Cydonia oblonga - Cognassier, Pommier de Cydon
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    Cydonia oblonga fleurs
    Catherine Baral © Démons et Merveilles
    Nom commun : Cognassier, Coignassier, Coing, Pommier de Cydon, appelé régionalement Cognier, Coudin, Coudon, Coudinier, Coudounier, Cognassi, Cognasse, Cougnasse, Cointi, Codonh, Codonhiè, en Languedoc Coudoun et par les anglophones 'Quince'.
    Nom latin : Cydonia oblonga Mill*, synonymes Cydonia vulgaris Pers.*, Cydonia pyriformis Medik.*, Cydonia europaea Savi, Cydonia lobata Bosc, Cydonia sumboshia Buch-Hamilt., Cydonia umbato M. Roemer, Pyrus cydonia L.
    famille : Rosaceae.
    catégorie : arbuste à ramification courbe assez basse, à l'écorce d'un brun-grisâtre couverte de lenticelles, les jeunes rameaux sont velus et d'un brun foncé.
    port : trapu, tortueux, évasé, étalé à cime irrégulièrement arrondie.
    feuillage : caduc, gaufré, vert amande, revers blanc argenté et tomenteux. Feuilles stipulées, alternes de 6 à 10 cm x4 à 6 cm, simples, ovales- oblongues, brièvement pétiolées à marge ondulée, les feuilles souvent légèrement repliées.
    floraison : au début du printemps (fin avril-mai, selon climat) parfumée, nectarifère, visitée et pollinisée par les abeilles.
    En cime, sur les rameaux de l'année, fleurs hermaphrodites, solitaires de 5 à 7 cm, en coupe évasée à 5 larges pétales suborbiculaires à marge irrégulière et ondulée, 20 étamines. Calice tomenteux et glanduleux persistant, à 5 sépales lancéolés, retroussés contre le pédoncule.
    couleur : blanc pur ou base du pétale blanc puis veiné et lavé de rose, les étamines sont d'un rose plus foncé, des anthères jaunes et les boutons floraux sont d'un rose soutenu.
    fruits : appelés coings,autrefois nommés pommes de Cydon. des fruits pyriformes, côtelés, charnus à pépins, au sommet ombiliqué, conservant les vestiges des sépales, peau jaune légèrement duveteuse, lorsqu'ils parviennent à maturité, à l'automne courant octobre-novembre, selon la variété, ils sont parfumés.
    Un coing peut aisément peser plus d'un kilo, il peut se conserver une bonne partie de l'hiver tout en embaumant l'atmosphère ambiante.
    croissance : vraiment lente.
    hauteur : 2 à 8 m pour un étalement d'environ 2 à 3 m.
    plantation : à l'automne ou au début de l'hiver, en situation abritée des vents violents et des gelées printanières, en lui laissant suffisamment de place pour son développement, en basses-tiges entre 3 et 4 m.
    multiplication : par semis, bouturage de tiges aoûtées, racines ou rejets, par marcottage ou à la fin de l'hiver par greffage de préférence sur des cognassiers francs ou sur une aubépine Crataegus laevigata.
    Il est lui-même couramment utilisé comme porte-greffe pour certaines variétés de poirier, car il y a quelques cas d'incompatibilité comme c'est le cas, avec le poirier Williams.
    sol : léger, enrichi et frais, de préférence silico-argileux ou faiblement calcaire.
    emplacement : soleil ou mi-ombre, partiellement ensoleillé, au moins 6 heures.
    zone : 5b-10, U-K hardiness H5, USDA zones 4b-9b, tolère aisément -25 °C, pour une bonne culture et fructification, une température annuelle minimale avoisinant les 7 °C est souhaitable, il est parfaitement adapté à la pollution atmosphérique et une fois bien installé, il résiste assez bien à la sécheresse.
    origine : sud-ouest de l'Asie Mineure dont l'Iran, dans les Balkans en l'Anatolie, Turkménistan, Transcaucasie (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan), cultivé et naturalisé depuis l'Antiquité, en Europe méridionale et sur le pourtour du bassin méditerranéen.
    entretien : les deux premières années après la plantation, arroser régulièrement, il ne requière pas d'entretien comme les autres fruitiers, juste supprimer les rejets et le bois mort.
    maladies et ravageurs : il peut être visité par les pucerons (aphids). Comme les pommiers et les poiriers, il peut être sujet à la tavelure Venturia inaequalis qui provoque l'apparition de taches noirâtres sur les fruits et le feuillage.
    Le pourrissement prématuré des jeunes fruits avec des traces blanchâtres est dû à un champignon appelé moniliose Monilia linhartiana, et il peut être aussi sujet à l'entomosporiose Entomosporium maculatum qui provoque des taches brunes et la chute du feuillage.
    Comme bien des rosacées, il peut subir les attaques du feu bactérien* qui engendre le noircissement et le dépérissement des fleurs, des feuilles et des jeunes pousses, suivis de l'apparition de chancres, il est alors recommandé de couper entièrement les parties atteintes et de les brûler.
    NB : c'est la seul espèce du genre, dont le nom générique Cydonia vient du grec 'kûdonia mala', en latin 'malus cotoneum' qui désigne les pommes de Cydon ou Cydonia (Kydonia) qui était l'ancien nom de l'actuelle La Canée, une ville située sur une colline, au nord-ouest de la Crète, ville donnant sur un golfe portant le même nom.
    C'est cette même 'Pomme de Cydon' ou 'Pomme d'or' que l'on trouvait dans le fabuleux jardin des Hespérides.
