Xanthoceras sorbifolium  - Xanthocère à feuilles de Sorbier
Portail de Jardin! L'Encyclopédie


    Xanthoceras sorbifolium
    Nom commun : Xanthocère à feuilles de Sorbier, nommé au chinois 'wén guân guo*, wén guân guö shù' Bois jaune et par les anglophones 'Goldenhorn, Yellowhorn, Chinese flowering chestnut', en hongrois 'Sárgaszarv, kínai gesztenyének' (corne jaune, châtaignier chinois)
    Nom latin : Xanthoceras sorbifolium Bunge* (1834), pas de synonyme retenu.
    famille : Sapindaceae*.
    catégorie : un arbuste ou petit arbre oléagineux à l'écorce rugueuse d'un gris-brun se fissurant avec les ans longitudinalement, aux racines charnues, épaisses de couleur jaune. D'une longue durée de vie pouvant dépasser les 300 ans
    port : dressé, étalé, adulte, avec une cime arrondie et des rameaux d'un brun pourpré, sont dressés en V vers le ciel
    feuillage : caduc, vert acide pour les nouvelles feuilles, puis d'un vert foncé lustré, au revers plus clair et avec une nervure médiane plus claire. Le tout virant au jaune orangé à l'automne.
    De grandes feuilles imparipennées de 15 à 30 cm, composées de 13-15 à 17 folioles de 6 x 2 cm, alternes, ovales-lancéolées à marge en dents de scie et pourvues d'un court pétiole.
    floraison : abondante et longue, une vingtaine de jours selon le climat, de la fin avril jusqu'au début mai (dans leur habitat naturel, dans les régions les plus au sud, dès les mois de mars et d'avril), parfumée et nectarifère, visitée entre autres par les abeilles.
    De denses panicules axillaires et dressées de ± 20 à 25 cm, de petites fleurs étoilées acuminées, à cinq étroits pétales imbriqués, souvent retroussés à marge ondulée et aux nervures fortement marquées, donnant un aspect froissé et fripé, avec huit étamines dans un calice aux sépales tomenteux.
    Celles en cime sont mâles et stériles, celles qui sont en partie basse sont bisexuées, mais pas sur la même inflorescence. Il a besoin de chaleur pour fleurir.
    couleur : blanche avec un onglet rouge pourpré à rouge orangé avec des tons plus pâles vers la cime, onglet qui se prolonge par des trois griffures allant jusqu'à mi-pétales, des étamines jaunes. Des boutons floraux ovoïdes blanc-jaune dans un calice d'un vert chartreux.
    fruits : entre juillet et août, des capsules rugueuses et globuleuses ou pyriformes (schizocarpes) de 4 à 6 cm. Déhiscentes et vertes, virant au brun à maturité, vers la fin de l'automne, formées de trois loges à double compartiment, ayant à l'intérieur une épaisse couche de matière blanche et spongieuse, protégeant chacune, deux rangées de huit graines comestibles, comprimées et ovoïdes de 1 cm, jaune virant au marron, brun très foncé à brun violacé avec un hile réniforme et beige. Des fruits demeurant en place une grande partie de l'hiver.
    Les graines récoltées et séchées, avant d'être plantées, doivent être conservées au réfrigérateur entre -2 et 2°C durant deux à trois mois. Certains vont jusqu'à les conserver pendant quatre à six mois. Le but de cette technique est de briser la dormance des graines et d’augmenter ainsi leur taux de germination.
    La période de fructification maximale pour la production de graines est entre 5 et 7 ans.
    croissance : lente au début, puis moyenne, voire rapide, si les conditions sont requises, contrairement à ce qui se raconte.
    hauteur : 2 à 5 m et plus, dans son habitat naturel.
    plantation : en hiver, en lui laissant de la place pour son développement.
    multiplication : principalement par semis à l'automne à 4 cm de profondeur guère plus, en ayant pris le soin de faire tremper les graines auparavant durant 5 à 6 heures dans une eau maintenue à température entre 20 et 25°C, pour augmenter le taux de germination des graines, dont l'enveloppe noire est coriace.
    Les sécher et les mettre dans un sac en plastique avec du papier absorbant qui sera maintenu humide. Tous les deux ou trois jours, vérifier si les graines commencent à germer, récupérer et semer dans des godets à 4 cm de profondeur, celles qui sont prêtes, attention à la fonte des semis. Compter entre 7 et 12 jours pour la levée, dès que les pousses ont atteint entre 5 et 10 cm, les transplanter à nouveau ou par bouturage de racines au printemps. Pour obtenir la première floraison et fructification, il faut patienter trois ou quatre ans.
    sol : tous, même sablonneux, mais fertile, riche en matière organique, profond, et bien drainé, tolère le calcaire.
    emplacement : soleil ou mi-ombre légère, à l'abri du gel et des gelées printanières pour préserver les boutons floraux, près ou contre un mur. Bien choisir son emplacement, car son enracinement est profond.
    zone : 6-10 U-K hardiness H=6, USDA zone 2a-6b. Bonne tolérance au froid - 40° C et à la chaleur jusqu'à 40° C et de longues périodes de sécheresse.
    origine : jusqu'à 2200 m d'altitude, sur les versants rocheux, dans la région autonome de la Mongolie-intérieure, en Corée, au nord-ouest et est de la Chine centrale, dans la longue province du Gansu, du Ningxia (contre la Mongolie) et celle du Shaanxi, au nord-est des provinces du Hénan et de l'Anhui. Aujourd'hui largement répandu sur le territoire et de longue date introduit en Ouzbékistan ; consulter la carte.
