depuis ces hautes montagnes et qu'elle prospérait fort bien au jardin botanique de la factorie hollandaise de Dezima.
    entretien : juste penser à bien arroser les premiers étés. La taille s'effectue immédiatement après la floraison et rabattre les vieilles branches tous les trois ans. Si cette taille est trop tardive, elle risque de supprimer le développement des boutons floraux pour la floraison de l'année suivante.
    maladies et ravageurs : exempt de ravageurs, peut être sensible à l'Armillaire couleur de miel Armillaria mellea (honey fungus).
    NB : le genre Deutzia a été dédié par Carl Peter Thunberg* au juriste et sénateur hollandais Johann van der Deutz (1743-1784), bourgmestre de la ville d'Amsterdam. Son mécène et protecteur qui finance ses expéditions au Cap, à Java, en Indes et au Japon, et selon Siebold qui note dans sa Flora japonica : "Mais le savant naturaliste n'en décrivit que l'espèce la plus commune au Japon, Deutzia scabra, et il parait qu'il l'a confondue encore, surtout dans le dessin, avec une autre espèce, notre Deutzia crenata". Son nom spécifique gracilis signifie grêle, mince ou gracieux.
    Le premier du genre à être introduit en Europe est le Deutzia crenata, au cours de l'année 1833, mais c'est le gracilis qui fera sa réputation auprès des horticulteurs de l'époque, car c'était un arbuste capable de fleurir à l'ombre.
    Les premiers hybrides ont été créés par le pépiniériste Nancéen Victor Lemoine*, qui fut, avec son fils Émile, les spécialistes des hybridations du genre Deutzia.
    Dans la Flora japonica, rapporte Siebold*, qu'au Japon, vers la fin de l'été, les feuilles rudes au toucher étaient récoltées pour servir de lissoir et de polissoir aux ébénistes à la place de la prêle.
    Ce genre comprenait 157 noms d'espèces référencés. Après révision en mars 2012, seulement 72 espèces ont été retenues, ayant 61 autres noms pour synonymes et 24 autres demeurent non résolus. Selon les flores, il comprend entre 50, 63 ou 72 espèces de petits arbustes caducs, deux d'entre eux sont originaires du Mexique et tous les autres sont originaires de l'est de l'Asie, en zone tempérée, dont trois d'entre eux originaires de Taïwan, 2 du Pakistan, et 41 endémiques au nord de la Chine, principalement dans la chaîne de l'Himalaya.
    Vous pouvez en découvrir une fort belle collection, au Jardin botanique national de Belgique, à Meise.
    Il a sa place dans les massifs, les bordures et les rocailles, ainsi que dans la composition de petites haies libres, simples ou doubles, en mélange avec des persistants ou non.
    Parmi les cultivars, citons :

    • Deutzia gracilis Chardonnay Pearl® ou Deutzia gracilis 'Duncan' obtention américain de 2005 60 à 90 cm pour un étalement de plus ou moins 90 cm, port dressé, évasé et arqué sous le poids au moment de la floraison, se distingue par un feuillage lancéolé à dents de scie tirant sur le jaune vert citron (jaune lime) puis un vert chartreux et une abondante floraison en grappes blanches parfumées selon climat de la fin avril jusqu'en juin..

    • Deutzia gracilis 'Dippon', une obtention japonaise qui se distingue par un port plus étalé, 1 m en tout sens avec courant juin-juillet, une abondante floraison blanche de petites fleurs étoilées aux pétales recurvés.

    • Deutzia gracilis 'Ilana', 1,20 m en tous sens, avec une floraison blanche parfumée au printemps.

    • Deutzia gracilis 'Nikko', une obtention japonaise commercialisée par certains sous l'appellation Deuztia crenata Nikko ou Deutzia crenata var. nakaiana Nikkon, variété naine de 50 à 60 cm, en tous sens, au port compact, prostré, retombant, à croissance lente, floraison blanche fin avril-mai-juin avec un calice vert rosâtre et des pédicelles d'un rose soutenu. Un feuillage lancéolé, vert foncé, framboisé, pourpré à l'automne.
      Il est recherché pour être utilisé en couvre-sol ou cultivé dans des potées, tolère jusqu'à -15 ° C. Des photos sur Powo - kew.org.