    Chez les Grecs, Vénus, déesse de la beauté, était représentée, tenant un coing dans sa main, car il était le symbole de la beauté, de l'amour et de la fécondité et la tradition voulait que les jeunes mariées consomment un coing avant de pénétrer dans la chambre nuptiale.
    Le cognassier à sa place au verger, palisser ou non, au jardin, il peut être utilisé en sujet isolé, entrer dans la composition de massifs arbustifs, de haies libres ou simplement cultivé dans de grandes potées, il est couramment traité sous forme de bonsaï.
    Propriétés et utilisations :
    Les coings à chair jaune dure et âpre sont riches en tanins, en fibres et en pectines (peau et pépins), en vitamines A, B1, B2 et C, en minéraux et oligo-éléments (calcium, fer, magnésium, phosphore et potassium, ..), ils sont très peu caloriques et ne se consomment qu'après cuisson, utilisés pour la confection de confitures, marmelades, gelées simples ou mélangées à des baies de sureau, à des noix, pâtes de fruits, clafoutis, compotes en mélange avec des pommes, cuits dans du vin rouge, tartes ou tourtes, soufflés, ou simplement cuits au four comme les pommes et pour confectionner le célèbre cotignac orléanais, confits au miel dans du raisiné.
    Comme en Orient, ils peuvent être cuisinés comme légume, entrer dans la composition de ragoûts de viande, le Khoreche Beh en Perse, coings à l'agneau, en Turquie - Ayvali yahni un ragoût aux oignons et coings, au Maroc, le tajine coings au veau et au miel ou encore dans les soupes, servis en accompagnement avec les couscous, les volailles rôties, le foie gras ou encore dans des terrines.
    Le coing entre dans la confection de boissons fermentées, sirops (jus de coing et sureau), apéritifs, eau-de-vie, liqueurs, ratafias et vins,..
    Les pépins sont riches en pectines, huile et mucilages, il est déconseillé de les consommer tels que ou de les écraser avant utilisation, car ils contiennent, comme les amandes amères, de l'amygdaloside, qui, durant la digestion, libère du cyanure, une substance toxique, mais ils sont couramment utilisés pour gélifier les préparations culinaires.
    Pépins qui ont des propriétés anti-inflammatoire, antispasmodique, adoucissante et émolliente, connues des pharmacopées traditionnelles qui les utilisaient en décoction pour soigner plaies, brûlures, conjonctivite, eczéma, gerçures (lèvres, seins), oedèmes et pour traiter les infections vaginales (leucorrhée) ou encore pour soigner un cuir chevelu trop sec, au 19e siècle, les coiffeurs les utilisaient pour préparer de la bandoline, l'ancêtre de la gomina.
    Coings En cosmétologie et dans l'industrie pharmaceutique, ils entrent dans la composition de collyres ophtalmiques, crèmes dermiques ou préparations pour soigner les hémorroïdes.
    L'écorce riche en tanins, à des propriétés fébrifuges, propriétés que l'on retrouve dans le feuillage que l'on utilisait aussi autrefois en infusion pour traiter les inflammations respiratoires et la toux.
    Le coing a des propriétés adoucissante, anti diarrhéique, astringente, apéritive, digestive et tonique, nos grands-mères le prescrivaient pour traiter les vomissements et les diarrhées, il est évident, qu'une consommation excessive, est déconseillée aux personnes ayant des problèmes de transit intestinaux, puisqu'il a tendance à constiper.
    Son bois blond, veiné de blond plus clair, dégage une odeur très agréable, il est toujours recherché par les ébénistes pour la marqueterie, et par les luthiers.
    Parmi les cultivars citons :
    - Cydonia 'Champion', une ancienne obtention au port bien ramifié dressé, grandes feuilles, gros fruits à chair tendre et juteuse, très parfumée, peau de couleur jaune recouverte d'un duvet grisâtre, conseillé pour confectionner les pâtes de coing.
    - Cydonia 'Le Bourgeaut', commercialisé aussi sous 'Le Bourgeaud', au port vigoureux, dressé, aux larges feuilles, fruits de taille moyenne, d'un jaune doré, d'une excellente productivité.
    - Cydonia 'Leskovacz' au port buissonnant, petites feuilles, fruits parfumés de taille moyenne d'un jaune-verdâtre, avantage il n'est pas sensible à la tavelure mais il n'est pas autofertile.
    - Cydonia 'Coing du Portugal', aux fruits très durs d'un jaune doré mais très parfumé, à réserver pour la confection de gelées et de boissons.
    - Cydonia 'Constantinople', aux gros fruits très parfumés.
    - Cydonia 'Crimée', 'Crimea', d'origine transcaucasienne, de petite taille, gros fruits ronds à chair très juteux au parfum acidulé rappelant un peu celui de l'ananas.
    - Cydonia 'Kuganskaya', d'origine transcaucasienne, au port érigé, fruits parfum"s à chair tendre, excellent à utiliser comme légume.
    - Cydonia 'Rea's Mammoth' au port érigé, à gros fruits jaune doré délicatement parfumé, excellente conservation dans le temps.
    - Cydonia 'Smyrna' ou 'Smyrne', aux coings recherchés pour son excellente conservation et leur chair jaune très parfumée.
    - Cydonia 'Vranja, commercialisé aussi sous 'Géant de Vranja' ou 'Monstrueux de Vranja', au port évasé, semi-érigé, à de grandes feuilles, de gros fruits parfumés d'un beau jaune doré, à la peau très fine, très productif, excellente conservation.