    C'est le botaniste Alexander von Bunge qui le découvre et le collecte, dans la région de Pékin en 1930 sur le parcours qu'il avait entrepris depuis Saint-Pétersbourg. C'est l'ancien directeur des jardins botaniques royaux de Kew, Joseph Hooker* qui en fait la description en 1887 et d'ailleurs, un beau spécimen peut y être vu à Kew gardens sur la pelouse près du Conservatoire de la Princesse de Galle (the Princess of Wales Conservatory) ainsi que dans le Surrey au RHS Wisley Gardens près de Ripley ou voir des photos sur kew.org ou sur tout les angles dans Flickr.
    Introduit en Europe au cours de l'année 1868, avec des graines et des spécimens vivants adressés au Jardin des Plantes de Paris par le père David*, botaniste et missionnaire français depuis l'Asie.
    entretien : ne pas oublier de l'arroser sans excès, prévoir un bon paillis pour conserver le substrat frais les deux premières années avec un apport d'engrais organique chaque année et le laisser vivre en paix, il ne requiert pas de taille.
    Xanthoceras sorbifolium
    Xanthocère à feuilles de Sorbier
    maladies et parasites : surveiller l'écorce, car il est sensible aux maladies cryptogamiques comme la maladie du corail Nectria cinnabarina (champignon), il est conseillé de couper les parties atteintes et de les brûler.
    NB son nom Xanthoceras vient du grec 'xanthos' qui signifie jaune et 'kéros' qui signifie corne, faisant référence à celles des pièces florales, son nom spécifique sorbifolium ou sorbifolia à feuilles de sorbier pour nous indiquer la similarité entre les deux espèces. C'est un arbuste très particulier, à la floraison remarquable, mais peu utilisé dans les jardins en Europe.
    Ce genre ne comprend qu'une seule espèce qui croit dans certaines régions arides aux sols salin-alcalins. On peut le découvrir dans les cours de certains temples lamas et surtout cultivé sur des hectares dans la province du Shaanxi où sont installés les centres de recherche pour améliorer les variétés fruitières.
    L'engouement des paysans est tel que le prix des graines en un an a été multiplié par sept en 2012. En Chine, il est régulièrement planté lors des campagnes de reboisements, notamment pour fixer les sols en zone désertique ainsi que dans les zones urbaines.
    Son nom chinois de wén guân guö qui peut se traduire par le fils de l'empereur, est le nom donné au fruit lorsqu'il est mûr et entrouvert. Il ressemble beaucoup au chapeau porté par les anciens fonctionnaires, d'où le nom 'Weiguanguo', qui est un homonyme de 'fruit du fonctionnaire'. Les graines comestibles contiennent une grande quantité d’acides gras insaturés.
    Propriétés et utilisations :
    De tout temps, en Chine c'est une espèce d'arbre précieuse dans la nature. Les graines du Xanthocère sont consommées telles que, elles ont un goût de noix sucrée et une valeur nutritionnelle élevée. Elles peuvent être consommées, salées et confites ou frites après les avoir rincées sous l'eau ou encore après les avoir fait tremper dans une eau salée pendant quelques heures, avant de les faire cuire lentement et à sec dans une poêle à frire. Pour les déguster, il suffit de les décortiquer, leur goût est paraît-il délicieux assez similaire à celui des noix, jamais goûtés !
    Traditionnellement, dans les campagnes chinoises, les gens utilisent les feuilles pour faire du thé et ces dernières années, l'industrie alimentaire, confectionnent des boissons à base de ce thé de feuilles et/ou aromatisées avec des fruits.
    Théoriquement, en 2003, son utilisation dans la pharmacopée traditionnelle a été interdite, bien qu'il soit réputé dans la médecine traditionnelle chinoise avoir des propriétés analgésiques et anti-inflammatoires, autrefois prescrit, pour traiter l'énurésie chez les enfants, l'hypertension artérielle et les rhumatismes notamment en usage externe sous forme d'onguent, et pour prévenir l'hyperlipidémie*.
    Les graines ont une teneur en huile élevée comprise entre 50 et 70% selon la provenance. Elles donnent une huile comestible, riche en acides gras insaturés (94%), acide oléique et linoléique, utilisée dans l'alimentation, dans la confection de savons et de crèmes nourrissantes et antioxydantes. Cette huile entre dans la composition de lubrifiants et de peintures à l'huile. Durant des siècles, elle était destinée à allumer les lampes bouddhistes dans les temples et ce n'est que bien plus tardivement que l'on a découvert qu'elle était comestible. Par la suite, comme huile de cuisson dont la valeur nutritionnelle est très élevée. Sa teneur en acides gras insaturés est supérieure à l'huile d'olive, de plus, c'est une huile dorée qui se conserve longtemps.
    Le feuillage entre dans la composition de biocarburant, le bois est utilisé en ébénisterie pour confectionner des meubles et l'écorce est recherchée pour ses tanins.