    • Deutzia gracilis 'Nana', ne dépasse pas 1 m, feuillage assez acide, forme une touffe évasée et arquée sous le poids de la floraison blanche qui s'étale d'avril jusqu'en mai. Recherché pour être utilisé en couvre-sol dans les rocailles et les petits jardins..

    • Deutzia gracilis 'Rosea', une ancienne obtention de 1900, au port vigoureux, dressé et ramifié, une floraison dans les tons de rose pâle au revers nettement plus foncé, avec des pédicelles framboisées.

      Elle sera à l'origine de plusieurs obtentions de petite taille, développer par le professeur Thomas G. Ranney* du Department of Horticultural Science · North Carolina State University · Mountain Horticultural Crops Research & Extension Center. La série Deutzia x rosea Yuki Cherry Blossom®, ne dépassant pas 50 cm, au port vraiment compact en boule dense.

      Une floraison d'avril à mai dans plusieurs tons de rose. Pour les potées et les petits jardins. Dans la même série 'Snowflake', à floraison blanche.

    • Deutzia gracilis 'Venusta', une ancienne obtention de 1900, proposée maintenant sous Deutzia rosea x Venusta', issue du croisement Deutzia gracilis et l'asiatique Deutzia purpurascens des contreforts du Tibet. 0.50 à 1 m, une ancienne obtention proposée déjà en 1900, une variété naine avec des panicules pyramidales de fleurs d'un blanc pur, les fleurs individuelles ressemblant à une azalée en miniature à floraison blanche.

    • Deutzia x lemoinei unv hybride issue de croisement entre Deutzia gracilis avec le robuste chinois Deutzia parviflora* (Deutzie à petites fleurs -1835). Un rustique arbuste de 1.50 à 2 m, au port érigé et évasé, avec une floraison à petites fleurs étoilées, non parfumées,courant mai-juin. Plus rustique que les autres adaptés en zone 4.

      Au printemps 1900, à son sujet, il était décrit :
      "Ce deutzia rustique est l'une des plus importantes parmi les nouvelles introductions. Les fleurs sont près des deux tiers plus longues que celles du célèbre Deutzia gracilis. Les grandes fleurs ouvertes sont portées en capitules pyramidaux, sont de couleur blanc pur et couvrent la plante densément. Ce deutzia a attiré l'attention partout où il a été présenté. 50 cents." Dans le catalogue intitulé "A summary of all the most desireable novelties : A summary of all the most desireable novelties.." - Spring of 1900 - Henry G. Gilbert Nursery and Seed Trade Catalog Collection. Providence Seed Company à Rhode Island.

    Dans l'abécédaire, consulter la liste des autres espèces, présentes dans l'Encyclopédie.

    Annotations :
    *Bunge, abréviation botanique pour le botaniste russe Alexander Andrejewitch von Bunge (Kiev 1803-1890), il enseigne en Estonie à l'université de Dorpat, il étudie la flore du désert de Gobi (Mongolie), celle de la Sibérie occidentale (montagne de l'Altaï), qui sera suivi de la publication de 1932 à 1936, de Flora altaica. Il vécut à Pékin vers 1930.

    *Deutzia parviflora Bunge* (1833), synonymes retenus, Deutzia corymbosa var. parviflora (Bunge) CKSchneid. (1905), Deutzia parviflora var. micrantha (Angl.) Rehder (1924), décrit tardivement en 1935, originaire des zones tempérées du sud de l'Extrême-Orient russe, depuis la Mongolie-Intérieure et la Mandchourie, jusqu'au sud-est et au centre de la Chine ainsi qu'en Corée.

    *Dezima, c'est M de Siebold qui annonce dans une lettre adressée en 1829 au président de l'Académie de Bonn, que le gouvernement hollandais venait de fonder à Dezima au Japon un jardin botanique qui possède déjà plus de mille plantes de Chine, des îles Liu-kiu, Jezo, Seghalien et de Corée, et qui pourra devenir pour l'Europe une nouvelle source de richesse de parterre. On y a fondé un monument en l'honneur des voyageurs Kaempfer et Thunberg. source Bulletin des sciences naturelles et de géologie, Volumes 22-23 de 1830.