    Dans l'abécédaire, consulter la liste des autres espèces de cognassier présents dans l'Encyclopédie.

    Noël provençal :
    Lors de la veillée de Noël les familles provençales, avant la messe de minuit, se réunissaient autour de la table pour consommer le Gros souper composé essentiellement de plats maigres, suivi en signe d'opulence d'une abondance de desserts des douceurs de saison et qui proviennent majoritairement du terroir qui doivent rester trois jours durant sur la table; en prenant soin de mettre un part de côté et de laisser toutes les nuits sur la table les miettes de pain et de gâteaux pour nourrir les petites âmes des morts (les armeto en provençal) sans oublier à la fin du repas de relever les 4 coins de la nappe pour protéger les armeto des mauvais esprits.
    C'est en 1683 que l'on trouve la première allusion aux traditions dans les interrogations de Polihore et les réponses de Philopatris : XIV. Le soir de Noël nous mettons sur ces nappes 13 pains, dont l'un, qu'on appelle le pain de notre Seigneur, est plus gros que tous les autres, qui nous représentent les douze Apôtres" page 228 à 248 dans Explication des usages et coustumes des Marseillois. Tome I, ar Mre François Marchetti, prêtre de l'église de Marseille, consultable en ligne à la BnF-Gallica.
    Dans le texte, il s'agit de 3 nappes et de la bûche de Noël (de No) apportée en criant : "Calene ven, tout ben ven: Calene ven, tout ben ven" ( page 233) et le plus âgé de la famille s'avançait pour la bénir en versant du vin dessus, en disant 'Au nom dau Père et dau Fils et dau sant Esperit', puis il y mettait le feu', après avoir brûlée trois jours et trois nuits étaient répandues dans les étables pour protéger le bétail des mauvais génies et des maladies.
    De nos jours, en Provence les listes des 13 desserts (Calénos) divergent selon qu'elle soit marseillaise ou aixoise mais invariablement il y a une base commune :
    - Les quatre mythiques mendiants, les pachichòis en provençal qui sont les amandes, les figues, les amandes, les noix et les raisins secs
    - Les deux nougats, le nougat noir, le nougat du pauvre ou nougat des Capucins juste au miel de Provence et aux amandes, le nougat blanc aux noisettes, pignons de pin et pistaches et la pompe à l’huile d'olive et à la fleur d'oranger, c'est celle qui dans la crèche est portée par le pistachier, le fada de la pastorale provençale; la pompe à l'huile qu'il ne faut pas couper car l'on se retrouverait ruiné l'année suivante, que l'on doit rompre comme Jésus a rompu le pain avant de le donner aux disciples. Cette fraction de la galette de pain est un geste ancestral accompli par les pères de famille dans de nombreuses civilisations.
    Ensuite on peut y retrouver les fruits de saison ('les sobres) à commencé par les dattes qui sont le symbole de Jésus venu d’Orient, le raisin muscat, les pommes (de paradis), ou les poires, les oranges à défaut les mandarines qui sont un signe de richesse, le melon vert de fin de saison, le verdau présent dans la crèche traditionnelle, la pâte de coing et les calissons d'Aix en Provence.
    La symbolique du chiffre 13 est religieuse elle fait référence à Jésus et ses 12 apôtres et c'est seulement en 1925 dans un numéro spécial de Noël du journal local La Pignato que le félibrige provençal Joseph Fallen* énumère un inventaire de 13 desserts.
    Tous les convives doivent goûter un peu de tout pour s'assurer pour la nouvelle année une bonne fortune.
    La signification religieuse des quatre mendiants :
    Ce sont des ordres religieux catholiques et apostoliques qui avaient fait voeu de pauvreté, ne vivant que de leurs aumônes journalières, ce sont les ordres mendiants.
    Les amandes symbolisent les Carmélites
    Les figues sèches, symbolisent les Franciscains ou les frères mineurs.
    Les noix ou noisettes symbolisent les Augustins
    Les raisins secs, qui représentent les Dominicains, frères prêcheurs.