    Annotations :
    *Bunge abréviation botanique pour le botaniste russe, Alexander Andrejewitch von Bunge (Kiev 1803-1890) qui enseigne en Estonie à l'université de Dorpat. Il étudie la flore du désert de Gobi (en Mongolie), celle de la Sibérie occidentale (montagne de l'Altaï) et il publie Flora altaica de 1932 à 1936, et vécut à Pékin vers 1930.

    *père David, missionnaire-naturaliste français Jean-Pierre Armand David (1826-1900), qui fut l'un des quatre missionnaires collecteurs (Abbé Delavay*, G.Farges et J.A. Soulié), qui firent parvenir à Adrien Franchet* de nouvelles espèces chinoises. Un genre lui a été dédié, Davidia qu'il découvrît à l'ouest du Séchouan, ou des espèces comme la Clématite armandii.
    En 2018, dans le 6e arrondissement de Paris a été réaménagé par la ville, un fort calme et caché jardin de 500 m² : le jardin du Père-Armand-David au 90 rue du Cherche-Midi qui appartient depuis 1817 à la Congrégation de la Mission des Lazaristes.

    *Darwin, Charles Darwin* (1809-1882) à bord du HMS Beagle, bateau de la Royal Navy transformé en bateau de recherche, qui le 27 décembre 1931, prend le départ pour sa deuxième campagne, vers la Patagonie et la Terre de feu, un tour du monde de 5 ans, sous le commandement du vice-amiral, Robert Fitz Roy (1805-1865), également hydrographe en charge de mission de cartographier les côtes de l'Amérique du Sud.
    Lire le journal (The Voyage of the Beagle, 1839), la traduction d'Ed. Barbier de 1875 est consultable à la Bnf.