    *Lemoine horticulteur, obtenteur Nancéien de renom Victor Lemoine (1823-1911), fondateur de la Maison Lemoine en 1848, qui fut par la suite, en 1870, l'un des premiers à s'intéresser aux lilas Syringa, et avec son fils Émile, ils ont créé, les premiers hybrides de Deutzia, le spécialiste des hybridations des genres Syringa, Philadelphus et des Weigela.
    Et dans la presse, en 1900, il était écrit : Ce deutzia rustique est l'une des plus importantes parmi les nouvelles introductions. Les fleurs sont près des deux tiers plus longues que celles du célèbre Deuztia gracilis. Les grandes fleurs ouvertes sont portées en capitules pyramidaux et d'un blanc pur, recouvrant la plante densément. Ce deutzia a attiré l'attention partout où il a été présenté.

    *Nakai, abréviation botanique pour le botaniste taxonomiste japonais Takenoshin Nakai (1882-1952), il travaille pour le compte du gouvernement et il effectue de nombreux séjours en Corée. Il enseigne la taxonomie à l'Université impériale de Tokyo. On lui doit de nombreux ouvrages, dont 'Flora Sylvatica Koreana', éditée de 1916 à 1936, ainsi qu'en 1927 'Lespedeza of Japan and Korea'.

    *Makino, abréviation botanique pour le botaniste, taxonomiste japonais Tomitarö Makino (1862 - 1957), le père de la botanique japonaise, qui fait paraître, à l'âge de 25 ans le magazine de botanique de Tokyo, qui est toujours édité. Il enseigne à l'Université de Tokyo et publie en 1940, 'Flora of Japan' l'ouvrage de référence.
    Sur l'île de Shikoku, à Kochi, sa ville natale, est créé en 1958 The Makino botanical garden dédié aux espèces japonaises locales. Il s'y trouve un laboratoire de recherche et un musée dans lequel sont exposées, ses oeuvres.

    *Ranney, professeur Thomas G. Ranney au Centre de recherche sur les cultures horticoles de montagne du Département des sciences horticoles de l'Université d'État de Caroline du Nord (Department of Horticultural Science · North Carolina State University - Mountain Horticultural Crops Research & Extension Center), qui en 2024 a aidé les producteurs de plantes ornementales à se rétablir après le passage d'Hélène, qui a traversé l'ouest de la Caroline du Nord, fin septembre, détruisant des centaines de milliers de plants. Une grande partie de la production horticole provient de pépinières de plein champ. La Caroline du Nord se classe au cinquième rang national.

    *Sieb., abréviation botanique Sieb., médecin et naturaliste bavarois Philipp Franz Balthazar von Siebold (1796-1866), demeurant au Japon de 1823 jusqu'en 1830, on lui doit l'introduction en Europe de fort nombreuses nouvelles plantes d'origine japonaises, auteur de la très célèbre Flora japonica, en collaboration avec J.G Zuccarini* qui fut publiée entre 1835 et 1870, en 30 volumes avec des illustrations d'artistes japonais tels que Keiga Kawahara, descriptions et dessins, sont consultables sur le site de l'Université de Kyoto.

    *Thunberg., botaniste, naturaliste, explorateur suédois Carl Peter Thunberg (1743- 1822), à qui l'on doit la publication de Flora japonica en 1784, suivie de Flora capensis (1807-1812) ; un genre riche de 200 espèces lui a été dédié Thunbergia et 261 espèces et sous-espèces sous la forme thunbergii.

    *Zuccarini, abréviation botanique pour le botaniste allemand Joseph Gerhard Zuccharini (1797-1848) qui collabore avec le médecin naturaliste bavarois Philipp Franz Balthazar von Siebold (1796-1866), les auteurs de la très célèbre Flora japonica, publiée entre 1835-1870, en 30 volumes, avec des illustrations d'artistes japonais tel que Keiga Kawahara (1786-1786), descriptions et dessins consultables sur le site de l'Université de Kyoto.
    On leur doit l'introduction en Europe, via les établissements de Leide aux Pays-Bas, de nombreuses espèces de la flore japonaise, dont les premiers Hydrangea japonais entre 1860 et 1861.
    natacha mauric© 29/02/2000 ® Jardin! L'Encyclopédie





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