    Annotations :
    *Joseph Fallen, le docteur Joseph Fallen (1863- 1934), un médecin poète provençal au pseudonyme Joùselet de Garlaban*, qui est originaire d'Aubagne, lire sa biographie.

    *Feu bactérien : les autres espèces qui y sont sensibles, les Chaenomeles, Cotoneaster, Malus, les néfliers : Mespilus et Eriobotrya, les Pyracantha, Photinia, Pyrus et Sorbus.
    *Garlaban, célèbre massif de la Provence d'antan, celle de Marcel Pagnol qui domine la ville d'Aubagne.

    *Medik., abréviation botanique pour le médecin-botaniste allemand Friedrich Kasimir Medikus (1736-1808), fut directeur des jardins de Schwetzingen et de Mannheim, on lui doit de nombreux travaux sur les Apocynées, Asclépiadées et Malvacées et sur les champignons.
    Il fait paraître en 1771, l'Index plantarum Horti electoralis Manhemiensis', en 1786 'Theodora speciosa ein neues Pflanzengeschlecht' BNf Gallica puis entre autre 'Philosophische Botanik mit kritischen Bemerkungen' (Botanique philosophique avec des remarques critiques) édité en allemand (1789 -Mannheim), consultable à la BNf Gallica et pour finir en 1800 un essai sur la culture des végétaux exotiques, qui renferme, en outre, un catalogue de tous ses travaux.

    *Mill., abréviation botanique pour le jardinier, botaniste écossais Philip Miller (1691-1771), qui fut nommé en surintendant en chef du Jardin botanique de Chelsea (Apothecaries’ Garden 1673), l'un des plus anciens jardins botaniques aujourd'hui connu sous Chelsea Physic Garden à Londres.
    On lui doit la référence pour les jardiniers du 18e siècle 'The Gardener's Dictionary' du jardin de Chelsea, édité à Londres 1755-1760, illustré de nombreuses gravures de Ehret, Lancake et John Miller. Dans ce vieux jardin botanique il y cultive de nouvelles espèces comme l'Arum d'Éthiopie.

    *Pers., abréviation botanique pour le botaniste, mycologue sud-africain Christiaan Hendrik Persoon (1761-1836), d'origine allemano-néerlandais, fondateur de la systématique en mycologie. Son herbier, racheté en 1825, a été inclus à l'Herbier national des Pays-Bas conservé à Leyde.
    natacha mauric © 23/06/2000 ® Jardin! L'Encyclopédie
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