    Xanthoceras sorbifolium
    maturité vers la fin septembre
    C'est à bord de ce trois-mâts britannique que Darwin entreprend ses recherches, sur la faune, la flore, la géologie et les fossiles, échafaudant les bases de sa théorie sur l'évolution perpétuelle des espèces vivantes, le phénomène de sélection naturelle, et que l'homme et toutes les espèces descendent d’un ou de plusieurs ancêtres communs et non des créations divines.
    Il effectue des relevés, en 1834, à travers les forêts pluviales tempérées et les tourbières de l'archipel de Chiloé*, puis, en 1835, sur les côtes de la Patagonie et, en septembre 1835, il séjourne aux îles Galápagos, y observant les ressemblances, les différences et les changements sur les pinsons des Galápagos, qui se sont transformés au cours du temps (évolution) et que ceux qu'il observe ne sont plus de la même espèce que ceux, observés sur la côte de l'Équateur située en face, à 600 milles (965 km), constatant des changements d'une population à l'autre dans la forme du bec et dans leur taille, donnant in fine 13 ou 14 espèces de pinsons*, nommés plus tard le pinson de Darwin.

    Après un tour du monde de cinq ans, le 31 décembre 1838, il s'installe dans le quartier universitaire de Londres, à côté du British Museum et se plonge dans la rédaction de son imposant ouvrage, qu'il publie en novembre 1859, sa réponse aux questions qui préoccupaient les naturalistes de son époque et qui sera source de polémiques et controverses : 'L'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la survie', la traduction de 1873, par Jean-Jacques Moulinié, Bnf ou celle d'Edmond Barbier en 1876, Bnf.
    Lire 'Charles Darwin, de l'origine d'une théorie', publiée dans le journal du CNRS, n° 227 de décembre 2008.
    Lire : L’évolution darwinienne, la biodiversité et les humains, consulter le pdf FRB de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, créée en 2008.
    Écouter sur France Culture, l'émission sur Darwin et sa théorie des espèces, du dimanche 26 août 2018, podcast, de 1 heure.
    Lire : Les trois voyages du HMS Beagle, carnet de voyage, à consulter sur le Figaro nautisme, publié le 22 août 2016.
    Pour certains biologistes, cette évolution et la sélection naturelle a un 'codécouvreur' en la personne d'un autre explorateur britannique, l'anthropologue, biologiste et naturaliste Alfred Russel Wallace (1823-1913), lire ens-lyon sur Planet-Terre par Cyril Langlois, publié le 22 octobre 2015 - Préparation à l'agrégation SV-STU.

    *Hooker, le botaniste-explorateur britannique, Joseph Dalton Hooker (1817-1911), l'un des plus grands botanistes du 19e siècle, l'ami de Charles Darwin* qui, dès 1839, participe à des expéditions vers l'Antarctique, la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande, par la suite en 1847, il se rend dans l'Himalaya vers les confins de l'Inde et au Népal.
    Il effectue des séjours à Madère, en Afrique du Sud, dans l'Antarctique, au cours desquels il collecte de nouvelles espèces pour le Royal Botanical Garden de Kew.
    En 1847, il devient membre de la Royal Society et à partir de 1855, il est nommé assistant du directeur du jardin botanique de Kew, 10 ans plus tard, il en devient le directeur de 1865 à 1885.
    Il fait paraître au retour de ses expéditions, en 1852 : Botany of the Antarctic Voyage Flora Novae Zelandiae en 2 volumes et de 1849 à 1851, l'ouvrage de référence sur les Rhododendrons du Sikkim-Himalaya en 3 volumes.
    On lui doit également de nombreuses flores des pays visités, la plus célèbre réside dans les 7 volumes de 'Flora of British India' (1872-1897). Aabréviation botanique officielle : Hook.f.

    *hyperlipidémie, c'est le fait d'avoir un taux élevé de lipides dans le sang (un excès de substances graisseuses), dont les cholestérols. Un taux supérieur à celui recommandé, qui favorise le développement de l’athérosclérose et des risques pour le système cardiovasculaire. Dépistage du cholestérol par des analyses de sang.

    *Sapindaceae même famille que le Cardiospermum, le Koelreuteria, le Litchi et le Sapindus.
    natacha mauric © 17/08/2000 ® Jardin! L'Encyclopédie
    natacha mauric©17/08/2000 - ® par la Société des Gens de Lettres - ® Jardin! L'Encyclopédie - Conformément aux conventions internationales relatives à la propriété intellectuelle, la reproduction électronique avec mise à la disposition du public et/ou l'exploitation commerciale sont expressément interdites ® Jardin! L'Encyclopédie.




compteur de visite pour site